"On a 2 000 ans d'histoire conservés sur 195 m²" : au cœur de Paris, des fouilles archéologiques ramènent à la vie notre passé antique

La cour intérieure de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts décoratifs est le théâtre de fouilles archéologiques depuis le mois d'avril. Pour mettre à l'honneur les journées européennes de l'Archéologie, le site de la rue d'Ulm sera exceptionnellement ouvert au public ce samedi.

C'est au son des pioches et des pelles que l'Ecole des Arts Décoratifs (ENSAD) vit depuis deux mois. À quelques pas du Panthéon, au cœur de la célèbre rue d'Ulm, les archéologues préventifs de l'Inrap creusent, fouillent et passent au peigne fin les 195 m2 qui leur ont été confiés par la DRAC d'Île-de-France. Un travail archéologique obligatoire alors qu'un nouveau bâtiment à destination des étudiants de l'Ensad devrait bientôt voir le jour.

La fouille, déjà bien entamée, laisse apercevoir, tel un mille-feuille géant, des couches distinctes dans le sol. Chaque strate raconte un moment d'occupation, le premier remontant à l'époque de la conquête romaine de la Gaule, au premier siècle avant J.-C. "En 1999, il y avait déjà eu des fouilles dans cette cour. Les archéologues avaient alors trouvé des fondations de maisons gallo-romaines, avec des caves enterrées et du mobilier", explique Jacques Legriel, le responsable des recherches archéologiques.

Des fouilles fructueuses

25 ans plus tard, l'objectif est différent. "La présente fouille se situe devant cette enfilade de maisons. Nous sommes donc sur des espaces extérieurs, peut-être une esplanade ou des petites rues. Notre mission va être d'en déterminer la fonction", poursuit l'archéologue. 

Malgré un espace restreint, les archéologues ont déjà eu de belles surprises et des informations précieuses sur cet ancien site gallo-romain, situé au sommet de la montagne Saint-Geneviève. "Nous sommes ici aux limites de la ville antique de Lutèce, dans ce qui était un quartier artisanal", indique Jacques Legriel. Du premier siècle avant J.-C. au troisième siècle de notre ère, cet espace va servir, entre autres, de fosses pour des déchets domestiques et artisanaux.

C'est ainsi que les archéologues de l'Inrap ont découvert des dizaines de chevilles osseuses, un nom barbare pour désigner le matériau qui compose l'intérieur des cornes de bovidés. "On retrouve tous les objets de la vie quotidienne. Des morceaux de poterie, des épingles à cheveux faites en os, des charnières de porte et quelques pièces de monnaie", raconte l'expert. 

Un site très préservé 

Du IIIe siècle au XVIIe siècle, le site est abandonné, conséquence du repli de la ville antique. L'enceinte médiévale de la capitale se déplace vers l'île de la Cité et l'actuelle cour de l'Ensad devient un champ cultivé. Dans le sol, cette période se concrétise matériellement par une large couche de terre brune. 

À partir du XVIIe siècle, le site devient la propriété des Ursulines. En 1612, elle y fonde leur couvent au moment où de nombreux ordres religieux s'installent dans le quartier. Le lycée Henri IV, par exemple, était une ancienne abbaye augustinienne. Aucune construction ne sera alors faite sur ce terrain, qui abritait la quasi-totalité de l'arrière-cour du couvent. "C'est ce qui explique que la stratigraphie des niveaux antiques soit si bien préservée, détaille Jacques Legriel. On a 2000 ans d'histoire qui sont conservés sur 195 m2."

Les journées européennes de l'Archéologie

Les fouilles se terminent le 19 juillet prochain, mais la recherche, elle continue. Tous les objets retrouvés vont être lavés et inventoriés au Centre archéologique de la Courneuve. Chaque spécialiste va ensuite recevoir les différents éléments retrouvés (céramique, monnaie, ossement) pour être expertisés et permettre ainsi de mieux comprendre la fonction du site antique.

À l'occasion des journées européennes de l'Archéologie, le site sera exceptionnellement ouvert au public ce samedi 15 juin, entre 10h et 17h au 31, rue d'Ulm. Le public pourra venir échanger avec les archéologues de l'Inrap sur les fouilles en cours, mais également sur leur travail au quotidien. 

Plusieurs sites de l'Inrap seront également ouverts au public en Île-de-France ce samedi.  

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