REPORTAGE. La plus ancienne mercerie de Paris déménage, "on a retrouvé des trésors au sous-sol"

Ouverte depuis 1830, la mercerie Ultramod est un repaire pour tous les passionnés et professionnels du monde entier. Divisée en deux boutiques depuis plusieurs décennies, la plus ancienne d'entre elles va fermer ses portes le 15 septembre. L'occasion pour les employés de redécouvrir des trésors anciens oubliés dans les stocks.

"Excusez-moi, c'est juste pour un renseignement. Est-ce que vous vendez les meubles ? J'ai entendu dire que vous fermiez", demande un client sur le pas de la porte du 3 rue de Choiseul, dans le IIe arrondissement. "Non, non. On garde tout ! Mais vous n'êtes pas le premier à me demander ça depuis que nous avons annoncé le déstockage", répond en riant Sidonie (qui n'a pas souhaité préciser son nom de famille), vendeuse depuis deux ans chez Ultramod.

Il faut dire que l'annonce de la fermeture de la plus ancienne mercerie de Paris a de quoi susciter l'intérêt des collectionneurs et des chineurs.

Ouverte depuis au moins 1830, date à laquelle "des articles de journaux parlant de la mercerie ont été retrouvés", et aujourd'hui spécialisée dans l'ameublement et la chapellerie, elle est contrainte de fermer le 15 septembre prochain : le propriétaire des murs souhaite aujourd'hui les récupérer.

Mais en près de deux siècles, Ultramod a pu accumuler des centaines de rubans, boîtes, bobines, meubles et autres tissus anciens. Alors forcément les clients s'attendent à trouver de véritables pépites.

"Il y a des pièces vintage, des produits qu'on ne trouve pas ailleurs"

C'est le cas de Lorraine, 71 ans, passionnée de couture. Venue du Val-d'Oise, elle a suivi les conseils de sa "petite-fille habitant au Mexique" qui "a vu qu'ils faisaient un déstockage avant fermeture".

On a retrouvé des trésors au sous-sol, des choses vraiment extraordinaires. Des vieilles boîtes, une douzaine de boîtes de boutons des années 1940 et 1960, des crêpes en soie datant des années 1940 et même des meubles."

Sidonie

Vendeuse chez Ultramod depuis deux ans

Les bras chargés, elle confie être "venue chiner pour la première fois" ici. "Il y a des pièces vintage, des produits qu'on ne trouve pas ailleurs. Là j'ai trouvé une embrasse de rideau, ou ce rouleau de gros grain, nous montre-t-elle. J'ai eu un coup de cœur pour la couleur, c'est comme ça que je fonctionne en couture. J'ai un stock à la maison et j'attends que l'inspiration me vienne !"

"Des modèles qui étaient destinés à Elisabeth II dans les années 1940"

Au même moment, un groupe de touristes étrangères suivent Rebecca, "une brodeuse hors pair qui guide parfois des Ladies pour leur parler de l'histoire de la mercerie" renseigne Sidonie. Après quelques coups d'œil à travers les 150 m² du magasin, elles se questionnent sur les prix des cônes de feutre (bases pour faire chapeaux).

"Ce sont des modèles qui étaient destinés à Elisabeth II dans les années 1940 mais qui n'ont jamais pu partir à cause de la Seconde guerre mondiale", nous précise la vendeuse, une fois terminé avec les clientes. Ils sont, pour Sidonie, le produit phare de ce déstockage et certains modèles portent les noms de la Reine et de sa sœur Magaret.

Ces produits rares ont fait la renommée de la mercerie et attirent une clientèle étrangère, majoritairement japonaise. Souvent sollicitée pour des films ou des séries, en France comme à l'étranger, la mercerie a notamment participé, "pour les costumes", au film "Le Comte de Monte-Cristo" avec Pierre Niney.

Mais il arrive parfois que même "les vieilles boîtes" que l'on trouve un peu partout dans la boutique soient prêtées "pour des campagnes publicitaires et des films". D'ailleurs, certaines d'entre elles ont été retrouvées parmi les pépites oubliées, sorties de l'ombre grâce au déménagement.

"On a retrouvé des trésors au sous-sol, des choses vraiment extraordinaires, s'enthousiasme Sidonie. Des vieilles boîtes, une douzaine de boîtes de boutons des années 1940 et 1960, des crêpes en soie datant des années 1940 et même des meubles."

Si certaines de ces découvertes ont déjà pris place dans la boutique du 4 rue de Choiseul, comme "les boîtes exposées dans la mezzanine" ou les crêpes de soie déjà proposées à la vente, d'autres comme les boutons "sont en train d'être triées".

"On est miraculeusement restés longtemps"

Si la fermeture de la boutique originelle du 3 rue de Choiseul, qui avait pris ses quartiers il y a presque deux siècles, a de quoi émouvoir certains clients, Sidonie quant à elle reste fixée sur l'avenir - comme le reste de la petite équipe de 5 vendeurs.

"On est miraculeusement restés très longtemps ici, commence-t-elle avant d'ajouter, il n'y aura pas d'adieux ou de larmes dans notre équipe. On sera toujours au 4 rue de Choiseul et dans la prochaine boutique qui ouvrira prochainement dans le IXe arrondissement. On continue !"

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