L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie ce lundi après la diffusion d'une vidéo montrant un policier asperger de gaz lacrymogène les affaires de migrants, les rendant inutilisables. L'illustration d'un "harcèlement de rue quotidien" selon l'association Utopia 56.
Un signalement a été effectué lundi auprès de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) après la diffusion d'une vidéo montrant un policier asperger au gaz lacrymogène les effets personnels de migrants sans-abri à Paris, a appris l'AFP de sources concordantes. Sur une vidéo relayée la semaine dernière sur Twitter par l'association d'aide aux exilés Utopia 56, visionnée plus d'un million de fois, on aperçoit un CRS qui diffuse plusieurs jets de gaz lacrymogène, notamment sur un matelas à même le sol dans un campement de fortune sous le métro aérien du nord-est parisien. La scène se passe près de la station de métro "Stalingrad", dans le 19e arrondissement de Paris, où un peu moins de 100 sans-domicile fixe vivent. "J'ai pu filmer des pratiques qui existent mais qui ont toujours lieu quand on a le dos tourné", a expliqué à l'AFP une militante et observatrice indépendante qui souhaite se faire appeler Ema et qui a effectué le signalement.
Interrogée, la police nationale a indiqué à l'AFP que les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) ont ouvert une enquête administrative sur ces faits, sans préciser la date d'ouverture de l'enquête.
"Un harcèlement policier quotidien"
Le 9 mars, lorsqu'elle a vu un CRS asperger "de plusieurs jets des matelas et des affaires personnelles suspendues sur un grillage", cela faisait "trois mois" que la militante effectuait des "observations du harcèlement policier quotidien" sur les campements sporadiques du nord-est de la capitale. "J'attends que ces faits soient sanctionnés et que cela serve d'exemple", a-t-elle insisté. "Le harcèlement de rue est enfin démontré", a abondé Nikolaï Posner, un responsable d'Utopia 56 qui a accompagné la démarche de la militante. L'association, elle, a effectué vendredi un signalement à la Défenseure des droits Claire Hédon.
Depuis la diffusion de la vidéo, le campement situé au pied du métro Stalingrad "n'est plus démantelé", a observé Utopia 56, alors que depuis plusieurs semaines les sans-abri "se faisaient évacuer tous les matins". Deux jours avant la diffusion de la vidéo, "on avait distribué des couvertures et des matelas" aux quelque "50 à 100 demandeurs d'asile afghans, soudanais et tchadiens qui dorment là tous les soirs", a ajouté Nikolaï Posner.
Avec AFP.