Henri Cartier-Bresson à Paris, un flâneur entre deux rives

"Revoir Paris" à travers les photos d’Henri Cartier-Bresson, c'est le thème de l'exposition organisée au musée Carnavalet à Paris pour sa réouverture le 29 mai dernier.

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"Le photographe est surtout connu pour des photos prises à l'étranger; à Carnavalet, ce que l'on présente c'est la production parisienne". A travers cinq photos, Anne de Mondenard, commissaire d'exposition du musée Carnavalet nous raconte l'importance de Paris dans la vie et l'œuvre de Cartier-Bresson, l'un des plus grands photographes français du XXe siècle.

Paris comme port d’attache. "C'est dans cette ville que Cartier-Bresson a expérimenté la photographie", explique-t-elle en débutant la visite. "Il la parcourra jusqu’à la fin de sa vie, en photos mais aussi dans les dernières années en reprenant la pratique du dessin".

Influence artistique. "Il avait l'habitude de dire que Paris était une marmite", poursuit-elle. "Il a étudié la peinture dans l'atelier d'André Lhote et c'est là qu'il a développé un vrai goût pour la géométrie. A peu près à la même époque, il rencontre les Surréalistes et il retient du surréalisme l'idée du hasard et de l'inconscient". "Son talent ensuite, c'est d'avoir associé tout ça et de réussir à faire une chose un peu étrange : composer des images sur le vif".

1. Place de l'Europe, derrière la gare Saint-Lazare, 1932

C'est son premier chef-d'œuvre, commente Anne de Mondenard. "Cette photo, a été faite au Leica à Paris en 1932. C'est une image qui concentre tout ce qu'il est capable de faire", souligne-t-elle. "Elle marque son goût pour la géométrie et il arrive à saisir quelque chose qui, dans une fraction de seconde, est assez exceptionnel".

Pour faire cette image, raconte-t-elle, "Henri Cartier-Bresson, s'était placé derrière une sorte de palissade et comme il a un sens de l'anticipation énorme, il a vu ce qui allait se passer. A ce moment-là, il a déclenché". Un homme saute par-dessus son propre reflet dans l'eau. "Le dédoublement de cet homme, qui saute au-dessus d'une flaque est appuyé par l'image de l'affiche au second plan, sur laquelle on voit quelqu'un qui esquisse le même geste", précise-t-elle.

2. Dimanche sur les bords de Seine près de Juvisy-sur-Orge, 1938

Pour l'hebdomadaire "Regards", l'un des premiers magazines communistes à avoir donné une place prédominante aux reportages photographiques, il fait plusieurs reportages, dont un reportage sur les loisirs sur les bords de Seine en 1938, qu'il signe avec Georges Sadoul.

En définitive, cette photo, "Regards" ne l'a pas publiée dans son reportage, explique la commissaire de l'exposition. "Sur les bandes de négatifs, elle est à côté de celle qui a été publiée, une photo de paysage, qui plante juste le décor".

Cette image, il va la présenter au Musée d'art moderne de New-York en 1947 pour sa première rétrospective aux États-Unis. Elle fait le tour du monde. Elle est devenue une icône des congés payés. "Sur ce cliché, on voit des gens de dos qui pique-niquent, installés au bord de l'eau. On a longtemps écrit qu'il s'agissait des bords de Marne, mais en fait c'est une espèce de retenue d'eau sur la Seine près de Juvisy-sur-Orge dans l'Essonne. Elle a aussi souvent été datée de 1936", sourit-elle.

3. Sous le métro aérien, boulevard de la Chapelle, 1951

Pour Anne de Mondenard, c'est cette image qui permet d'expliquer le titre de l'exposition "Revoir Paris". Quand Henri Cartier-Bresson fait cette photo, explique-t-elle, il a été absent de Paris depuis trois ans. "Il a voyagé en Asie pour l'agence Magnum qu'il a crée en 1947 avec ses amis Robert Capa et David Seymour, et en 1951, lorsqu'il rentre chez lui, il revient trainer dans les coins qu'il a arpentés depuis les années 30. Il redécouvre sa ville". "Sur ce cliché, on le retrouve dans l'est Parisien, boulevard de la Chapelle. Il voit cette géométrie dans le paysage et il y inscrit ces figures au premier plan de façon assez virtuose, je trouve". "On regarde cette image et je ne sais pas si on s'étonne qu'il n'y ait pas une seule voiture", s'amuse-t-elle.

4. Alberto Giacometti rue d’Alésia, Paris, 1961

En 1962, Cartier-Bresson commence à publier dans le magazine "Vogue". Il fait les portraits de Jean Genet, de Jean-Marie Le Clézio et de son épouse à la terrasse d’un café, d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre. La particularité de ces photos, c'est qu'elles semblent avoir été prises à leur insu, comme si il avait rencontré ces hommes et ces femmes par hasard dans la rue.

C'est aussi en 1962, que le magazine américain "Queen" reproduit les deux fameux portraits d’Alberto Giacometti pris sur le vif. Cette photo illustre à la fois l'obsession du sculpteur pour la figure de l’homme qui marche et celle du photographe parisien pour le mouvement.

"Cette photo d'Alberto Giacometti qui traverse la rue d'Alésia dans le 14e arrondissement sous la pluie, ce n'est pas une séance de prise de vue organisée", souligne Anne de Mondenard. "Giacometti, c'est quelqu'un que Cartier-Bresson connait bien, qu'il voit très souvent". "Je trouve cette image assez incroyable. Il devait être avec lui, il fait trois pas devant et il fait cette photo !".

5. Jardin des Tuileries, 1974 

Dans la dernière partie de sa vie, Henri Cartier-Bresson va dessiner le Muséum national d'histoire naturelle et ses squelettes immobiles ainsi que le jardin des Tuileries qu'il peut contempler en toute saison depuis la fenêtre de chez lui.

"En 1974, il fait cette photo du jardin des Tuileries, de la fenêtre de son appartement situé rue de Rivoli. Il a toujours son Leica, qui n'est évidemment plus celui de 1931, mais il a toujours son appareil au poing". A 64 ans, poursuit Anne de Mondenard, après avoir annoncé qu’il arrêtait la photographie, Cartier-Bresson demande à l’artiste Sam Szafran de lui donner des cours de dessin, estimant que "la photo est une action, le dessin une méditation". Cartier-Bresson se pose enfin dans sa ville.

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