Ile-de-France : face à la vague de suicides, les policiers protestent en silence

Apres le décès de deux policiers qui se sont donnés la mort avec leur arme de service, l'émotion, l'inquiétude et la colère gagent les rangs des fonctionnaires. Face à cette vague de suicides, des rassemblements ont lieu à l'appel des syndicats.
 

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Une longue banderole noire avec l'inscription "policiers en deuil". Derrière elle, près de 200 fonctionnaires, le visage fermé. Alors que plusieurs rassemblements avaient lieu devant des commissariats, eux se sont donnés rendez-vous ce vendredi midi devant la Direction des ressources et des compétences de la Police nationale (DRCPN). "C'est symbolique", explique l'un d'entre eux. "Ils ne peuvent pas faire comme-ci ils ne savent pas."

Quatre des leurs se sont suicidés cette semaine, 29 en tout depuis le début de l'année. Une hécatombe qui rappelle des années sombres comme 1996 où 70 suicides avaient été recensés. "On est parti sur le même rythme, déplore un policier. "On se demande qui va être le prochain," lui répond un de ses collègues. Car le malaise dans la profession est profond. Suffisant pour que toutes les organisations syndicales taisent aujourd'hui leurs divergences pour faire front commun, parole commune. "Ca va péter. On devient flics parce qu'on veut servir la République. Car sans nous, y a plus de République. Mais on ne prend jamais en compte nos conditions de travail et de vie, déplore Yves Lefèvre, secrétaire général du syndicat unité-sgp police Fo.

Nous, on a juste envie de bien vivre, de bien faire notre boulot. Il faut arrêter de mettre en place des cellules psychologiques mais rechercher les réelles causes du mal-être. Il en va de la vie d'hommes, de femmes et la vie de leurs proches. Qu'on mette en place un plan comme chez Orange ! demande Yves Lefèvre

 Même discours chez Alliance police nationale qui dénonce les tâches qui s'accumulent pour les policiers. "Il y a la lutte contre la délinquance, contre le terrorisme, l'immigration, les casseurs, les stupéfiants, le maintien de l'ordre dans les manifestations, explique Stanislas Gaudon, secrétaire administratif général adjoint d'Alliance. Mais aussi des missions périphériques comme les gardes statiques devant les monuments ou encore les transferts de prisonniers. 

On a tout géré depuis 4 ans mais là c'est trop. On ne peut plus dire que ce qui arrive à nos collègues, c'est juste des problèmes personnels. Que ça ne concerne pas le service. Le policier ramène toujours son travail chez lui. Et quand il rencontre des problèmes dans sa journée, des situations de violence, de mort, ça, il le ramène chez lui, ajoute Stanislas Gaudon

Dans les rangs, tous dénoncent un "management inhumain", des rythmes intenables face à une mobilisation quasi permanente. Ils réclament des mesures sans délai et espèrent être reçus par le ministre de l'Intérieur. Il y a une semaine, le premier ministre avait pourtant annoncé la mise en place d'une cellule de vigilance estimant que les suicides dans la police n’étaient pas une "fatalité" en promettant de mettre "les bouchées doubles" pour lutter contre ce fléau persistant dans l’institution.
Le plan n'a pas encore été mis en place. Depuis, quatre policiers se sont donnés la mort. Sur le parvis de la DRCP, une minute de silence a été respectée pour honorer leur mémoire et celle des 25 autres fonctionnaires qui ont mis fin à leurs jours depuis le début de l'année. 
 
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