Port de l'uniforme à l'école : "J'espère qu'ils ne seront pas trop genrés", la question divise les parents alors que des écoles s'y préparent

Plusieurs écoles de Puteaux dans les Hauts-de-Seine feront l'expérience des tenues uniques pour les élèves à partir du printemps prochain. Cette perspective inquiète certains parents en quête de réponses de la part de la mairie qui s'est portée volontaire pour ce test.

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"Nous n'avons été consultés à aucun moment." Chloé Selhami est mère de famille. Les enfants de cette habitante de Puteaux dans les Hauts-de-Seine vont à l'école primaire des Bergères. En mars prochain, cet établissement fera partie des quatre sélectionnés dans la commune pour expérimenter l'uniforme à l'école.

La municipalité s'est portée volontaire pour tester cette mesure à la demande de l'Education Nationale le 6 décembre dernier. Une décision qui a surpris les parents des écoles concernées. "On a appris cela avec un grand étonnement et sans avoir notre mot à dire. Cela n'avait été mentionné dans aucun conseil d'école auparavant", commente Chloé Selhami, qui est également tête de liste pour la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE) de l'école des Bergères. De plus, elle affirme que les parents n'ont eu connaissance de cette mesure que par le biais de la presse. "L'école ne nous a toujours pas envoyés de mail à ce sujet."

La FCPE regrette l'absence de débat au sujet des uniformes. Elle estime ne pas avoir été informée des enjeux d'une telle mesure. Du fait de l'effet de surprise, la fédération n'a pas encore officiellement communiqué sur l'expérimentation, que ce soit au niveau local ou national. En tant que mère de famille, Chloé Selhami s'interroge sur la nature des uniformes. "J'espère qu'ils ne seront pas trop genrés. Pour les filles par exemple, le port de la jupe peut être compliqué. D'abord sur un plan pragmatique. Pour faire du sport par exemple. Cela peut également être un problème en primaire car certaines pourraient subir le fait que l'on soulève leur jupe. On risque d'entrer dans des schémas discriminants."

Elle pose aussi la question du coût des uniformes. "On sait que l'état et la commune prendront 50% chacun. C'est bénéfique pour les parents mais cela risque de pénaliser les communes plus modestes. Cela pourrait être encore un autre vecteur d'inégalités entre les villes." Le kit de base coûtera 200 euros selon les estimations du gouvernement. Enfin, concernant l'impact de l'expérimentation, elle avoue avoir "du mal à comprendre comment on va pouvoir mesurer l'impact des uniformes sur l'ambiance générale dans la classe et au sein de l'école".

"Les enfants trouveront d'autres moyens de se moquer"

Pour Francis Poézévara, élu d'opposition au conseil municipal, cette mesure risque de créer davantage de discriminations. "Les écoles concernées se trouvent dans les quartiers populaires de la ville. Les enfants risquent de ne pas comprendre pourquoi eux portent l'uniforme tandis que d'autres élèves des quartiers aisés peuvent continuer à s'habiller comme ils le souhaitent."

Le coordinateur national adjoint de Géneration. s pense que cette expérimentation ne fait que déplacer le problème des inégalités sociales et du harcèlement. "Même s'ils portent les mêmes vêtements, ils parleront des fournitures ou des chaussures pour se moquer des autres", note-t-il.

La mairie y voit une façon de lutter contre le harcèlement scolaire

De son côté, la mairie assure que l'instauration de l'uniforme "permet de favoriser le sentiment de cohésion au sein des écoles." Dans son communiqué de presse, la municipalité estime que le port d'une tenue unique "aide à réduire les distinctions sociales et les pressions relatives à la mode et au statut social." Elle y voit une façon de "lutter contre le harcèlement scolaire." Elle reconnaît cependant que cette mesure "ne résoudra pas l’ensemble des maux dont souffre l’école en France." Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire LR de la commune estime que ce dispositif concernera environ 1 000 élèves d'ici septembre 2024.

Le 6 décembre dernier, cette expérimentation nationale a été annoncée par le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal. L'annonce détaillée devrait être faite "d'ici les fêtes" pour développer les contours de cette expérience. Gabriel Attal s'est dit "intéressé de voir ce qu'une expérimentation de grande ampleur donnerait comme résultats en matière de climat scolaire". Il souhaite également en mesurer sur le niveau des élèves, l'autorité à l'école, le harcèlement scolaire et les questions de laïcité. 

     

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