La démolition du Pavillon des Sources est suspendue "le temps d’examiner, toute alternative possible", a annoncé la ministre de la Culture sur X ce vendredi midi. Un nouveau délai pour le futur centre de chimie biologique sur le cancer que regrettent les chercheurs de l’Institut.
Alors que sa décontamination devait débuter lundi 8 janvier, en vue de sa démolition, le pavillon des Sources de l’Institut Curie obtient un peu de sursis à la demande de la ministre de la Culture. "J’ai échangé ce matin avec Thierry Philip, président de l'Institut Curie. Nous sommes convenus qu'il suspende la démolition du Pavillon des Sources pour se donner le temps d’examiner, toute alternative possible", a indiqué dans un tweet Rima Abdul-Malak.
J’ai échangé ce matin avec Thierry Philip, président de l'Institut Curie. Nous sommes convenus qu'il suspende la démolition du Pavillon des Sources pour se donner le temps d’examiner, avec les parties prenantes et ma collègue @sretailleau, toute alternative possible.
— Rima Abdul Malak (@RimaAbdulMalak) January 5, 2024
Une annonce confirmée par l’Institut Curie dans un communiqué de presse. "Il a été décidé de donner du temps à la réflexion, temps qui sera mis à profit par l’Institut Curie pour mieux expliquer les enjeux scientifiques et donc pour rééquilibrer ce débat complexe entre science vivante et mémoire."
Un ancien lieu de stockage radioactif ?
Le petit bâtiment en briques beiges,construit au XXème siècle appartenant à un ensemble de trois édifices qui constituent l'Institut Curie, servait à entreposer les matières premières utiles aux recherches de Marie Curie. Depuis plusieurs mois, défenseurs et opposants au projet s’opposent sur la valeur patrimoniale du lieu. "Il s'agissait d'une partie essentielle du laboratoire historique de Marie Curie", soutient Baptiste Gianeselli, militant contre le projet.
Hier, l’animateur Stéphane Bern s’est joint à la mobilisation, dénonçant la destruction du bâtiment, "une faute grave selon lui", a-t-il commenté sur X.
La destruction du #PavillonDesSources de Marie Curie par @institut_curie @PuisieuxA serait une faute grave. Ce qui en fait la valeur c’est sa dimension mémorielle et symbolique donc patrimoniale. L’opprobre retomberait inévitablement sur @institut_curie et ceux qui laissent faire pic.twitter.com/jLCLiDaS8G
— Stéphane Bern (@bernstephane) January 3, 2024
Mais selon les chercheurs de l’Institut, "le Pavillon des Sources n’était pas un laboratoire, il a été nommé Pavillon des Sources parce que c’était un lieu de stockage de déchets radioactifs", affirme Raphaël Rodriguez, chercheur en chimie et biologie cellulaire. "Aujourd’hui c’est un bâtiment vide de 100 mètres carrés radioactif. Le laboratoire de Marie Curie c’est le pavillon Curie !"
Le pavillon Curie situé sur le même site abrite le musée Marie Curie, celui-ci n’est pas menacé par le projet.
« Un certain nombre de cancers sont incurables et il faut un laboratoire de pointe »
Raphaël Rodriguez, chercheur en chimie et biologie cellulaire
Le futur bâtiment doit abriter le premier centre de chimie biologique sur le cancer en Europe. Un édifice de cinq étages de 2000 mètres carrés qui permettra selon le président du Directoire de l'Institut Curie de "faire rester en France des scientifiques de chimie et de biologie de très haut niveau qui vont travailler sur des cibles sur les cellules cancéreuses et fabriquer des médicaments qui vont sauver des malades", argumente Thierry Philip,.
Raphaël Rodriguez, lauréat de nombreux prix regrette cette suspension, "c’est une perte de temps totale alors que le succès d’un traitement anti-cancéreux, c’est la prise en charge rapide", avance-t-il. "Un certain nombre de cancers sont incurables et il faut un laboratoire de pointe comme celui-ci".
Faire avancer la science ou préserver le patrimoine ?
Selon l’Institut Curie et certains descendants de la scientifique, double prix Nobel et première femme à recevoir ce titre, Marie Curie, "ne défendait pas le passé mais le futur en réclamant des laboratoires".
Faire avancer la science ou préserver le patrimoine ? La question devrait continuer à diviser sur la montagne Sainte-Geneviève.