Avec le confinement, les violences conjugales se sont accrues. Hébergements d'urgence pour les victimes, chambres d'hôtel pour conjoint violent ou "points d'accompagnements éphémères". Les associations ou le gouvernement se mobilisent pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Depuis la mise en place du confinement le 17 mars dernier, les violences conjugales ou au sein de la famille sont en nette augmentation. Selon le ministère de l'Intérieur, les interventions des policiers pour violences conjugales ont augmenté de 36% dans la zone de la préfecture de police de Paris et de 32 % en zone gendarmerie.
« Depuis le week-end dernier, nous avons une recrudescence des demandes d’aide de femmes qui souhaitent se mettre en sécurité. Leur situation s’aggrave », confie Brigitte Chabert, présidente de l’Union régionale Solidarité Femmes (URSF IDF), contactée par téléphone. « La situation de confinement rajoute du danger et multiplie les risques de passages à l’acte », alerte Ernestine Ronai, responsable départemental de l’Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis, interviewée par téléphone.
Avec le confinement, difficile d’échapper à son agresseur.
« Les femmes sont confinées chez elle avec leur conjoint violent, pas possible d'appeler le 17, police secours ou le 39 39, le numéro d'écoute des femmes victimes de violences conjugales » explique Ernestine Ronai, la responsable de l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis et « il est plus difficile pour elles de se signaler », explique-t-elle.
Les initiatives gouvernementales et associatives pour aider les femmes victimes de violences conjugales se multiplient. La secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a annoncé samedi l'installation de "points d'accompagnement éphémères" dans des centres commerciaux pour accueillir les victimes de violences conjugales, dont les déplacements sont limités et la prise en charge rendue compliquée. Les pharmacies sont également des points d'accueil.Actions #ViolencesConjugales #confinement
— ?? MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) March 28, 2020
✅Points d’accompagnement des femmes en face d’hypermarchés @urw_group
✅Arrêter la cohabition via 20000 nuits d’hôtel en +
✅1Million € de l’Etat pour aider les associations
✅Mission d’évaluation MIPROFhttps://t.co/Psefv2Lavv
Des chambres d’hôtels pour isoler un conjoint violent en Seine-saint-Denis
En Seine-Saint Denis, pour assurer la sécurité des femmes victimes, le conseil département en lien avec le tribunal de Bobigny, a décidé depuis lundi dernier de financer des chambres d'hôtel dans lesquelles les conjoints violents seront contraints de rester sur décision de justice.Dans la période de confinement, pour qu' une femme ait plus de chance d'être en sécurité, il faut évincer l'homme violent du domicile explique Ernestine Ronai. « La décohabitation est absolument nécessaire », poursuit-elle."C'est beaucoup plus compliqué pour une femme de partir avec ses enfants à l'hôtel, il n’y a pas de possibilité de faire à manger, pas de jouets pour les enfants.", et de poursuivre, "avec ces 10 premières chambres d'hôtel, le conseil départemental a amorcé la pompe. On a pris les devants et on espère que cette mesure sera suivie partout en France »
Le Haut conseil à l‘égalité entre les femmes et les hommes, HCE, a également appelé à soutenir ce type d’initiative. Dans un communiqué, le HCE rappelle « qu'aucune mise en sécurité des victimes n'est possible sans organiser la décohabitation entre l'agresseur et la victime. Pour garantir une décohabitation rapide, il est indispensable et urgent de réserver des places d'hôtel pour les violents conjugaux. Il importe de cibler prioritairement l'éviction des conjoints violents et le HCE estime que 500 places d'hôtel sont nécessaires, en ce sens, pour le mois d'avril au niveau national. Sur la base d'un coût moyen de la nuitée de 40 euros, le financement est donc de 600 000 euros pour le seul mois d'avril. »
"Toutes solidaires" : 70 places d’hébergement ouvrent aujourd'hui en Île-de-France
Confinées, elles aussi, les associations ont plus de mal à répondre aux demandes des victimes a constaté la Fondation des Femmes. « Pour faire face à l’accroissement des appels au secours pendant le confinement , nous avons lancé le dispositif Toutes solidaires », explique Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des Femmes, jointe par téléphone, « les associations doivent avoir plus de moyens financiers, plus d'outils numériques pour le télétravail, comme des ordinateurs, des téléphones portable. Il leur faut également des places d’hébergement d’urgence. Nous avons recensé leurs besoins, trouver des partenariats et des fonds, puis nous redistribuons aux associations en fonctions de leurs besoin ».
Des particuliers, des entreprises privées ou publiques soutiennent cette initiative. Le groupe d'assurances mutualistes, Covéa a apporté une aide financière de 500.000 euros, la société d’investissement en immobilier, Gecina a mis à disposition des logements au sein de résidences en Île-de-France, Accor s'est propsée de mettre à disposition des chambres d’hôtels sur tout le territoire. "Des dons de particuliers ont permis également de collecter près de 90 000 euros", poursuit Anne-Cécile Mailfert.
Ces femmes n’avaient pas prévu de partir, leur départ a été parfois brutal. Elles n’ont pas préparé leurs valises
L’Union régionale solidarité femmes en IDF, composé de 13 associations franciliennes, coordonne le dispositif et la mise en sécurité des femmes. Pour Brigitte Chabert, sa présidente, il y a de plus en plus de situations d’urgence. « Grâce à Toutes solidaires, nous allons mettre en sécurité des femmes, et leur donner le minimum vital. De quoi se nourrir, se laver, un téléphone. Ses femmes n’avaient pas prévu de partir, leur départ a été parfois brutal. Elles n’ont pas préparé leurs valises ». Une aide juridique et administrative et un suivi psychologique leur seront également proposés.
►Pour lutter contre les violences faites aux femmes, le dispositif Toutes Solidaires mis en place par la Fondation des femmes poursuit son appel aux dons.
►Il existe également en France une plateforme, arrêtonslesviolences.gouv.fr sur laquelle 24h/24, 7 jours/7, des policiers et des gendarmes formés prennent des signalements et peuvent déclencher des interventions en cas de violences conjugales.
►le 3919 : centre d'appels et d'écoute gratuit et anoyme
►le 17 : police secours
Dans ce tweet, le centre Hubertine Auclert recense tous les dispositifs et les structures d'accueil en Île-de-France qui viennent en aide aux femmes victimes de violences conjugales.
Chaque jour, de nombreuses structures se mobilisent pour venir en aide aux femmes victimes de #ViolencesConjugales pendant le #confinement. Le @CentreHubertine met à jour quotidiennement sa page les répertoriant. ? À retrouver et partager ici : https://t.co/2G7vmtZnPw pic.twitter.com/JwG1MJGYkB
— Femmes-Hommes IDF (@CentreHubertine) April 1, 2020