Dahbia B., la meurtrière présumée de Lola, a été mise en examen pour meurtre et viol avec acte de torture et de barbarie sur mineure de moins de 15 ans. Au cours de l'instruction, des experts psychiatres vont se pencher sur la personnalité de la suspecte.
Les premiers éléments sur la personnalité de Dahbia B., une Algérienne de 24 ans, mise en examen après la découverte du corps de Lola, dans une malle à Paris, et incarcérée à la maison d'arrêt de Fresnes dans le Val-de-Marne, laissent apparaître une vie marquée par la marginalisation et la violence.
Connue des services de police comme victime
La jeune femme de 24 ans est née en Algérie. Elle est arrivée en France en 2016 légalement, avec un titre de séjour d'étudiant. Deux ans plus tard, en 2018, elle est victime de violences conjugales. La suspecte est "inconnue des services de police sauf qu'elle a été victime, semble-t-il, de violences", a affirmé ce mardi devant l'Assemblée nationale, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.
Interpellée le 21 août dernier dans un aéroport français pour défaut de titre de séjour, elle se voit délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Comme elle n'a aucun antécédent judiciaire, elle n'est pas placée dans un centre de rétention administrative (Cra), mais laissée libre avec un délai de trente jours pour regagner l'Algérie.
Dahbia, diplômée d'un CAP restauration, n'avait ni logement, ni emploi, ni ressources, au moment de son interpellation. Domiciliée chez une connaissance habitant dans le Val-de-Marne, elle était hébergée de temps en temps chez sa sœur, qui réside dans le même immeuble que la famille de Lola, dans le 19e arrondissement de Paris. Agée de 26 ans, celle-ci a témoigné devant les enquêteurs de la vie chaotique de sa cadette. "Difficilement insérée", ce qu'ont confirmé les membres de son entourage entendus. Elle a eu "des réveils nocturnes le mois passé au cours desquels (elle) tenait des propos incohérents", a raconté sa sœur aînée.
"Aucune empathie pour sa victime"
Durant sa garde à vue, la suspecte de 24 ans a eu des "déclarations fluctuantes (...) oscillant entre reconnaissance et contestation des faits", a précisé lundi dans un communiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Après avoir détaillé l'enchaînement des faits jusqu'à la mort de Lola et son périple avec la caisse renfermant son corps, Dahbia B. est revenue sur ses déclarations dans ses dernières auditions à la brigade criminelle. Elle a expliqué "avoir raconté un rêve et non la réalité", avançant qu'elle "a pu se défendre face à une agression au couteau tout en indiquant s'être battue contre un fantôme", selon un document consulté par l'AFP.
Elle "n'a montré aucune empathie à l'égard de la victime", est-il souligné dans ce document. "Ca ne me fait ni chaud, ni froid", a-t-elle répondu aux enquêteurs lui présentant des clichés du corps de Lola. "Moi aussi, je me suis fait violer et j'ai vu mes parents mourir devant moi."
Responsabilité pénale ?
La suspecte souffrirait de troubles psychiques, mais une première expertise réalisée lors de sa garde à vue a conclu à l'absence de "péril psychique imminent" et elle a été déclarée apte à être interrogée par les enquêteurs. En outre, elle n'est pas connue des hôpitaux psychiatriques d'Île-de-France, selon les premières vérifications.
Pendant l'instruction, une ou plusieurs expertises psychiatriques seront réalisées pour déterminer si Dahbia B. est atteinte ou non de troubles psychiques et si, le cas échéant, son discernement a pu être altéré ou aboli lors de son passage à l'acte. "Cette irresponsabilité pénale qui va être soulevée au cours de l'instruction est une procédure habituelle en matière criminelle, il n'y a pas lieu d'en déduire en l'état quoi que ce soit", a prévenu son avocat, Me Alexandre Silva, rappelant que sa cliente bénéficiait de la présomption d'innocence.
Il a également tenu à mettre fin aux différentes rumeurs concernant le meurtre de Lola. "La question relative au trafic d'organes, ce n'est pas un sujet, ça n'a jamais fait partie des débats et je ne doute pas que cela n'en fera jamais partie", a-t-il déclaré, ajoutant, "la seconde rumeur consisterait à parler de rituel sur des enfants, là aussi c'est n'importe quoi. Il faut donc que ces rumeurs cessent et que l'on essaye de penser à l'horreur que traverse la famille de la victime." (...)
De leur côté, les parents de Lola ont été reçus ce mardi par Emmanuel Macron. Le Président de la République leur a faire part de "toute sa solidarité et tout son soutien". "Il leur a présenté ses condoléances et les a assurés de toute sa solidarité et de son soutien dans l'épreuve qu'ils traversent et qui nous bouleverse tous", a indiqué l'Elysée.
Sources : AFP