L'hôpital Robert-Debré a établi des fiches nominatives d'agents en fonction de leur comportement, a reconnu l'AP-HP mercredi, tout en condamnant cette pratique révélée par le Canard Enchaîné.
Un premier fichier nominatif concerne 43 aides-soignantes et auxiliaires de puériculture de la maternité de Robert-Debré. Y figurent ceux qui ont des "comportement négatifs", soit, tel que défini dans le document, ceux qui sont "souvent opposés aux changements" ce qui a "un effet négatif sur le climat social", indique une source interne. Le document, daté d'octobre 2013 et envoyé par erreur dans un courrier interne, recense également "des leaders négatifs" qui ont "une emprise négative sur l'équipe: refus de changement, commérage, opposition à la hiérarchie".
L'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a indiqué dans un communiqué que "la direction de l'établissement concerné avait déjà condamné à plusieurs reprises et par écrit cette initiative inacceptable prise dans le cadre de la préparation d'un groupe de travail sur la maternité en octobre 2013". "Depuis que ce document de travail a été porté à la connaissance de la directrice de l'établissement, la position de la direction, condamnant cette initiative, a été affirmée sans ambiguïté auprès des personnels, de l'encadrement et des organisations syndicales". Elle a "mis en place une démarche d'amélioration des conditions de travail avec la participation active des équipes du service de la maternité", assure l'AP-HP.
«Le flicage est permanent»
Un autre document de travail remis en mars 2014 quantifie le nombre d'interventions réalisées en 2013 par atelier (mécanique, menuiserie, serrurerie, etc.) et par certains agents cités nommément. "Cela met les ateliers et les agents en concurrence, et c'est illégal", déplore un agent qui a requis l'anonymat. "Le flicage est permanent", déplore cet agent.
L'affaire de l'hôpital Robert-Debré n'est pas isolée. A l'hôpital Georges-Pompidou, ce sont des chirurgiens qui ont fait l'objet de fiches comptabilisant le nombre et la durée de leurs interventions. L'affaire a été portée devant la justice. En outre, "d'autres fichiers suscitent préoccupations et interrogations: à Brest, à Cochin, à Sainte-Anne. En réalité il y en a partout", assure Bernard Granger, membre de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP. "Que fait l'ARS (Agence régionale de santé), que fait la ministre devant ce flicage aussi illégal que diffamatoire de l'administration hospitalière de l'AP-HP? Auront-elles le front de couvrir ces "outils de management" comme le fait la direction générale de l'AP-HP?", s'interroge-t-il.