"On a retrouvé notre maison avec le même personnel, c'est le plus important": Paulo Malzoni, client brésilien fidèle du Plaza Athénée s'est réjoui lundi de la réouverture intégrale du palace centenaire de l'avenue Montaigne à Paris, "qui mélange désormais passé, présent, un peu le futur".
"La décoration est superbe, c'est fantastique car on a retrouvé notre maison, où on se sent bien, c'est parfait", s'enthousiasme M. Malzoni, qui vient en moyenne "deux fois par an", depuis de nombreuses années. Selon lui, "le plus important est de retrouver le même personnel, que l'on connaît et que l'on est ravi de revoir", ajoute cet homme brun, valise à la main.
Même joie de revenir du côté des employés, qui ont conservé leur contrat et continué à être payés durant les travaux. "Les hommes, les femmes qui travaillent ici depuis des années (100 employés ont 20 ans de maison, 30 en ont 30) connaissent les clients, leurs collègues, les lieux, et c'est ce qui fait la différence avec la concurrence", assure François Delahaye, directeur général de l'établissement du groupe Dorchester.
Les établissements de ce groupe, propriété du sultanat de Bruneï, ont été la cible en mai dernier d'appels au boycott en raison de l'instauration de la charia au sultanat. Si la fréquentation du Beverly Hills Hotel en Californie en a souffert, à Paris, celle du Meurice et les réservations du Plaza Athénée n'ont pas été affectées. "Les clients nous ont manqué et nous sommes très contents de les retrouver. C'est un changement positif, auquel il est très excitant de participer", se réjouit Boubakar Bendjeddah, premier chef de rang, employé du palace depuis 5 ans.
"Adresse haute-couture"
L'idée "était de garder l'âme de l'établissement, tout en lui donnant un nouveau souffle, laissant notamment davantage de lumière y pénétrer", explique-t on à la direction du palace, précisant que l'hôtel de l'avenue Montaigne se positionne désormais comme une "adresse haute-couture". Trois salons privés ont été créés dans de nouveaux espaces aux beaux volumes, dans l'esprit d'une salle de bal. Le lobby, la galerie ont été repensés, et la cour intérieur réaménagée.
Le chantier a été confié conjointement à Marie-José Pommereau, à l'agence Jouin-Menku et à Bruno Moinard. "C'est la quatrième fois depuis 2000 que nous retravaillons sur l'espace au Plaza. C'est un lieu très fort, qui bouge toujours, c'est pour nous un vrai laboratoire", explique le designer Patrick Jouin. Pour le designer Patrick Jouin, qui travaille pour "la quatrième fois depuis 2000" sur le Plaza, le travail consiste à partir "d'une coque classique qui n'a pas bougé, en venant intégrer de la modernité", ou on mélange "le passé, le présent, et un peu de futur".
Par exemple, d'imposantes cloches, servant à dissimuler les chaises ou à s'asseoir, clin d'oeil aux cloches de table, ont été installées dès l'entrée du restaurant Alain Ducasse. "Elles ont nécessité près 3.500 heures de travail d'un artisan", et à côté de cela, "vous avez des porte-sacs blancs, que j'ai dessinés et qui ont été imprimés en 3D", précise M. Jouin.
L'établissement, qui accueille majoritairement une clientèle américaine et anglaise, avait dû fermer en octobre 2013 en raison de l'ampleur des travaux pour connecter au bâtiment historique quatre immeubles mitoyens acquis récemment, soit environ 5.500 nouveaux mètres carrés. Le coût de ces travaux est estimé, selon une source proche du dossier, à 83 millions d'euros. En ajoutant, le coût du personnel et l'acquisition des nouveaux bâtiments, le montant avoisine 200 millions d'euros.
Le Plaza se dote de nouvelles salles mais aussi de 14 chambres et suites supplémentaires, passant ainsi de 194 à 208, dotées de 3,50 mètres de hauteur sous plafond et à l'esprit "d'une vraie demeure parisienne".