La présidente de la région Île-de-France et candidate de la droite à la présidentielle a fait adopter ce mercredi un amendement pour financer notamment l'armement létal des polices municipales. L'opposition de gauche dénonce un "coup de force".
Valérie Pécresse, présidente (Libres, ex-LR) de la région Ile-de-France et candidate pour mener la droite à la présidentielle, a fait adopter ce mercredi un amendement pour financer notamment l'armement létal des polices municipales, l'opposition de gauche fustigeant un "coup de force". "Il a été décidé de soutenir les maires décidant d'armer leurs polices municipales", a expliqué Frédéric Péchenard, vice-président chargé de la sécurité et ancien directeur de la police nationale de Nicolas Sarkozy, lors de l'examen en commission permanente, qui vote aides et subventions, de la dernière levée du "bouclier de sécurité" mis en place par Mme Pécresse depuis 2016.
L'amendement intègre "l'armement prévu aux articles R 511-12 et suivants du code de sécurité intérieure", qui comprend les révolvers chambrés pour le calibre 38 spécial ou le 357 magnum, les armes de poings ou à feu d'épaule, les pistolets à impulsion électrique, dans les "équipements de protection et de défense" pouvant faire l'objet d'une subvention.
Un amendement "totalement inacceptable"
Le groupe communiste a dénoncé un amendement envoyé à "00h16" la nuit précédant sa présentation. "Valérie Pécresse impose, sans débat ni passage en commission, une mesure inédite qui ne relève pourtant pas des compétences de la Région", souligne-t-il. "C'est un amendement totalement inacceptable sans au moins un débat démocratique" en assemblée plénière, a déclaré Ghislaine Senée, présidente du groupe écologiste. Même Wallerand de Saint-Just (RN), favorable à l'armement létal des policiers municipaux, a critiqué une discussion "au débotté et à brûle-pourpoint".
Vincent Jeanbrun, chef du groupe LR, Libres! et divers droite, a lui critiqué la maire PS de Paris Anne Hidalgo, dont la future police municipale ne disposera pas d'arme létale. "On peut faire le choix, comme Mme Hidalgo, (...) de demander à des agents de police municipale de risquer leur vie sans la capacité de se défendre", a dit M. Jeanbrun, entraînant une réaction de Jean-Marc Germain, conseiller régional PS et époux de la candidate à la présidentielle. "Ce n'est pas parce qu'on dit ce qu'on pense sur votre épouse qu'il faut m'interrompre", a ajouté M. Jeanbrun, s'attirant les foudres de l'opposition.
"Je pense à nos collègues de Montrouge, à Clarissa Jean-Philippe (policière municipale tuée par Amedy Coulibaly en janvier 2015, NDLR) dont les collègues auraient pu peut-être la sauver s'ils avaient été armés", a encore argué M. Jeanbrun. Mettant de côté "les attaques personnelles", M. Germain lui a répondu en appelant "à un peu de dignité dans la suite des débats sur la sécurité". "La situation et la réponse peuvent varier d'une commune à une autre", a fait valoir l'élu socialiste, défendant une "répartition de la nature des interventions" entre polices nationale et municipale spécifique à Paris.