Les températures sont descendues jusqu'à -7 degrés dans la nuit de lundi à mardi. La moitié des agriculteurs franciliens seraient impactés par cette vague de froid.
Luc Signolle aura bien essayé de sauver ses cultures, rien n'y a fait tant la vague de froid a été sévère. "Aujourd'hui, c'est 30 à 40% du chiffre d'affaires qui peut être impacté", déplore cet arboriculteur à Lieusaint en Seine-et-Marne.
Comme lui, de nombreux agriculteurs subissent les conséquences de cette vague de froid inédite. "Pour ce qui est de l'arboriculture, tout est perdu. Cela a aussi un gros impact sur les betteraves qui étaient au stage très jeune. La période de froid a été très intense une grosse partie de la nuit et cela a eu le temps de pénétrer dans les tissus végétaux", explique Christophe Dion, chef du service Agronomie à la Chambre d'Agriculture d'Île-de-France. Ils seraient ainsi 50% d' agriculteurs de la région concernés selon lui.
Ce dernier prévient qu'il est encore trop tôt pour connaître l'ensemble des conséquences. "Pour les céréales, il faut plusieurs jours avant qu'is ne deviennent bruns, c'est cela qui nous fait dire qu'ils sont morts. Certaines cultures de céréales comme le blé dur ou les orges de printemps semés à l'automne pourraient être aussi touchées", poursuit-il.
"Je n'ai pas de souvenir d'avoir vu autant de dégâts de gel"
Sur les 500 000 hectares cultivés en Île-de-France, l'arboriculture est très minoritaire : environ 1 000 hectares. Des surfaces dites de grande culture ont aussi été très touchées, en particulier celles de betteraves.
"En grande culture, normalement on n'a que peu d'impacts. Mais là, les conditions du printemps étaient très bonnes pour semer. Il y a eu des semis qui ont été un peu avancés et du coup on tombe à un stade très critique pour la betterave. On estime à 10 000 hectares de touchés en Seine-et-Marne avec des pertes de 50 à 100%", avance Cyrille Milard, président de la FDSEA Seine-et-Marne.
Christophe Dion constate aussi que le phénomène est d'une rare intensité : "Je n'ai pas de souvenir d'avoir vu autant de dégâts de gel. Un épisode de gel où les betteraves sont atteintes à ce point-là, je n'ai jamais vu ça. En arboriculture, on a déjà vu des choses un peu similaires mais plus tard en saison et avec des gelées moins fortes. Mais là, c'est vraiment un épisode très marquant au regard de ce qu'il y a déjà eu".
Peu de moyens de lutte
Face à ces phénomènes, les agriculteurs restent bien démunis. Deux techniques sont à leur disposition : les bougies et l'aspersion. "L'eau doit être à 4-5 degrés. La température extérieur est de moins deux degrés donc l'eau gel petit à petit et en gelant, elle dégage de la chaleur. Cette chaleur on la retrouve autour des bourgeons et sous la glace", explique Luc Signolle qui emploie les deux méthodes.
Il a aussi placé des sortes de réchauds pour sauver sa production mais ces techniques restent peu fréquentes et coûtent cher. Le seul espoir repose donc sur l'indemnisation.
"Certains agriculteurs peuvent être assurés mais ce n'est pas le cas forcément de tout le monde. Pour les arboriculteurs, il y a un processus de calamité qui peut se mettre en œuvre mais ne compense qu'une partie des pertes", explique M. Dion.
En Île-de-France, les fruits de saison seront rares cette année avec un petit espoir de voir des pommes franciliennes à la fin de l'été.