Paris : un camp de jeunes migrants installé pour exiger une meilleure prise en charge par l'Etat

Depuis lundi soir, un campement composé de 65 personnes s'est installé dans le square Jules Ferry situé près de la place de la République à Paris. Tous sont des mineurs isolés. Plusieurs associations demandent à l'État à les prendre en charge.

 


Ils ont entre 15 et 17 ans. Tous sont des mineurs étrangers isolés. Depuis hier soir ce groupe composé d'une soixantaine d'adolescents s'est installé dans des tentes individuelles en plein cœur de la capitale. Un rassemblement volontairement installé à l'initiative de plusieurs associations d'aide aux migrants pour exiger une meilleure prise en charge de ces jeunes par l'Etat et les collectivités.
 

 

Des mineurs isolés étrangers livrés à eux-même

Dans un communiqué, cinq associations - Utopia 56, Médecin sans frontière (MSF) et le Comede (Comité pour la santé des exilé.e.s), les Midis du MIE et TIMMY Soutien aux Mineurs Exilés - interpellent les conseils départementaux d’Ile-de-France sur les conditions de vie jugées inacceptables des mineurs étrangers:  "on demande à ce que soit enfin organisée une prise en charge réelle et systématique des jeunes se déclarant mineurs et isolés, c’est à dire un hébergement adapté à leur vulnérabilité ainsi qu’un accompagnement éducatif, sanitaire et social, et ce jusqu’à la décision judiciaire finale statuant sur leur situation". Toutes ces associations militent pour que les jeunes soient reconnus comme mineurs, donc comme enfants en danger.  Or la justice les a identifiés comme majeurs. Un recours a été déposé. "Un recours peut durer entre six mois et un an et demi, or aujourd'hui rien n'est adapté pour héberger et accueillir dignement ces jeunes en attendant leur jugement", explique Florent Boyer, coordinateur à Paris d'Utopia 56, qui n'acceptera pas "une simple mise à l'abri de la part de l'Etat".

Environ 300 mineurs isolés à Paris

Julie Lavayssière, également de l'association Utopia 56 insiste "Il n'existe aucun dispositif adapté pour accueillir ces mineurs","ce que l'on demande c'est la création d'un lieu pérenne pour que ces jeunes qui ont tous posé un recours en justice, ne soit pas simplement hébergé temporairement dans un gymnase". "On ne peut pas laisser des centaines de jeunes, en Île-de-France, à la rue ou seulement pris en charge par les associations. C'est à l’État et aux conseils départementaux, de trouver des solutions".

Mêmes revendications pour Médecin sans frontière. Aujourd'hui ces jeunes doivent "s'appuyer uniquement sur l'aide des associations pour être hébergés, nourris et soignés", regrette Caroline Douay, coordinatrice de projet chez MSF, qui veut mettre les départements et la mairie de Paris, en charge des questions des mineurs isolés, "face à leurs responsabilités".

"Entre 600 à 800 migrants sont à la rue à Paris et dans le nord-est de l'Ile-de-France"

Pierre Henry, Directeur Général de France Terre d’asile


Ces dernières semaines, on a clairement "une remontée du nombre de personnes qui sont à la rue" explique Pierre Henry, Directeur général de France Terre d'asile. Pour cette association sur s'occupe des migrants particulièrement à Paris et dans le nord-est de l’Île-de-France, les chiffres parlent d’eux-mêmes. "Depuis le mois de mai, les chiffres sont encore plus élevés que d'habitude, le nombre de personnes à la rue est passé de 100 à environ 600 à 800".

"A France Terre d'asile nous nous occupons de tous les migrants qu'ils soient mineurs ou majeurs"."L'hébergement doit être garanti pour tous, ce qui ne veut pas dire un droit de séjour" précise Pierre Henry. "La prise en charge des migrants diffère d'un département  à l'autre mais il y a clairement un dysfonctionnement dans l'hébergement de ces personnes"."Au sein de notre association, nous travaillons à résoudre ce problème, avec les services de l’État, en privilégiant toujours l’intérêt des migrants".  
En avril dernier, avocats, ONG et associations avaient envoyé un signalement au procureur de la République de Paris, pour l'alerter de la situation de ces mineurs "livrés à eux-mêmes" et exposés à un "danger grave" faute d'hébergement pendant le confinement. Pour l'heure, ces mineurs isolés ne bénéficient que de l'aide des associations.
 

 
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