La baisse du nombre de voitures en Île-de-France, une "tendance de fond"

Le parc automobile recensé en région parisienne a tendance à diminuer selon une étude de l’Atelier parisien d'urbanisme (Apur). Durcissement des règles du contrôle technique, essor du vélo, crise sanitaire… Comment expliquer le phénomène ?

La voiture recule en Île-de-France. Une étude de l’Apur souligne en effet une baisse du nombre d’immatriculations dans notre région. "La nouveauté, c’est de voir que cette tendance à la baisse du nombre de voitures s’exporte au-delà des frontières parisiennes", explique Olivier Richard, directeur d’études à l’Apur.

L’Apur constate une mise en place de ce phénomène depuis 2018 dans la métropole du Grand Paris, et depuis 2019 en Île-de-France. Selon l’association, qui est principalement financée par la Ville de Paris, l’Île-de-France a enregistré fin 2020 environ 8 500 immatriculations de voitures et véhicules utilitaires légers de moins qu’en 2019.

Soit une diminution inférieure à 0,2% : la première région de France compte au total 5,4 millions de voitures pour 12 millions d'habitants. Cette baisse confirme en fait une tendance à la décrue observée depuis 2014, avec une chute de la progression des immatriculations entre 2017 et 2018.

Une tendance déjà bien en place à Paris. Chaque année depuis 2012, la capitale perd en moyenne 3 400 véhicules, soit 0,5% de son parc automobile. Et le phénomène s’accélère, avec 6 000 véhicules de moins en 2019 et 2020.

"Il y a un peu moins de voitures qu’à l’habitude depuis un an à peu près dans la commune", réagit Patrick Ollier (LR), président de la métropole du Grand Paris et maire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), qui fait partie des communes où la baisse du nombre de voitures immatriculées est net. "Vous dire que c’est significatif, non. Mais c’est sensible. Et sur le plan de l’aire métropolitaine, c’est 6 800 véhicules en moins en une année. Ce n’est pas énorme, puisque la métropole du Grand Paris regroupe 131 villes. Mais ça dénote un infléchissement des habitudes d’acquisitions systématiques de véhicules dans la population", estime-t-il.

"Le problème pour nous, c’est de lutter contre la pollution aux particules fines, issues en grande partie de la circulation. La seule solution, c’est de changer la nature des modes de déplacement, avec les vélos mais aussi avec les véhicules électriques ou hybrides. Il faut faire prendre conscience de cette nécessité aux Franciliens et aux métropolitains. Ça prend du temps, il y a de la pédagogie à faire. Petit à petit, on sent une évolution positive", juge Patrick Ollier.

"Le nombre de ménages qui possèdent des véhicules ne cesse de baisser"

D’après l’Apur, cette tendance s’explique avec différents facteurs. "Le premier élément, c’est déjà un durcissement des règles du contrôle technique, qui date de 2018 voire 2019. On passe de 400 à 600 points contrôlés obligatoires. On a aussi des contrôles de pollution sur les véhicules diesel qui sont un peu plus sévères qu'auparavant", analyse Olivier Richard.

"L’autre élément d'explication, c’est l’évolution des alternatives à la voiture, poursuit-il. On est dans une région avec un très bon réseau de transports en commun. On voit aussi en dehors Paris - et c’est très récent - l'émergence du vélo, avec des infrastructures cyclables. On est aussi dans une période de rupture, avec l’avènement du télétravail et de tiers-lieux, qui font qu’on ne va pas aller tous les jours sur son lieu de travail."

L’Apur évoque aussi l'augmentation des frais liés à l'utilisation des véhicules motorisés, comme l’essence ou le prix du stationnement.

Et quels effets a la création des Zones à Faibles Émissions (ZFE) ? "Dur à dire", admet Olivier Richard. "La ZFE concerne aujourd'hui les véhicules relativement anciens, avec les Crit’Air 4 et 5, et les véhicules 'non classés'. On voit par contre qu’avec les prochaines étapes, qui concernent les Crit’Air 3 en 2023, et les Crit’Air 2 en 2024, donc tous les diesel, on s’attaque à une part du gâteau beaucoup plus importante. Avec, donc, un impact beaucoup plus marqué", estime-t-il.

On sent bien une tendance de fond vers la démotorisation

Olivier Richard, directeur d’études à l’Apur

La crise sanitaire depuis 2020 ont également freiné l’achat de nouvelles voitures. De quoi présager d’un effet rebond sur le nombre d’immatriculations à l’avenir ? "On va probablement l’observer cet été avec la livraison de nouvelles données, explique le directeur d’études à l’Apur. Mais en tout cas, on sent bien une tendance de fond vers la démotorisation. On le voit aussi au travers d’indicateurs tels que le taux de motorisation des ménages."

"Le nombre de ménages qui possèdent des véhicules ne cesse de baisser, aussi bien à l’échelle parisienne qu’à l’échelle de la métropole et, c’est nouveau, à l’échelle francilienne aussi", souligne Olivier Richard.

A noter toutefois que les situations varient selon les territoires. L’Apur cite par exemple des secteurs de Seine-Saint-Denis, au Bourget et à Saint-Denis, où le parc automobile continue d'augmenter. Pour expliquer ces différences, l’association évoque la création de nouveaux quartiers avec des hausses de population.

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