Réouverture des terrasses à Paris : le casse-tête des cafés et restaurants

Annoncée pour la mi-mai par le gouvernement, la réouverture des terrasses des cafés et restaurants est très attendue par les Parisiens et la profession qui l'accueille dans l'ensemble comme un signe d'espoir. Pour certains, cette reprise partielle a néanmoins des airs de cadeau empoisonné. 

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Les restaurateurs sont suspendus aux arbitrages du gouvernement. Le sujet est si sensible qu’Emmanuel Macron devrait annoncer lui-même les modalités de réouverture des terrasses d’ici à la première semaine de mai.

Six mois de fermeture

"On voit une bouffée d’air qui arrive ! On se dit : enfin ! Vous imaginez, six mois de fermeture ? C’est le bout du tunnel", se réjouit Vincent Deyres, le chef du Bistrot Augustin dans le XIVème arrondissement.

"Les scientifiques ont prouvé qu’on ne risquait quasiment rien. Il faut qu’on ouvre rapidement les terrasses pour pouvoir travailler !" milite Romain Vidal, secrétaire général du GNI Paris-Ile-de-France, le groupement national des indépendants de la restauration.

"Moi, je n’ai pas énormément de places en terrasses… je vais avoir très peu de tables, peut-être de quoi dresser quatorze couverts", tempère Laurent Brenta, patron du restaurant l’Evasion, face à l’église Saint-Augustin dans le VIIIème arrondissement. A l’extérieur de son établissement, sur le trottoir parisien qui longe le boulevard Malesherbes, l’espace est effectivement compté.

Des situations disparates en fonction de la taille des terrasses

Comme lui, de nombreux professionnels s’interrogent : cette réouverture vaut-elle le coup ? "Je ne me plains pas trop : j’ai la chance d’avoir une terrasse, je fais partie des privilégiés", reconnaît Vincent Deyres, ancien chef de la Villa corse qui a ouvert en 2014 rue Daguerre son bistrot avec quarante-deux places en extérieur.

Tout dépend donc de la superficie de terrasse allouée. Car sur ce point, les cafetiers et restaurateurs ne sont pas tous logés à la même enseigne. Ceux qui ne possèdent aucun espace à l’air libre, à l’instar du second établissement de Laurent Brenta, le Marie Stuart, rue Montorgueil dans le 2ème arrondissement, resteront fermés. D’autres, dotés d’une petite terrasse, se posent la question d’une réouverture à perte.  

Difficile également pour certains de se prononcer car les normes sanitaires n’ont pas encore été communiquées. Quelle distance respecter entre les tables ? Y aura-t-il un nombre maximal de clients par tablée ?

Tributaires de la météo

"C’est pas une bonne idée de rouvrir dans ces conditions… Ce serait plus sage d'autoriser aussi quelques tables en intérieur", peste Laurent Brenta dont la terrasse reste soumise aux aléas climatiques. "Il ne faut pas oublier qu’on est à Paris : un jour il fait 22 degrés, le lendemain 13 ! S’il pleut on fait quoi ? On jette nos stocks ?". Du coup, ce patron attendra peut-être jusqu’au 15 juin avant de lever le rideau de son restaurant spécialisé dans la cuisine française traditionnelle.

Une course contre la montre avant l'été

"Si nous n’ouvrons pas rapidement, ça va être très compliqué. Grosso modo, il ne nous reste qu’un mois de travail. Il faut qu’on fasse entrer un peu d’argent avant l’été pour rembourser toutes les dettes accumulées", alerte Romain Vidal. Directeur de la brasserie Le Sully, dans le IVème arrondissement, il rappelle à juste titre que le PGE, le prêt garanti par l’Etat consenti aux restaurateurs, ne reste qu’un crédit.  

Un tourisme au point mort

Et l’absence des touristes pèse évidemment sur l’activité. "L’année dernière, j’avais rouvert le 22 juin : j’ai fait 30% de chiffre d’affaires en moins. Cette année, ce sera peut-être même pire : à partir du 20 juin, entre le télétravail et l’approche des vacances scolaires, Paris sera vide", prédit Laurent Brenta.

De fait, le tourisme est pratiquement à l’arrêt depuis le début de la crise sanitaire. En 2020, la capitale et sa région ont perdu plus de 33 millions de visiteurs, privant la région de 15,5 milliards d’euros de recettes, selon les chiffres du Comité régional du tourisme.

Incertitudes

De nombreuses questions restent à trancher. La date exacte de réouverture des terrasses anoncée pour la mi-mai, probablement autour du week-end de l’Ascension, n’a pas encore été communiquée. Les restaurateurs ignorent également à quelle heure leur service devra s’arrêter. 20 heures, 23 heures, entre les deux ? L'horaire du couvre-feu fait l’objet d’âpres débats. Enfin, les professionnels redoutent également une jauge en fonction des territoires et des disparités épidémiques entre les régions.

Tout dépendra de la situation sanitaire. Pour l’heure, en Ile-de-France, le taux d’incidence du virus reste supérieur à 500 pour 100.000 habitants.

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