Tout juste nommé à Matignon, Michel Barnier a essuyé samedi les tirs croisés de la gauche, qui a appelé à manifester dans des dizaines de villes pour dénoncer "un coup de force", et du Rassemblement national, qui dit placer le nouveau Premier ministre "sous surveillance".
"La démocratie, ce n'est pas seulement l'art d'accepter d'avoir gagné, c'est aussi l'humilité d'accepter de perdre", a lancé le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon à l'adresse d'Emmanuel Macron, juché sur un camion dans le cortège de la capitale.
Premier baptême du feu pour Michel Barnier qui devait déjà faire face à des manifestations à l'appel de La France insoumise, notamment à Paris où un cortège a arpenté le parcours classique Bastille-Nation, réunissant 26 000 personnes selon la police, 160 000 selon les organisateurs.
🔴⚡ Paris 👭👬👫🧑🤝🧑📣#MarcheDestitution#7septembre pic.twitter.com/LCK6Xzgay2
— Nouveau Front Populaire 🟢🔴🟡🟣🔴 (ex NUPES News) (@NupesNews) September 7, 2024
"Pas une cohabitation" mais une "provocation"
La colère était d'abord tournée contre Emmanuel Macron et son "coup de force démocratique", selon les mots des initiateurs de la marche, furieux de ne pas voir nommée à Matignon Lucie Castets, candidate d'une gauche unie forte de 193 députés.
"Ce que Macron nous offre ce n'est pas une cohabitation, c'est une provocation", a tancé sur BFMTV la cheffe des écologistes Marine Tondelier, promettant de ne pas se "résigner", depuis le rassemblement de Lille - l'un des 150 revendiqués dans le pays.
Le choix de Michel Barnier, issu de la droite, a renforcé la détermination des manifestants. "Nous voyons qu'un pacte a été scellé entre la macronie, la droite et l'extrême droite", a pesté devant la presse parisienne la députée LFI Aurélie Trouvé, alors que fusaient dans la foule des "Macron démission".
Si M. Barnier a indiqué vendredi être prêt à travailler avec la gauche, "personne n'est dupe", a ajouté Mme Trouvé, qui n'a guère apprécié son discours de fermeté sur l'immigration, jugeant qu'il répétait "ce que l'extrême droite a toujours dit".
L'appel à manifester de LFI ne fait pas l'unanimité
L'initiative, lancée fin août par deux syndicats d'étudiants et de lycéens puis reprise en main par LFI, s'inscrit dans une stratégie de contestation plus large des Insoumis qui ont déposé à l'Assemblée nationale une procédure de destitution du président de la République.
Mais les troupes mélenchonistes peinent à faire le plein de soutien à gauche : comme les grandes centrales syndicales, le PS n'a pas relayé l'appel à manifester samedi ; et seuls six élus écologistes et trois ultramarins ont paraphé, en plus des députés LFI, la proposition de destitution.
Michel Barnier en marge de son premier déplacement en tant que chef du gouvernement, à l'hôpital Necker à Paris, a récusé les mots de "coup de force, qu'il n'a pas lieu de prononcer". "On n'est pas dans cet état d'esprit là : l'esprit, c'est de rassembler autour d'un projet d'action gouvernementale", a-t-il encore plaidé, faisant valoir que la situation financière du pays était "grave".