A la veille de la "marche des fiertés" et des 10eme Gay Games, Paris souhaite changer le regard porté sur le monde gay. Un pari audacieux.
A l'occasion de la marche des fiertés, un édifice de la république hisse le drapeau arc-en-ciel.
Samedi, l'Assemblée Nationale embrasse la cause LGBT et affiche son soutien contre les violences homophobes qui se multiplient dans la capitale. Telle est la volonté du Président de l'Assemblée Nationale, François de Rugy.
J’ai souhaité que l’Assemblée nationale soit pavoisée du drapeau Arc-en-ciel à l’occasion de la "marche des fiertés" qui se déroulera samedi à Paris.
La Représentation nationale s’engage contre les discriminations et l’homophobie.
— François de Rugy (@FdeRugy) 28 juin 2018
J’ai souhaité que l’Assemblée nationale soit pavoisée du drapeau Arc-en-ciel à l’occasion de la « Marche des Fiertés » qui se déroulera samedi à Paris.#PolMat #Marchedesfiertes2018
Messages d'homophobie croissants à Paris
Le dernier en date, ce matin. A nouveau dans le quartier du Marais à Paris. A nouveau, comme mardi dernier.
Des passages piétons arc-en-ciel dévoilés pour la quinzaine des fiertés gays vandalisés.
Nouvelles dégradations des passages piétons . La visibilité de nos combats dans l’espace public est indispensable. Elle a un sens tout particulier alors que 43% des personnes #LGBT évitent de tenir la main de leur partenaire dans la rue par crainte des agressions. Joël Deumier
Nouvelles dégradations des passages piétons . La visibilité de nos combats dans l’espace public est indispensable. Elle a un sens tout particulier alors que 43% des personnes #LGBT évitent de tenir la main de leur partenaire dans la rue par crainte des agressions. pic.twitter.com/QBLJOJtw6T
— Joël Deumier (@joeldeumier) 29 juin 2018
Pour nous c’était un détail mais pour les fachos c’était un affront. Cette nuit ils ont tagué les passages piétons rainbow du Marais avec l’inscription « LGBT hors de France ». Il va falloir leur expliquer à ces abrutis moyenâgeux qu’on est là pour un petit bout de temps...
Pour nous c’était un détail mais pour les fachos c’était un affront. Cette nuit ils ont tagué les passages piétons rainbow du Marais avec l’inscription « LGBT hors de France ». Il va falloir leur expliquer à ces abrutis moyenâgeux qu’on est là pour un petit bout de temps... pic.twitter.com/jlEDb5WRkg
— Maxime Cochard (@MCochard_) 26 juin 2018
Mardi, face à cette démonstration haineuse, la maire de Paris a immédiatement condamné :
Cette nuit, des passages piétons arc-en-ciel du Marais ont été vandalisés. Cette homophobie crasse nous rappelle à quel point la #MarchedesFiertés est un événement utile. Soyons tous samedi dans les rues de #Paris pour l'égalité des droits !
Cette nuit, des passages piétons arc-en-ciel du Marais ont été vandalisés. Cette homophobie crasse nous rappelle à quel point la #MarchedesFiertés est un événement utile. Soyons tous samedi dans les rues de #Paris pour l'égalité des droits ! #LoveWins #Pride
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 26 juin 2018
Aussitôt une enquête a été ouverte.
Critiquer la légalité de repeindre des passages piétons aux couleurs arc-en-ciel, c'est oublier qu'en France, l'homophobie est un délit passible d'un an d'emprisonnement et 45 000€ d'amende, comme les autres formes de discrimination.
Et, pied de nez de la municipalité, la ville sera encore plus gaie, avec deux passages piétons multicolores LGBT supplémentaires installés dans le Marais de façon définitive.
Paris se veut « une ville refuge qui fait sienne les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Pour qu’elles s’inscrivent à jamais en ses murs, les passages piétons arc-en-ciel créés pour la #MarcheFesFiertés seront permanents !
#Paris est une ville refuge qui fait sienne les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Pour qu’elles s’inscrivent à jamais en ses murs, les passages piétons arc-en-ciel créés pour la #MarcheFesFiertés seront permanents ! #ParisEstFière #LGBT pic.twitter.com/do6lJoTZWm
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 27 juin 2018
Homophobie : un constat alarmant
Selon la dernière étude de l’IFOP, 53 % des personnes LGBT ont fait l’objet d’une forme d’agression à caractère homophobe au cours de leur vie.
Les formes verbales d’homophobie sont les plus répandues, notent les auteurs de l’étude :
plus d’un quart (28 %) des LGBT (et jusqu’à 49 % chez les homosexuel(le-s) ont déjà fait l’objet d’insultes ou d’injures homophobes, dont 7 % au cours des douze derniers mois.
De même les agressions physiques ne sont pas rares :
un quart des LGBT (24 %) a déjà été agressé sexuellement et plus d’un sur six (17 %) ont fait l’objet d’actes de violences physiques, dont 39 % des homosexuel(le-s) résidant dans des banlieues « populaires ».
Aux violences verbales et physiques, s’ajoutent les menaces :
18 % des LGBT ont fait l’objet de menaces « d’outing » (révélation publique), cette proportion montant à 24 % chez les homosexuel(le-s) et autour d’un tiers dans les banlieues dites « populaires » (34 %) ou perçu(·e-s) comme racisé(e-s) (32 %).
Les « manifestations gays » sous haute-surveillance
Dans ce contexte, il va sans dire que ces manifestations, la "marche des fiertés", samedi, et les Gay Games du mois d'août se dérouleront sous très haute protection.
Entre les actes homophobes, comme ceux de cette dernière semaine à Paris, et la volonté affichée de Daesch « de casser du pédé », le syndrome Orlando est encore dans tous les esprits.
Fluctat nec mergitur
Poètes et chanteurs la célèbrent. Des cinéastes telles que les sœurs Wachowski la saluent.
Les réalisatrices sont tombées sous le charme « gay » de la capital et clôturent même leur série "Sense8" avec un épisode tourné à la tour Eiffel. Selon les critiques "Sense8" a su toucher une partie du public grâce à son message de tolérance, son ouverture et sa philosophie optimiste qui appelle à l’amour de l’autre et de ses différences.
Que ce soit ce samedi à Paris ou en août pour les Gay Games le drapeau arc-en-ciel flottera haut et fort dans le ciel de la capitale.