Agnès Buzyn sera bien candidate pour le deuxième tour des élections municipales. Elle se dit « déterminée à terminer la campagne ». L'attente aura été longue pour ses soutiens, aura terni l'image de la majorité présidentielle et fait le jeu de la droite parisienne.
"J'ai mûrement réfléchi à la manière dont je pouvais mener cette campagne dans des circonstances exceptionnelles, politiques et personnelles. J'ai beaucoup travaillé sur le dispositif pour nous permettre d'y aller la tête haute, tenir, trouver les ressources en moi".
L'annonce de son retour dans l'arène politique a été faite en début d'après-midi à la suite d'une réunion avec les têtes de liste des arrondissements et son équipe de campagne.
Après cette déclaration, une militante LREM du XXe arrondissemment confie être : "ni contente, ni mécontente. De toutes façons il y a peu d’espoir qu’elle soit maire. Hidalgo va rester et cela m’ennuie". Elle espère seulement "qu'assez de conseillers municipaux LREM seront élus pour se faire entendre au Conseil de Paris".
Un long silence
La candidate à la mairie de Paris est restée longtemps silencieuse sur ses intentions. Une réunion avec les 16 têtes de listes parisiennes qui devait se tenir ce mardi matin a été annulée tard hier soir plongeant ses partisans et les militants dans l'incertitude. Une précédente réunion, la semaine dernière avait déconcerté ses colistiers. Agnès Buzyn avait alors déclaré : "chacun peut faire sa campagne dans son arrondissement et qu'elle comprenait si certains ne voulaient pas mettre sa photo sur les affiches" selon l'AFP.Beaucoup la pressaient de se déclarer à un mois d' une échéance électorale qu’ils savent difficile, comme Gaspard Gantzer, tête de liste dans le VIe arrondissement. "C’est elle notre candidate jusqu’à maintenant mais, il ne faut plus tarder à enclencher la campagne et les échéances se rapprochent. Il faut commencer la campagne du second tour, déposer les listes et parler aux Parisiens de leurs problèmes".
La candidate LREM à la mairie de Paris avait disparu de l’arène politique et médiatique le 16 mars dernier, après un résultat décevant lors du premier tour. Avec 17,3% des voix, elle écoupait de la troisième position, derrière la maire sortante, la socialiste Anne Hidalgo (29,3 %) et la candidate LR Rachida Dati (22,7 %).
La campagne du premier tour a été difficile pour Agnès Buzyn, entâchée par l’affaire Griveaux et son départ du ministère de la Santé. Puis il y a eu ses propos dans le journal Le Monde, le 17 mars dernier, dans lequel elle parlait de "tsunami" évoquant l’épidémie et une "mascarade" au sujet de la campagne électorale. Des propos qui avaient déclenché la colère parmi les Marcheurs. Sa campagne arrêtée, elle avait revêtu sa blouse de médecin et rejoint l’hôpital de Percy dans les Hauts-de-Seine.
Agnès Buzyn qualifie les élections municipales de “mascarade” face à l’épidémie de coronavirus
La macronie ternie à Paris
L'exclusion de Cédric Villani du parti majoritaire, l'affaire de la sextape de Benjamin Griveaux, puis les hésitations d'Agnès Buzyn ont ébréché l'image du parti présidentiel aux yeux des électeurs parisiens. "Quelles que soient les raisons qui l’ont poussée à donner cette interview au Monde, on ne peut pas expliquer aux électeurs qu’à la veille de la plus grande épidémie depuis un siècle, on quitte le ministère de la Santé pour jouer "une mascarade" pour un jeu politique dans lequel on ne croit pas. C’est une personne très respectable mais c’est une très mauvaise image donnée aux électeurs", explique Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cevipof et professeur à Sciences Po-Paris, contacté ce matin avant l'annonce du maintien de la candidature d'Agnès Buzyn.Les hésitations d'Agnès Buzyn ont également fait le jeu de la droite parisienne. Certains candidats LREM comme la maire sortante du Ve arrondissement, Florence Berthoux, ex-LR, négociaient déjà leur retour au sein des Républicains. Quant à l'ex-LREM Cédric Villani, il s'était dit "ouvert à la discussion" avec son ancien parti, espérant reprendre le flambeau dans la course pour le fauteuil municipal.
La campagne reprend : un chemin de croix ?
La barre paraît plus haute que jamais dans la capitale pour le mouvement présidentiel, qui avait pourtant placé en tête le candidat Macron en 2017 puis sa liste aux Européennes de mai 2019.La candidate LREM devra s’expliquer sur la gestion de l’épidémie alors qu’elle était ministre de la Santé. Des plaintes contre elle ont été déposées auprès de la Cour de justice. Elle doit être auditionnée par la commission d’enquête parlemantaire qui pourrait s’ouvrir dès le mois prochain.
Pour Agnès Buzyn, il va surtout falloir remotiver des troupes qui après ses tergiversations semblent désabusée mais prêtes à se relancer dans la campagne électorale du second tour.