Pour les victimes de harcèlement scolaire, parler est souvent compliqué. Plateforme téléphonique d'écoute et d'aide aux victimes le 3020, programme Phare à l'école, ambassadeurs en classe... On vous explique quels sont les différents dispositifs d'aide.
Le harcèlement scolaire, comment en parler ? Quelle aide trouver ? Des solutions existent pour s'en sortir. Numéros de téléphone, actions de sensibilisation ou encore concours vidéo au sein des établissements, les canaux se multiplient pour être entendus et trouver des solutions.
Le 3020 : un numéro à l'écoute des victimes
"Nous sommes là pour fournir un espace où les élèves se sentent écoutés." Audrey Llamas est écoutante coordinatrice au 3020. Chaque jour, elle répond aux appels d'élèves victimes de harcèlement scolaire. Ce numéro s'adresse aux enfants et aux adolescents qui subissent des violences physiques ou psychologiques de la part d'autres élèves au sein de l'école ou en dehors.
Il est aussi destiné à leurs parents et aux témoins de scène de harcèlement à l'école. "Il est parfois compliqué pour les victimes de verbaliser ce qu'elles ressentent face à l'adulte. Ce sont souvent des appels chargés en émotion car les appelants nous font part de leurs états d'âme", poursuit l'écoutante.
Créé il y a 11 ans par l'association "L'école des parents et des éducateurs d'Île-de-France", ce numéro est rattaché au programme gouvernemental "Phare" piloté par l'Education nationale. Ce programme rassemble toutes les initiatives du gouvernement pour lutter contre le harcèlement dans les établissements. Il concerne les écoles primaires les collèges et tous les lycées de France depuis la rentrée. Il vise à prévenir et traiter les cas de harcèlement scolaire.
C'est aussi un programme de formation des équipes pédagogiques sur les causes et les facteurs des violences. Enfin, à travers ce programme, chaque académie peut faire appel à des référents spécialisés pour traiter les différents dossiers.
"Avec le 3020, il y a une première prise de contact avec les jeunes victimes et nous suivons l'évolution de la situation si cela est nécessaire", indique Murielle Cortot-Magal, directrice générale de l'association "l'Ecole des parents et des éducateurs d'Île-de-France".
Un constat puis des conseils
Lorsque la victime appelle le 3020, l'écoutant tente d'abord de comprendre l'ensemble de la situation. "Chaque cas est unique, il peut s'agir de harcèlement sur le lieu de l'école ou bien en dehors pour des élèves qui habitent aux mêmes endroits que leurs camarades", énumère Audrey Llamas.
Elle précise également que les facteurs sont divers. "L'un des éléments déclencheurs est souvent la différence liée à une caractéristique physique. Par exemple, la taille, le poids ou le handicap."
L'école n'est pas le seul terrain propice au harcèlement. "Le cyberharcèlement est aussi un fléau qui peut toucher n'importe quel élève", estime-t-elle. "On essaie ensuite de catégoriser les faits afin de comprendre ce qui se passe.", poursuit celle-ci. "Parfois des personnes nous appellent pour signaler des faits qu'ils pensent être du harcèlement alors qu'il s'agit de violences."
Sur la distinction entre violence et harcèlement la directrice générale de l'association précise qu’il y a dans le harcèlement la notion de répétition des violences physiques ou psychologiques. "Le harcèlement vise le même élève à plusieurs reprises afin de le dénigrer voire de l'humilier."
Une fois le cas de harcèlement avéré, les opérateurs téléphoniques donnent des conseils sur les démarches suivre. "Nous agissons à la fois sur le plan scolaire en prenant contact avec l'école ou directement avec le référent académique en charge des questions de harcèlement", indique dans un premier temps l'écoutante.
D'un point de vue juridique, elle peut conseiller aux parents ou à l'élève d'aller déposer plainte. "Nous leur rappelons que le harcèlement scolaire est un délit qui peut entraîner jusqu'à dix ans de prison selon la gravité des faits."
Enfin, les élèves peuvent être orientés vers des professionnels de santé si besoin. "On se préoccupe de leur état physique et psychologique. Cela peut passer par une prise en charge médicale ou bien l'aide à l'accès aux soins. Ces personnes sont souvent en détresse, démunies et nous tentons de leur apporter des solutions adéquates."
Un numéro pour le cyberharcèlement et des ambassadeurs
D'autres dispositifs existent pour lutter contre le harcèlement scolaire. Pour le cyberharcèlement, les victimes peuvent composer le 3018 et se livrer sur leurs problèmes. Une application mobile a été créée pour faciliter l'accès à ce numéro en 2022.
En matière de prévention, l'académie de Paris prévoit la nomination d'ambassadeurs collégiens et lycéens au sein de plusieurs établissements scolaires.
Des journées nationales de lutte contre le harcèlement à l'école sont organisées tout au long de l'année scolaire notamment en Île-de-France. La prochaine aura lieu le 9 novembre prochain.
Les académies franciliennes proposent des formations aux équipes pédagogiques sur les questions liées au harcèlement. "C'est essentiel, car les cas sont de plus en plus divers et se font dans des circonstances où les professeurs ne sont pas toujours au courant", note Murielle Cortot-Magal.
Enfin, l'Education Nationale organise des concours de vidéos réalisées par les élèves sur la thématique du harcèlement scolaire. En novembre dernier, les élèves du collège Louis Braille situé à Esbly en Seine-et-Marne avaient remporté le prix "coup de cœur" du concours "#nonauharcelement."
Sur son site internet, l'académie de Paris propose une carte répertoriant toutes les activités liées à la lutte contre le harcèlement.
Le harcèlement à l'école, qui toucherait un élève sur dix, a été érigé en priorité absolue du gouvernement pour l'année scolaire 2023-2024, après le suicide au printemps de la jeune Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais. En 2022-23, 2 % des signalements enregistrés au 3020 provenaient d'Île-de-France.