Vivre et assumer, au quotidien, sa sexualité librement quand on est homosexuel, pas toujours facile, même aujourd'hui. Un chemin encore semé d'embûches, petites et grandes. De satisfactions, aussi. Portait d'une femme "Libre" du XXIeme siècle.
A la cinquantaine passée Evelyne Chenoun assume, aujourd'hui, parfaitement ses choix de vie. Manager dans le secteur bancaire, elle ne fait pas de prosélytisme, mais ne cache pas non plus son orientation sexuelle. Oui, elle est lesbienne. Oui, elle est amoureuse d'une femme. Même qu'elle partage sa vie avec elle depuis plus de 20 ans. Oui, elles élèvent ensemble leur fille. Et alors !
Moi je ne revendique pas d'être gay. Je revendique de ne pas être discriminée. je revendique de pouvoir vivre comme tout le monde. Voilà c'est juste ça !
Moi je ne veux pas être tolérée. Je veux juste exister !
Voilà qui est dit ! Sans véhémence. Sans agressivité. Mais avec détermination. Faut dire, qu'à première vu, elle en impose Evelyne. Non pas, qu'elle n'ait pas l'air commode, mais on sent bien qu'il ne faut pas trop la chatouiller.
Et pourtant ! Les premières minutes d'interwiew passées, il y a comme quelque chose qui va mieux. La distance qu'elle met entre elle et le monde qui l'entoure s'efface. Pas des barrières, non. Juste une petite distance qui fait comprendre que c'est ainsi et pas autrement.
Peu à peu les traits de son visage semblent se détendre. Une infinie douceur émane de sa personne quand elle raconte. Quand elle se raconte. Quand elle se souvient.Même avec toute l'expérience d'une vie, c'est pas si simple de dire qu'on est homosexuel. Ça reste un sujet !
Dans les années 90, elle faisait du volley. A un bon niveau national même. A cette époque, elle n'aurait jamais osé dire, "j'ai une petite copine". Beaucoup de ses amies lui parlaient de leurs petits copains, de leurs histoires de coeur. Pas elle. Elle n'osait pas. Elle avait peur. Dans son monde de sportif, ça se disait encore moins !
Beaucoup de sportifs cachent leur orientation sexuelle. Je peux comprendre, mais ça m'attriste.
Quelques années plus tard, elle devient coach d'une équipe de filles au volley, jusqu'en 95. Là encore, pas question de dire quoi que se soit. "Vous imaginez. Je n'aurais jamais pu supporter le regard questionnant des parents. Quand il y avait des compétitions, nous partions au moins deux jours...".
Ce n'est qu'en 1996, quand elle rencontre la femme de sa vie, qu'elle ose dire à ses amis, qu'elle aime une femme. Puis, c'est au tour de sa famille.
C'est toujours compliqué à dire. Même aujourd'hui, il faut passer le pas ! Le premier c'est la famille.
Aujourd'hui, Evelyne se sent presque une femme libre. "Presque" parce ce qu'en fait, elle a l'impression qu'elle ne l'est pas totalement. Qu'il est toujours, et encore, "pas évident" de vivre comme on l'entend.
"Quand j'ai vu les inscriptions sur la rue dans le quartier du marais de Paris -LGBT hors de France- ça m'a vraiment mise en colère. J'étais choquée.
La société veut bien de mes impôts, mais je n'ai pas les mêmes droits que les familles hétérosexuelles. Vous trouvez ça normal vous ?
"Je n'ai rien a demander à personne pour définir mes choix de vie. C'est comme ça. Et ma sexualité n'appartient qu'à moi. C'est ma vie privée et ça ne me définit pas. C'est une partie de moi et c'est tout".
Alors forcement, quand je lui demande si elle est heureuse de la tenue des Gays Games en France, bien sur qu'elle est heureuse.
Pour elle, les Gay Games ce sont les jeux de la diversité. Ce sont "les jeux pour lutter contre la discrimination et toutes les autres discriminations. C'est ça qui fait que ça va être une grande fête. La fête de la liberté". Et elle est émue, quand elle prononce ces paroles. Et elle est émue, quand elle évoque le partage, la bienveillance, pas la bienveillance à la guimauve, la Vraie Bienveillance.
Chacun ses spécificités. On s'en fout qu'on soit un homme, une femme. On s'en fout de la race, de la religion, de l'orientation sexuelle. C'est juste être bien. Vivre ensemble.
Alors bien évidement Evelyne s'est inscrite aux Gay Games. Mieux, elle a oeuvré et aidé à l'organisation des jeux de Paris. Et elle en est fière.
Bons jeux Madame.