A la demande du conseil régional d’Île-de-France, le centre Hubertine Auclert a présenté aujourd’hui devant les élus franciliens un rapport sur l'inceste. Objectif : mettre en place une politique régionale de lutte contre cette violence notamment dans les lycées.
Hasard du calendrier ou non, le jour même où la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) rapporte ses premières conclusions au ministère de la Santé, le centre Hubertine Auclert a dévoilé aux élus du conseil régional ses préconisations pour lutter contre l'inceste notamment dans les lycées franciliens.
1 personne sur 10 victime d’inceste
Pour le centre Hubertine Auclert, un centre de ressources pour l'égalité femmes hommes associé à la région Île-de-France, le constat est alarmant.
-1 personne sur 10 est ou a été victime d’inceste selon une enquête de l’IFOP.
-Les violences sexuelles subies dans l’enfance se déroulent majoritairement dans la famille selon le rapport CIASE 2021, et une enquête de l'INSERM.
-La moitié de ces violences a commencé avant 11 ans.
-Le risque d’inceste est d’environ 4 à 6 fois plus élevé chez les filles et l’agresseur est un homme dans 9 cas sur 10 selon le rapport VIRAGE publié en 2015.
-1 personne victime d’inceste sur 2 en parle.
A la demande de la région, le centre Hubertine Auclert a donc présenté un rapport intitulé EVA, "Ensemble, Vaincre l’inceste et s’en Affranchir"
"L’agression sexuelle ou le viol d’une enfant au sein de sa famille est une violence si grande qu’on préfère ne pas y penser. Notre devoir collectif est de la regarder en face, et de protéger nos enfants avec des politiques publiques efficaces contre l’inceste", affirme Marie-Pierre Badré, présidente du Centre Hubertine Auclert.
Et de poursuivre : "Au-delà des chiffres, notre soucis est de faire de la prévention. Notre rapport va permettre à la région Île-de-France de prendre des dispositions pour informer notamment les élèves des lycées, une des prérogatives du conseil régional."
Des propos confirmés par Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, "avec ce rapport, nous avons de solides bases afin de poursuivre le travail engagé par la Région depuis 2019, et renforcer la politique régionale en matière de lutte contre les violences faites aux enfants. Il servira d’outil aux professionnel·les de la petite enfance, et à tous ceux qui interviennent auprès des jeunes, notamment sur le volet police-justice et dans les lycées. »
Les préconisations du rapport EVA
"Il s'agit tout d'abord de mieux connaître ce phénomène dans notre région en engageant des études de grande ampleur", expose la directrice du centre Hubertine Auclert qui souhaite également mettre en réseau tous les acteurs associatifs et institutionnels qui luttent contre l'inceste.
"L’acte deux de nos préconisations, c’est le repérage et la protection des lycéens en généralisant les actions de prévention dans les lycées, en expliquant aux élèves quels sont leurs droits dans ce domaine et en pérennisant les campagnes dans les établissements, lycées et CFA ", poursuit Marie-Pierre Badré.
Elle souhaite également sensibiliser le milieu sportif en imposant "par exemple une conditionnalité des subventions régionales à la mise en place d’une prévention contre l'inceste."
Le rapport EVA souligne également la nécessité d'améliorer l'accueil et l’écoute de la parole des victimes sur le modèle des salles Mélanie (salles qui reçoivent les victimes de violences).
Enfin, "nous avons proposé d'inclure un volet inceste à la journée du 18 novembre qui est une journée européenne pour la protection des enfants", conclut la présidente du centre Hubertine Auclert.
Des priorités partagées par Patrick Loiseleur, le vice-président de l’association Face à l’inceste : "La priorité est aujourd’hui le dépistage. Le président de la République a annoncé deux rendez-vous de dépistage, un en primaire et un au lycée mais cela me semble insuffisant. Il faudrait qu’il y en ait un par an comme cela se fait pour le dépistage du cancer du sein. Il ne faut pas attendre que les signaux d’alerte arrivent."
#IncesteParlonsEn
Une campagne de prévention auprès des jeunes entre 14 et 18 ans a également été lancée par le centre Hubertine Auclert : #IncesteParlonsEn
Quatre affiches, une carte pour trouver de l’aide et un guide pour les personnels éducatifs et enseignants peuvent être commandées gratuitement par tous les établissements scolaires franciliens dès ce 17 novembre.
Une discussion web aura également lieu sur Tiktok et Instagram, avec le hashtag #IncesteParlonsEn.