Quel rapport les gardiens de musées peuvent-ils entretenir avec les œuvres qu'ils protègent ? Avec la série "Les veilleurs", découvrez le regard que porte Loïc sur le "Portrait d'un flûtiste borgne", peinture anonyme de 1566 exposée au Louvre à Paris. À travers son expérience, le veilleur exprime la fascination que suscite l'œuvre chez lui.
La première fois que Loïc a posé les yeux sur le Portrait d'un flûtiste borgne, il a ressenti une attraction immédiate : "Je me suis senti happé, je me suis dit ça, c’est un des tableaux de ma vie. J’aime beaucoup la musique baroque. Il a vécu il y a 500 ans et sa musique devait être très belle, j’avais l’impression qu’il était avec moi et qu’il me disait, tu vois, je l’ai vécu, j’ai fait de la musique et maintenant il n’y a qu’une peinture de moi."
À travers ce musicien, Loïc voit le reflet de ses propres luttes internes, une métaphore de sa vulnérabilité : " La vraie force de ce tableau c’est qu'il dit "je suis toujours là", tu peux m’apprécier en peinture malgré mon handicap, je ne te rebute pas. Se montrer au monde par l’intermédiaire d’un tableau, c’est fort. Ça me renvoie à ma propre fragilité, j’ai du mal à être en public."
L'universelle fragilité : quand l'art sublime l'acceptation de soi
Pour le veilleur, ce portrait est bien plus qu'une simple représentation artistique, il associe le style dépouillé du tableau au courant de pensée philosophique japonais du wabi-sabi : "Ça vient d’un maître de thé, Sen no Rikyū. C’est simple et sain, c’est l’idée que même si c’est cabossé, c’est beau. C’est l’idée de ne pas être parfait et dans notre société moderne, ça me donne une force, ça me remet les pieds sur terre", explique-t-il. En explorant l’âme humaine de cette œuvre et en embrassent les imperfections inhérentes à la condition humaine, Loïc nous rappelle ainsi que la quête de sens et l’acceptation de la fragilité humaine sont des thématiques universelles et profondément humaines.
Le tableau est exposé au Louvre à Paris au département des Peintures, au niveau 2 de l'aile Richelieu.
"Les veilleurs" sont à retrouver sur france.tv/idf