Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, Jules, Alixe ou encore Roméo, militants du MoDem se mobilisent sans compter sur les marchés, devant les écoles ou dans les réunions publiques. Reportage dans la 11e circonscription de Paris.
8 heures 15, boulevard Arago dans le 14e arrondissement, les militants se déploient de chaque côté des entrées d'un bâtiment scolaire sous l'œil avisé de la députée sortante du MoDem, Maud Gatel. "Depuis le début de la campagne, je ne compte plus les points de tractage que j'ai pu faire. Ça commence devant les écoles vers 7 h 50 et ça peut finir tard vers 21 heures. Hier, on a fini une réunion publique à 21 h 30", relate Jules.
Ce militant de 27 ans, sans emploi, ex etudiant en histoire et sciences politiques, s'est engagé depuis maintenant cinq ans sous la bannière du MoDem. Mobilisé pour les Européennes au début du mois de juin et il y a deux ans pour les législatives dans cette même circonscription. Depuis l'annonce la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier, Jules comme ses camarades sont sur "tous les fronts". "On a une campagne de 15 jours grosso modo alors qu'en 2022, on avait une campagne qui durait trois mois. On est pleinement mobilisé 7 jours sur 7, car ce sont sûrement les élections les plus importantes depuis 1958", affirme Roméo, un autre militant.
Un scrutin incertain
La 11e circonscription à cheval sur deux arrondissements, au nord sur une partie du 6e et au sud sur une partie du 14e, est détenue par le MoDem depuis 2017. À Paris, c'est la seule circonscription détenue par le Mouvement Démocrate. Aux dernières élections législatives en 2022, à l'issue du 1er tour, la NUPES a devancé de quelques voix le MoDem qui l'a emporté finalement au deuxième tour. Aux élections européennes, la liste à gauche portée par Raphaël Gluksmann est arrivée devant la liste de la majorité présidentielle de Valérie Hayer. Dans le 6e arrondissement, c'est le contraire qui s'est produit. La liste du RN n'a pas dépassé les 8 % dans les deux arrondissements.
Je vois bien ce qui se passe dans le pays, ça va être très compliqué"
Maud Gatel, députée MoDem sortante
Le résultat des prochaines élections dans la 11e circonscription paraît incertain. "Mais quelle que soit la physionomie de l'Assemblée nationale, on aura besoin de gens solides, de gens libres aussi. Ça fait 25 ans que je suis dans la politique. Ça fait quatre fois que je suis candidate, les gens me connaissent ici."
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Pour ses militants, le contact avec le citoyen n'est pas toujours aisé. Distants, parfois cordiaux, les échanges peuvent être parfois plus vifs et témoigner d'un rejet. "Il y a quand même un ressenti négatif sur la personne du Président Marcon, mais pas vraiment sur le programme. Des gens nous disent : ' mais pourquoi a-t'il fait cette dissolution ! ' Et puis, il y a toutes les critiques des gens venant plutôt de l'aile gauche", explique Alixe.
Cette jeune militante, tout juste 22 ans, n'en est pas à sa première campagne. "Je me suis engagée pour les législatives en 2022, après pour les Européennes. Moi, je suis plutôt jeune. J'ai quelques fois des remarques. Des fois, c'est positif et des fois, c'est plutôt négatif. Comme : 'vous n'avez pas honte à votre âge. Vous n'avez pas autre chose à faire.'"
Une course contre la montre
La dissolution passée, la députée sortante et son staff de campagne n'ont eu que très peu de temps pour se mettre en marche. D'abord trouver un financement, la députée sortante y est allée de sa poche : pour 30 000 euros. Un compte en banque et une ligne de crédit ont été ouverts in extremis, dit-elle, vendredi dernier. Ensuite, il a fallu remobiliser les militants. "45 environ sur la circonscription, moins d'une dizaine par jour selon les disponibilités", relate Jules.
"On fait deux écoles tous les matins et ensuite, on fait le 'boîtage', le plus difficile", explique Maud Gatel. Jules patiente devant l'entrée d'un immeuble, attend qu'un résident ouvre la porte pour s'y engouffrer et glisser des tracts de campagne dans les boîtes aux lettres. "On a repris notre plan de campagne de 2022, on fait rue par rue", explique Maud Gatel.
Le temps presse. La fin de matinée approche et il ne faut pas louper le marché à Edgard Quinet à deux stations de métro. Dominé par la Tour Montparnasse, ce marché très fréquenté ce midi, s'étend dans toute sa longueur. À l'entrée, les militants du Modem croisent des militants d'autres partis. Du Nouveau Front populaire, de Divers Centre.
Soudain, Céline Hervieu, la candidate Union de la gauche investie par le Nouveau Front populaire, fait une apparition, traverse le marché et décoche au passage un salut courtois à sa rivale Maud Gatel. "L'élection va juste se jouer entre ces deux-là", affirme un militant témoin de la scène."Je ne vois pas ici de triangulaire au premier tour. À moins d'une présence d'un LR", tempère-t-il. "En tout cas, il n'y aura pas ici de danger RN. Dans cette circo, on est assez privilégié par rapport à ça."