Une cinquantaine de bars parisiens au moins boycotteront la fête de la musique samedi, pour protester contre les "agissements abusifs de la préfecture" et le manque d'intérêt de la mairie pour la nuit, répondant ainsi à l'appel, lancé debut juin, du "maire de la nuit" .
Le "maire de la nuit", Clément Léon R, "élu" en novembre 2013, par les noctambules parisiens, a lancé début juin, sous le slogan "Faites du silence" son appel "à ne faire aucun bruit, aucun concert, aucun DJ set (...) pour la fête de la musique, en signe de protestation contre les agissements abusifs de la préfecture de police de Paris, le manque de volonté politique de la mairie de Paris de s'intéresser à la nuit, et les plaintes des associations de riverains".
Les rues Saint-Maur, Oberkampf et Jean-Pierre Timbaud, très fréquentées la nuit depuis une décennie, verront une trentaine au moins de leurs bars fermer, selon Selim Hammoumi, président de l'association Village Timbaud. « On fermera et on mettra des draps noirs », dit-il.
Il poursuit : « Nous avons fait beaucoup pendant trois ans pour lutter contre le bruit: nous avons mis des sondes sonores devant nos établissements, embauché des "chutteurs" (personnes chargées de rappeler régulièrement dans la soirée qu'il faut limiter le volume sonore), mis en place une hotline où les riverains pouvaient appeler, mais la pression ne cesse de s'accentuer. Aujourd'hui nous perdons du chiffre d'affaires, le quartier est en train de chuter».
D'autres bars, notamment dans les XVII, XVIIIe et XIXe arrondissements, ne diffuseront pas de musique, et mettront sur les vitrines une affiche proclamant: "Boycottons la fête de la musique. Nous protestons contre la politique anti-convivialité qui règne à Paris les 364 autres jours de l'année".
M. Hammoumi et Clément Léon R. doivent rencontrer vendredi 20 juin le conseiller de Paris délégué à la nuit Frédéric Hocquard, rattaché au premier adjoint de la maire de Paris Bruno Julliard. La "feuille de route" de ce dernier prévoit la mise en place d'un "conseil de la nuit" censé se réunir une première fois avant l'été 2014.
Depuis plusieurs années, "la vie de la nuit" à Paris est un thème de friction entre les riverains des quartiers concernés, la Ville de Paris, la Préfecture de police et les établissements ouverts la nuit. En 2010, la Ville de Paris avait tenté de rassembler tous les acteurs dans des "Etats généraux de la nuit" dont il n'était pas ressorti grand chose.