Le calvaire des riverains de la gare de Lyon à Paris

Les riverains de la place Henri Frenay ont prévu un rassemblement devant le commissariat du 12eme ce soir à 18h30. Une première action coup de poing avant d’autres prévues dans les semaines à venir. Objectif : dénoncer l’insécurité grandissante sur la place depuis deux ans avec l’arrivée des distributions alimentaires.

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"On a peur de rentrer chez nous, je suis très inquiète quand mes filles reviennent du lycée ". Sarah vit depuis 20 ans au 5ème étage d’un immeuble donnant sur la place Henri Frenay. Une place jusqu’à présent sans histoire raconte-t-elle, "il y a toujours eu des SDF ici, on est à côté d’une gare mais cela n'a jamais posé pas de problèmes". Il y a 2 ans les riverains voient arriver des associations venues distribuer de la nourriture aux plus démunis. "C’est devenu le chaos. Tous les jours la place est investie de gens qui viennent de plus en plus nombreux. SDF, migrants etc… Beaucoup d’alcooliques, de drogués qui hurlent toute la nuit, mettent la musique fort, se battent. Des points de deals qui se développent. C’est invivable". Et elle ajoute : "c’est devenu insalubre, les gens défèquent devant nos entrées d’immeuble."

Claire, une autre riveraine raconte : "ils sont nombreux à rester dormir le soir sous les coursives. Le bruit, les odeurs c’est infernal ! Parfois on en voit certains qui s’adonnent à des actes sexuels devant tout le monde, vous imaginez ? "

Claire vit au 1er étage "J’ai dû mettre un filet sur mon balcon car je recevais des bouteilles en verre. Et je ne vous parle pas de l’odeur de cannabis et d’urine H24 ".

Pour ces deux femmes comme pour la majorité des riverains de la place, ce n’est pas la distribution alimentaire qui est remise en question : " c’est normal d’aider les populations dans le besoin, mais il faut un cadre et une vraie structure pour accueillir les gens dans des conditions décentes » explique Sarah. Elle ajoute « on a 5 à 6 distributions par jour, vous verriez l’état de la place après. Viennent aussi des coiffeurs à la sauvette, des distributions de vêtements, c’est non-stop." Certaines associations seraient officielles et d’autres pas et personne ne fait rien.

Les riverains ont monté il y a quelques mois un collectif Grauwin-Bouton et une association Basta Cosi, aujourd’hui ils sont plus de 150. Ensemble ils ont tenté à mainte reprise de sensibiliser la mairie qui leur a promis de déplacer les distributions alimentaires. Mais rien ne se fait. "On se sent méprisé par la maire du 12ème. Une fois des coups de feu ont été tirés. On a la vidéo et on a récupéré les douilles. Et bien lors d’un conseil municipal on nous a dit que ce n’était rien, juste des pétards."

"La place Henri Freynay est devenue la cour des miracles"

Les commerces de la place eux aussi n’en peuvent plus. " Aux terrasses les clients sont sans cesse importunés, on leur demande de l’argent, des cigarettes ", explique un restaurateur. D’autres établissements voient leurs tables squattées, et parfois ils retrouvent leur mobilier cassé.  

durée de la vidéo : 00h00mn20s
Distribution alimentaire au pied d'un immeuble ©vidéo amateur

Les habitants se sentent démunis face à l’inaction des politiques. Ils se désolent de voir qu’on ne les entend pas, beaucoup de promesses et aucun résultat. "Même l’arrêté préfectoral qui interdit la consommation d’alcool jusqu’au 31 décembre 2023 n’est même pas respecté".

"Nous sommes des familles qui travaillons, on est usé vous savez. On ne dort pas de la nuit, les enfants se lèvent le matin très fatigués, ils pleurnichent, les professeurs nous font des retours, c’est devenu très dur ", explique Claire.

Aujourd’hui les riverains réclament un renfort de police, avec un poste de police fixe sur la place. Ils souhaitent que le trafic de drogue soit stoppé et que la distribution alimentaire se fasse dans une salle dédiée où les plus démunis seront accueillis dignement.

"On nous balade avec des promesses non tenues"

Une première action est prévue ce soir à 18h30 devant le commissariat. Ils précisent que si les politiques continuent à faire la sourde oreille "ou continue à nous balader avec leurs promesses non tenues" s’ensuivra une deuxième action. Cette fois le collectif appellera à investir la mairie.

Sollicitée par téléphone, l’équipe municipale a répondu par voie d'un communiqué de presse. "La sécurisation de l’espace public et la tranquillité sont des priorités de notre équipe municipale et de nos effectifs de police municipale" précise le communiqué qui ajoute intervenir "quotidiennement sur la place, dans la limite de leurs compétences. Des passages quotidiens de médiateurs sont également assurés en fin d’après-midi."

Selon le communiqué de presse, la mairie indique avoir obtenu de la préfecture des arrêtés d’interdiction de la vente à emporter et de la consommation d’alcool sur cette place.  

La municipalité précise que "depuis quelques semaines, le secteur est intégré à l’arrêté parisien de la Préfecture de Police, preuve de son caractère prioritaire et évitant d’avoir à les reconduire à courte échéance". La mairie affirme continuer " ainsi de travailler, avec les services de la Ville et la Fédération des Acteurs de la Solidarité et le commissariat, à identifier de nouveaux lieux vers lesquels orienter ces distributions, comme ce fut proposé pour la rue Roland-Barthes, de façon à limiter les nuisances qui peuvent en résulter pour les riverain·es." 

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