Après la polémique il y a quatre ans sur la future tour Triangle, les six projets de tours et le projet d'aménagement de la ZAC Bercy-Charenton (XIIe) promettent d'être âprement contestés la semaine prochaine en Conseil de Paris.
"Le mandat de (la maire PS) Anne Hidalgo a été marqué par un feu d'artifice de bétonisation", a lancé jeudi devant la presse l'élue d'opposition LR Valérie Montandon, et la zone d'aménagement concertée "Bercy-Charenton, c'est le bouquet final !", a dénoncé l'élue du XIIe arrondissement où ce projet va se réaliser.Le dossier de "l'un des plus vastes projets d'aménagement de la mandature", selon Jean-Louis Missika, adjoint à l'urbanisme de Mme Hidalgo, sera en effet soumis lundi 2 juillet au vote, que certains annoncent serré, des élus parisiens sur le démarrage de sa phase opérationnelle.
#ConseilDeParis Conf de presse : @VMontandon démontre la surdensification et bétonisation de la ZAC Bercy-Charenton.
— les Républicains et Indépendants 75 (@Republicains_75) 28 juin 2018
Nous demandons :
➡️ rénovation de l'échangeur #Bercy
➡️maintien act. commerciales et artisanales
➡️➕ de mixité sociale
➡️50% de logements étudiants pic.twitter.com/Z3OySDvl4B
Six tours
La ZAC s'étale sur 80 hectares au sud-est de la capitale -dont 18 aménageables- aujourd'hui coincés entre périphérique et échangeur de l'A4, parsemés des voies ferrées de la gare de Lyon et de Bercy.
Elle devrait accueillir, à l'horizon 2030, quelque 9.000 nouveaux habitants, des équipements publics, des bureaux, des commerces, des hôtels et 13.000 emplois, un jardin de deux hectares avec, en tête de pont, six tours "écologiques" dont un gratte-ciel de 180 mètres de haut.
Les tours "sont au cœur du projet", dit l'élu, des tours dont la hauteur diminuera progressivement "pour ménager la transition" avec les bâtiments environnants et qui "dialogueront" avec les futures tours Duo de Jean Nouvel sur la rive gauche.
Signé par l'agence de l'architecte britannique Richard Rogers (concepteur avec Renzo Piano du Centre Pompidou), ce sera un quartier "qui vivra jour et nuit", s'est félicité M. Missika, et qui présentera des "solutions innovantes en matière d'énergie, de gestion des eaux de pluie, de lutte contre les ilôts de chaleurs".
Ce sera un "nouveau signal, qui transforme les portes de Paris en places du Grand Paris". Le projet entend en effet désenclaver ce quartier et améliorer le passage avec la ville de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) voisine, en "réparant la blessure" du périphérique.
« Nous voterons contre la création de 6 nouvelles tours sur la ZAC #BercyCharenton ! Un autre projet est possible pour un Paris ➕ vivable, ➕convivial, ➕ respirable ! »#StopAuxToursAParis pic.twitter.com/7iRlVUzs7R
— Groupe écolo Paris (@ecoloParis) 28 juin 2018
"Densification anachronique"
Le vote, qui doit notamment acter d'une modification du plan d'urbanisme pour ériger une tour dans Paris, promet d'être disputé, avec une première ligne de fracture entre l'exécutif socialiste et ses partenaires écologistes.
"C'est un projet de surdensification et de bétonisation", a affirmé David Belliard, président du groupe écologiste, qui a proposé un contre-projet, sans tours, et lancé une opération de pétition pour demander un référendum.
Les écologistes avaient déjà été les fers de lance en 2014 et 2015 de la lutte contre la tour Triangle dans le XVe, dont la première pierre doit être posée avant 2020.
Mais ils ne sont pas les seuls. Les Républicains, La France insoumise, le groupe UDI-MoDem votera contre le projet, pour cause de "densification anachronique et excessive", dit la président LR Florence Berthout. "Nous ne sommes pas par principe contre les tours, cela dépend de là où on les pose et à quoi elles servent", dit Eric Azière (UDI-MoDem).
Les macronistes ex-LR ou ex-PS voteront pour, en proposant quelques aménagements.
Tous s'inquiètent en revanche de l'absence de desserte en transports. Y compris le groupe communiste qui votera en faveur du projet car "il maintient des populations qui ne pourraient pas vivre à Paris" sans logement social, dit Nicolas Bonnet-Oulaldj.
Une critique acceptée par l'exécutif et... qui renvoie la balle à Valérie Pécresse, patronne des transports franciliens et présidente LR de la région, à qui il demande une gare du RER D, des bus ou un tramway.