Les violences conjugales ont augmenté de 10 % en 2020. Département le plus touché en France, la Seine-Saint-Denis. Le ministère de l'Intérieur vient de publier son rapport annuel, 3 jours avant le 25 novembre, la journée mondiale consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Les services de police et de gendarmerie ont enregistré une hausse de 10% des violences conjugales en 2020. Elles ont concerné 159.400 personnes tous sexes confondus en 2020.
Les femmes sont les premières victimes des violences conjugales. Soit 139.200 victimes. Avec 87 %, la proportion est stable par rapport à 2019, selon les chiffres du rapport d'Interstats, le site de diffusion des statistiques publiques sur l’insécurité et la délinquance du ministère de l'Intérieur. Ce rapport ne comptabilise pas les homicides.
Principales victimes, les femmes en Seine-Saint-Denis
C’est en Seine-Saint-Denis que l’on comptabilise le plus de faits de violences envers les femmes en France métropolitaine avec 9,2 femmes victimes pour 1 000 femmes.
"Pendant le confinement, nous avons été le département le plus touché par les violences. Beaucoup de femmes, souvent précaires, ont été confinées avec leur conjoint dans de petits appartements", réagit Pascale Labbé, vice-présidente en charge de l'Egalité femmes hommes et de l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis.
Et de poursuivre : " Avec l’Observatoire (Ndlr : des violences faites aux femmes), nous combattons ces violences. On forme des professionnels, on informe les femmes. Elles ont aujourd’hui plus le réflexe de témoigner, de prendre contact avec les associations et de porter plainte. Dans les commissariats, elles sont également mieux accueillies. Ce qui est encourageant".
Et de conclure : "nous menons une politique volontariste dans le département. Néanmmoins, ce constat doit nous inciter à renforcer nos politiques publiques." Elle appelle également le gouvernement à relancer une politique de communication sur les dispositifs existants.
A l'inverse Paris enregistre le moins de victimes en Île-de-France. En 2020, il y a eu entre 2,7 et 4,6 femmes victimes pour 1 000 dans la capitale. Mais les tendances à venir ne semblent pas aller dans la bonne direction selon le préfet de police Didier Lallement.
"Nous avons dépassé, à cette date en 2021, le nombre de plaintes pour viol enregistrées par la préfecture de police en 2020" a-t-il expliqué lors du Conseil de Paris mercredi 17 novembre", "Idem pour les violences sexuelles", a-t-il ajouté.
En comparaison, la moyenne nationale du taux de victimation est de 2,4 femmes victimes pour 1 000 habitants.
102 femmes mortes sous les coups de leur conjoint
Paradoxe des chiffres, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex est en baisse en 2020. 102 femmes ont été tuées. Elles étaient 146 en 2019. Deux ont trouvé la mort dans la capitale.
Augmentation des violences mais peu de plaintes
Seules 3% des victimes ont porté plainte pour viol ou agression sexuelle par leur conjoint, soit 5500 personnes. Là encore, ce sont des femmes à une écrasante majorité (5.400) qui portent plainte.
"Les violences conjugales sont peu fréquemment suivies de plaintes, en particulier lorsqu'il s'agit d'agressions à caractère sexuel", souligne le ministère de l'Intérieur dans son rapport annuel, pour expliquer l'écart entre les chiffres de l'enquête de victimation et le nombre de plaintes enregistrées.
Structures d'accueil et d'écoute
Certains hôpitaux parisiens de l'AP-HP, comme Saint-Antoine, Bichat et la Pitié-Salpêtrière accueillent un officier de police judiciaire en mesure de prendre les plaintes de victimes hospitalisées. En 2022, le dispositif devrait être étendu à l’Hôtel-Dieu à Paris.
Des villes comme ici Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis disposent également de dispositifs d'accueil.
Les femmes victimes de violences peuvent également contacter le 3919. Gratuit et anonyme, ce numéro de téléphone est désormais accessible 24h/24 et 7 jours sur 7.