JO de Paris 2024 : On n'est pas contre les Jeux olympiques. On est contre la casse du travail à cause des JO." Commerce, police, santé, la grogne monte

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A six mois des Jeux olympiques de Paris, la pression monte dans différents secteurs. Travail le dimanche, prime ou report des congés, les salariés du commerce, les policiers ou les urgentistes s’inquiètent de leurs futures conditions de travail.

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A l'appel de la CGT des salariés du commerce se sont rassemblés ce mercredi 17 janvier à Saint-Denis devant les bureaux du comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo). Le syndicat dénonce une déréglementation du code du travail à l'occasion des Jeux olympiques.

Ouvertures imposées des commerces le dimanche, suspension injustifiée du repos hebdomadaire pendant plus d’un mois, invitation aux employeurs à couper dans les congés estivaux. "Nous sommes contre les décrets qui ont été publiés qui entraînent une déréglementation du code du travail", explique Amar Lagha, secrétaire général de la CGT Commerce et Services.

Durant la période des JO à Paris, l'ouverture dominicale sera autorisée du 15 juin au 30 septembre dans 15 arrondissements de la capitale. "Les travailleurs du secteur du commerce attendent que leur salaire augmente. Ils ne veulent pas d’une prime d’exception pendant la période des J.O. Ce qu’il souhaite c’est d’avoir une rémunération suffisante pour vivre dignement de leur salaire", explique Amar Lagha.

"On n'est pas contre les Jeux olympiques. On est contre la casse du travail à cause des JO", a affirmé à Linda Zarif, salariée depuis 30 ans dans la restauration rapide, soulignant que les secteurs du commerce et des services avaient déjà été affectés lors de la période du Covid. "On ne veut pas qu'on se serve des JO pour remettre en question le peu d'acquis sociaux des travailleurs les plus précaires", a renchéri Amar Lagha, disant sa "crainte" que les dérogations prévues le temps des Jeux "deviennent la norme".

"Ce n'est pas le Cojo qui est responsable de la loi, mais on ne les a pas entendus la contester", a souligné le syndicaliste pour expliquer le choix de se rassembler à Saint-Denis devant le comité d'organisation des JO de Paris, où siège l'ancien leader de la CGT Bernard Thibault.

Grève du zèle dans la santé

L’afflux d’athlètes et de touristes à Paris à l’occasion des Jeux olympiques 2024 va nécessiter de renforcer les effectifs dans les hôpitaux. Pour convaincre le personnel soignant de renoncer à ses congés estivaux, une "prime JO" a été annoncée par Nicolas Revel, le directeur général de l’AP-HP. Une prime de 1 200 euros brut par semaine travaillée pour les infirmiers et jusqu'à 2 500 euros brut pour les médecins.

"Cette annonce est une dramatique erreur de communication de Nicolas Revel", explique Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny et porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France. "Les personnels ont entendu ces annonces sur France Inter et se sont dit, on nous demande de nous mobiliser pour les JO mais le gouvernement fait un petit effort". "Mais ensuite, lorsqu’on nous avons demandé des précisions, il s’avère que très peu de gens sont susceptibles de toucher cette prime. Elle sera dédiée seulement aux 60 services de l’APHP à qui on demande d'augmenter leur capacité à 120 % pendant la période des JO".

Assurer une présence en continu pendant l'été. "On sait très bien que la question, ce n’est pas seulement la mobilisation des services pendant les J.O., mais c’est la mobilisation sur l’ensemble de l’été qui est une période traditionnellement très difficile à l’hôpital", rappelle l'urgentiste.

Ce manque d'information et de reconnaissance crée une forte insatisfaction dans le secteur de la santé. "Mon collègue Patrick Pelloux, a appelé les personnels à une grève du zèle", indique Christophe Prudhomme. "C’est-à-dire que l’on va prendre nos vacances comme d’habitude et que l'on ne se préoccupe pas des Jeux olympiques, on laisse au gouvernement et à la direction générale de l’Assistance Publique de prendre ses responsabilités", poursuit-il.

Manifestation de policiers

Les policiers s’inquiètent de leurs conditions de travail. Chaque jour durant les JO, 30 000 fonctionnaires seront mobilisés. Le chiffre monte jusqu’à 45 000 pour la cérémonie d’ouverture du 26 juillet.

"Policiers méprisés, JO en danger" : des fonctionnaires de police ont manifesté mercredi 10 janvier à Paris pour réclamer des garanties sur leurs conditions de travail pendant les Jeux olympiques, et un dédommagement financier plus conséquent de leur "suremploi".

Au milieu des fumigènes, 300 policiers selon le syndicat Unité SGP Police, ont entonné la Marseillaise, à bord de quatre bus à impériale empruntés d'ordinaire par les touristes. En défilant, le syndicat entendait alerter sur l'absence de garantie pour les agents, notamment sur les congés d'été ou primes.

Dans une lettre envoyée le 22 décembre au syndicat FO du ministère de l'Intérieur, le ministre Gérald Darmanin a demandé une "mobilisation à 100%" des agents du 24 juillet au 11 août et proposé 10 jours ouvrés de congés pour chaque agent entre 15 juin et 15 septembre."Les collègues ne savent pas sur quelles missions ils vont être employés, les cycles horaires qu'ils vont être obligés de faire", dit Angelo Bruno, secrétaire national délégué Unité SGP Police en Ile-de-France.

Côté primes, le ministère de l'Intérieur évoque 500 euros de dédommagement, 1 000 voire 1 500 euros en cas d'engagement "particulièrement exceptionnel." Unité SGP Police réclame 1 500 euros pour tous les agents de la police nationale.

"Évidemment on peut toujours miser sur la résilience des policiers de ces dernières années, on a enchaîné les crises et (...) ils répondent toujours présents, même dans le pire", affirme Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO, avant d'avertir : "A un moment, il va y avoir quand même une corde qui risque de lâcher et notre but, ce n’est pas ça non plus."  

Appel à un jeudi noir

Mécontents des conditions de travail qui les attendent pendant les Jeux olympiques, des syndicats de policiers appellent à une nouvelle journée de mobilisation ce vendredi 18 janvier.

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