Leur histoire respective est déja celle d'une fusion : au début du 20ème siècle, Issy et Les Moulineaux ont été fusionnées, comme Boulogne et Billancourt. Un siècle plus tard c'est un nouveau mariage qui se prépare. Naîtra, en 2018, un "mastodonte" dont on ignore encore le nom.
Annoncé il y a à peine quatre mois, à la surprise générale car le projet ne figurait dans aucun programme électoral, par André Santini (UDI) et Pierre-Christophe Baguet (LR), respectivement maire d'Issy-les-Moulineaux et maire de Boulogne-Billancourt, le projet de fusion des deux communes entamera sa première étape samedi, en séance de chacun des deux conseils municipaux.
Un mariage du siècle très intéressé
La ville qui sortira de ce mariage aura la taille de villes comme Reims ou le Havre, avec près de 200 000 habitants. Ce sera la 12ème de France, une des plus riches aussi, compte tenu des entreprises et des emplois qu'elles apportent.L'opération constituera une sorte de "mariage du siècle" : jamais communes de cette importance n'ont jusqu'ici fusionné. L'objectif premier d'un tel mariage est extrêmement pragmatique : Issy-les-Moulineaux et Boulogne-Billancourt, solides bastions de droite, veulent d'abord peser au sein de la métropole du Grand Paris et attendent de leur gigantisme réuni de meilleures dotations de l'État.
"On veut être la ville exemplaire du futur. Nos villes sont malmenées, donc on veut réagir", plaide Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne tandis que les deux édiles évoquent "des marges de manoeuvre supplémentaires sur le plan budgétaire, par la rationalisation des services et la réduction des dépenses publiques".
Le projet engendre aussi des craintes. Ainsi, l'ancien maire de Boulogne, chef de file de l'opposition de droite, Pierre-Mathieu Duhamel. s'interroge "Une mutualisation? Il y a déjà une communauté d'agglomération!" et il dénonce "un projet pour convenance personnelle des deux maires".
Et à Issy-les-Moulineaux, ville riche et prospère, le chef de file de l'opposition socialiste, Thomas Puijalon, "sans formuler d'opposition de principe sur la fusion", s'interroge sur la dette de Boulogne, plombée par les retards de l'aménagement de l'île Seguin depuis le départ des usines Renault. "Je suis plus endetté qu'Issy, mais c'est pas dramatique", répond le maire de Boulogne, qui met en avant un désendettement croissant, tombé selon lui "à moins de cinq ans de remboursement".
Pas de consultation
Mais ce qui coince surtout, c'est que le projet est apparu sans aucune consultation. Comme sorti d'un chapeau par les deux élus. "Les conditions pour un référendum, notamment quant au seuil minimal de participation, le rendent quasiment impossible", balaie Pierre-Christophe Baguet.Les socialistes d'Issy, qui font de la non-consultation un casus belli, n'ont pas indiqué dans quel sens ils allaient voter samedi et demandent des garanties. notamment en ce qui concerne la fiscalité, la police municipale, ou les pénalités liées à la trop faible proportion de logements sociaux après fusion.