Jusqu'à présent, les bergeracois avaient échappé à la redevance incitative sur les ordures ménagères. Elle leur est appliquée depuis ce premier janvier, ainsi que la fin progressive du ramassage en porte-à-porte
"J'y comprends rien du tout ! Un jour, c'est les jaunes. Une fois, c'est par semaine, une fois, c'est par mois. Alors comment, quel jour, quel mois, comment ?" Cette résidente du Bergeracois vient de faire la connaissance de son nouveau système de collecte de déchets et de redevance incitative. Trente-et-un mille nouveaux foyers dans 38 communes du bergeracois sont concernés. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, ils sont assujettis aux nouvelles conditions imposées progressivement sur l'ensemble de la Dordogne par le Syndicat Mixte des ordures ménagères du département, le SMD3.
"C'est le principal souci du SMD3", assure Pascal Protano, responsable du SMD3. " c'est d'harmoniser tous les secteurs pour qu'il n'y ait pas des habitants qui soient traités d'une façon et des habitants qui soient traités d'une autre".
Poubelles la ville
Pour l'instant néanmoins, 6 000 foyers du secteur gardent leur collecte des ordures en porte-à-porte, le temps que les bornes dans lesquelles ils devront amener leurs ordures soient installées. C'est le cas par exemple du centre-ville de Bergerac, où aucune borne, aérienne ou enterrée, n'a encore été implantée. "Sur cinq, six communes, les décisions n'ont pas été prises dans les temps, donc je pense qu'il y aura quelques petits retards et des conteneurs qui risquent parfois de déborder," prévient déjà Pascal Protano, le président du SMD3.
Je pense qu'on va avoir trois mois de battement qui vont être un peu compliqués.
Pascal ProtanoPrésident du SMD3
Néanmoins, à partir de juillet, tous les résidents du bergeracois paieront ce nouveau forfait, calculé en fonction de leur situation. Un foyer de quatre personnes devra par exemple s'acquitter d'une somme forfaitaire de 354 € s'il apporte lui-même ses déchets jusqu'au container, et de 496 € s'il bénéficie toujours de la collecte au porte-à-porte. Somme qui augmente si la limite de 40 ouvertures de 60 litres sacs "noirs" sur l’année prévue dans le forfait est dépassée.
Rebelles des poubelles
Cette nouvelle tarification couplée à la mise à contribution des administrés pour trier et emmener eux-mêmes leurs ordures à la benne ne passe pas beaucoup mieux à Bergerac qu'ailleurs dans le département où elle se déploie depuis 2023.
Je pense qu'il y a beaucoup d'improvisations et de ratés dans la transmission au public. Le problème, c'est qu'on est un peu dans le flou pour les conséquences.
Un bergeracois
Un bras de fer qui ne semble pas devoir faiblir. Face aux rebelles qui s'obstinent à bouder les cartes magnétiques, déposent les ordures à côté des bacs ou dégradent les installations, le SMD3 oppose des contrôles, des verbalisations et des caméras de surveillance. Et argue, en plus de l'inflation, du coût des incivilités pour justifier une augmentation de ses tarifs. Un argument de poids pour rallier les contribuables à sa cause. "Si on était resté en Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères, ça aurait augmenté encore beaucoup plus parce qu'on n'aurait pas réduit la quantité des déchets qui partent à l'enfouissement.", rajoute Pascal Protano, qui se réjouit d'une baisse des volumes de déchets ultimes de 40%.
VIDÉO. Voir le reportage sur le déploiement de la redevance incitative en Bergeracois ►►
Défaut de pédagogie ?
"Les gens sont pas habitués à payer les ordures ménagères de cette façon-là pour la plupart des foyers," explique Bernard Triffe, vice-président du SMD3 en charge du secteur de Bergerac. "Ils ne se sont jamais rendu compte qu'à l'intérieur de la taxe foncière il y avait aussi la taxe d'enlèvement des ordures ménagères".
Le service usagers explose au niveau des appels, comme il a explosé quand on est passé à la redevance incitative sur les autres secteurs.
Pascal ProtanoDirecteur du SMD3
En attendant, chaque jour, le SMD3 doit traiter 650 appels d'usagers, trois fois plus que ce pour quoi il est dimensionné. Des usagers pour la plupart inquiets ou mécontents. "On se moque de nous à tous les niveaux et ça continue," commente cette passante bergeracoise qui évoque un "totalitarisme mou" assorti d'un manque de respect pour la population et promet de s'opposer à ce changement. "J'ai peur que peut-être à terme, on arrive à des déchets sauvages qui seraient posés à droite à gauche parce que les gens ne veulent pas forcément suivre le mouvement", redoute cet autre habitant. Il faudra sans doute encore un certain temps avant que le feu qui couve dans les poubelles de Dordogne ne soit éteint.