Journée mondiale contre l'homophobie : un "lieu refuge" pour les personnes LGBT+ les plus vulnérables à Paris

Personnes transgenres, séropositives, exilées, victimes de violences… "La Bulle", un espace inauguré mardi dans le Marais, doit permettre d’accueillir les personnes LGBT+ les plus stigmatisées. L’espace est géré par sept associations.

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Il s’agit d’une première en France d’après la mairie de Paris, propriétaire du local. "La Bulle", "lieu refuge" pour les personnes LGBT+, vient d’ouvrir au 22 rue Malher, dans le 4e arrondissement de la capitale. Le centre a été inauguré mardi, à la veille de la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie organisée ce mercredi 17 mai.

L’espace de 520 m2 est "dédié aux personnes les plus vulnérables, les plus invisibilisées au sein de la minorité LGBTQI+, celles et ceux qui requièrent davantage de soutien", notamment "les personnes économiquement précarisées, exilées, racisées, trans, séropositives, victimes de violences", explique la Ville, qui a investi 540 000 euros dans le bâtiment.

Le centre, qui accueille des salles de réunion, des bureaux, un studio d'enregistrement, ou encore un espace qui permet d’organiser des groupes de parole, des expositions et des concerts, regroupe sept associations : l'Ardhis (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l'immigration et au séjour), Espace Santé Trans, ANKH, OUTrans, Wassla, le collectif Flirt, et XY media.

La Bulle doit ainsi leur permettre d’organiser "des permanences santé, sociales, physiologiques et juridiques", des consultations de psychologues, des entretiens individuels pour un accompagnement social et administratif, des ateliers, des cours de français, ainsi que "des campagnes de sensibilisation à la santé sexuelle accessibles à tous, dans différentes langues, avec un espace de dépistage". "Les usagers du lieu bénéficient d’aide alimentaire, de repas partagés, de distribution de vêtements…", complète la mairie.

"Nous avons besoin de faire des groupes de parole, mais aussi des entretiens individuels"

"Il faut savoir que les personnes LGBTQI+ peuvent demander l’asile en France et en Europe à cause des persécutions qu’elles vivent dans leur pays, du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. La première démarche qu’on peut apporter, c’est les aider dans cette procédure d’asile, qui est complexe. Il y a aussi une question d’accès aux droits sociaux", explique Aude Le Moullec-Rieu, présidente de l'Ardhis.

Au-delà "l’aspect juridique et social", Aude Le Moullec-Rieu souligne l’importance de "l’aspect convivialité" pour les personnes reçues au sein de l’espace, pour "offrir un lieu où les personnes peuvent être elles-mêmes". "On sait que Paris est une ville refuge, où les personnes migrantes arrivent. Dans le public qu’on accompagne, beaucoup de personnes viennent d’Afrique subsaharienne francophone : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, et dans une moindre mesure la République du Congo, surtout pour les femmes lesbiennes. D’autres pays sont très représentés comme le Bangladesh et un certain nombre de pays en Amérique du Sud, comme le Brésil ou le Vénézuela", détaille-t-elle.

Anaïs Perrin-Prevelle, co-présidente de l’association OUTrans souligne également l’importance de l’espace : "Jusqu’ici, nous n’avions pas forcément de locaux fixes... Nous avons besoin de faire des groupes de parole, mais aussi des entretiens individuels. Nous sommes une asso d’autosupport, d’entraide pour les personnes trans ou en questionnement. Pour certains, c’est important de pouvoir parler en individuel avec une personne de l’asso. Avant nous organisions ces entretiens dans des cafés, ce qui est compliqué étant donné les éléments intimes qui sont abordés."

"On a également besoin de se réunir pour faire vivre l’association, et faire des temps conviviaux ou des conférences par exemple, explique Anaïs Perrin-Prevelle. Et en même temps, tout gérer et financer à nous seuls serait insoutenable pour une association de bénévoles. L’espace suit le principe du co-working, appliqué aux associations, avec des lieux partagés."

"Les personnes trans et les personnes migrantes sont souvent invisibilisées"

Dans son rapport annuel publié mardi, SOS Homophobie pointe du doigt des agressions LGBTphobes en "inquiétante hausse" l’an dernier, avec notamment une augmentation de 27% des témoignages de transphobie par rapport à 2021.

"Ce qui est très important pour toutes les associations qui composent La Bulle, c’est d’offrir un espace de visibilité et de valorisation de nos communautés, réagit Aude Le Moullec-Rieu, présidente de l'Ardhis. C’est de montrer que les personnes trans et les personnes migrantes sont souvent invisibilisées. Un lieu comme La Bulle permet d’offrir au cœur d’un quartier LGBT historique un lieu de visibilité où l’on pourra offrir des débats ou des projections de films, et valoriser ce que nous faisons et ce que ces personnes proposent."

Selon une étude BVA réalisée en avril et publiée mardi par la Fondation Le Refuge, qui accompagne des jeunes personnes LGBT+ notamment en situation de rupture familiale, 71% des personnes LGBT+ estiment qu’il est plus compliqué pour les jeunes concernés "de nourrir des relations de qualité avec sa famille". D’après la même étude, 62% des Français trouvent qu’"un soutien psychologique est essentiel en cas de situation de vulnérabilité".

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