En 2019, Valentin Gendrot a infiltré un commissariat du 19e arrondissement parisien. Ce jeudi, il a été confronté à l'un des policiers mis en examen suite à ses révélations.
Quatre ans après son infiltration dans un commissariat parisien, Valentin Gendrot, un journaliste indépendant qui avait dénoncé des violences dans la police a retrouvé jeudi au tribunal de Paris, lors d'une confrontation, un fonctionnaire de police qui a été mis en examen en juillet.
Selon une source proche du dossier, la confrontation a duré près de 2 heures 30 et chacun a maintenu sa version. Violences, insultes racistes et homophobes mais aussi manque de moyens, suicide et mal-être des troupes : dans le livre "Flic" (éd. Goutte d'or), paru en septembre 2020, Valentin Gendrot racontait son infiltration mouvementée au sein de la police du nord-est de Paris.
Il expliquait avoir assisté à plusieurs "tabassages" et témoignait de pratiques "racistes" de la part de certains fonctionnaires, ce qui avait abouti à l'ouverture d'une information judiciaire. Elle a principalement porté sur des accusations de violences policières en avril 2019 dans le 19e arrondissement, qui auraient été cachées à la justice par un procès-verbal d'interpellation mensonger.
Le policier mis en examen
Selon des documents consultés par l'AFP et Mediapart, Marc F., le gardien de la paix âgé de 35 ans mis en cause, a dénoncé devant les deux juges d'instruction le 11 juillet un livre "orienté", avec des "choses vraies" et d'autres "gonflées ou inventées".
S'il a contesté certains coups allégués par M. Gendrot, il a reconnu une "percussion", "la main ouverte", dans le commissariat du 19e arrondissement sur un mineur, un geste documenté par ses propres déclarations entendues dans un enregistrement clandestin fait par M. Gendrot à l'époque, où on l'entend parler d'une "patate" assénée avec "le poing droit".
Un faux en écriture publique ?
Les deux juges l'ont donc mis en examen pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique, un délit passible du tribunal correctionnel. Il est en revanche témoin assisté pour faux par personne dépositaire de l'autorité publique, infraction qui lui faisait risquer les assises.
Interrogé sur le PV d'interpellation tronqué et sur certaines contradictions entre ses réponses et l'enregistrement fait par le journaliste au moment de la rédaction du document par un autre fonctionnaire, "Mano" a concédé qu'il "manquait des éléments" relatifs aux violences, l'expliquant par un "oubli" de sa part ou par les "épisodes manqués" par son collègue rédacteur. Son avocat n'a pas répondu à l'AFP.
"M. Gendrot se satisfait de savoir que la justice a tiré les premières conséquences" de son livre mais "regrette (...) que les faits de rédaction d'un faux en écriture publique, de nature criminelle, ne soient pas poursuivis à ce stade", a précisé à l'AFP son avocat, Me Romain Boulet. Les violences sur le mineur ont entraîné une sanction administrative : trois jours avec sursis d'exclusion contre Marc F., des blâmes pour trois autres agents.