Ce mercredi 29 juin, le verdict des attentats du 13 novembre 20515 a été rendu par la cour d'assises spéciale de Paris après dix mois d'audiences. Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie de commandos qui ont fait 130 morts a été condamné à la peine la plus lourde du code pénal.
Salah Abdeslam, principal accusé au procès des attentats du 13-Novembre, a été condamné ce mercredi soir à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible par la cour d'assises spéciale de Paris. Les juges l'a reconnu coupable de "meurtres en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste".
La réclusion criminelle à perpétuité incompressible ou "perpétuité réelle", à laquelle a été condamnée Salah Abdeslam, est la peine la plus lourde du code pénal. Cette "perpétuité réelle" rend impossible de demander un aménagement de peine. Le condamné peut toutefois, au bout de trente ans passés en prison, demander au tribunal de l'application des peines de revenir sur cette impossibilité.
Les cinq magistrats professionnels ont suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT) qui avait réclamé cette sanction rarissime, qui rend infime toute possibilité de libération, à l'encontre du seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
Les avocats d'Abdeslam, Mes Olivia Ronen et Martin Vettes, avaient plaidé contre cette perpétuité incompressible, une "peine de mort lente". Ils n'ont pas souhaité réagir mercredi soir.
Le Français de 32 ans, à l'isolement total en prison depuis plus de six ans, a affirmé à plusieurs reprises au cours des débats avoir "renoncé" à déclencher sa ceinture explosive le soir du 13 novembre 2015, par "humanité".
Le gilet explosif dont il était porteur "n'était pas fonctionnel", remettant "sérieusement en cause" les déclarations de l'intéressé sur son "renoncement", a souligné la cour.
Quatre ans à la perpétuité
Mohamed Abrini, l'"homme au chapeau" des attaques de Bruxelles, qui était également "prévu" dans les commandos du 13-Novembre, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux années.
Osama Krayem et Sofien Ayari, dont l'accusation avait affiché la "certitude" qu'ils devaient commettre un attentat à l'aéroport d'Amsterdam le 13 novembre 2015, ont été condamnés à trente ans de réclusion criminelle dans deux tiers de sûreté. Mohamed Bakkali, considéré par le parquet national antiterroriste comme l'"homme de confiance" des logisticiens de la cellule, a lui aussi écopé de trente ans de réclusion, dont deux tiers de sûreté.
Les peines prononcées contre les 20 accusés s'échelonnent de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité. La cour a globalement suivi les demandes du ministère public contre les 14 hommes présents à l'audience - six autres, dont cinq hauts cadres de l'Etat islamique présumés morts en Syrie - étaient jugés par défaut.
Les condamnés ont la possibilité de faire appel de cette décision pendant 10 jours.
Les 3 accusés qui comparaissaient libres sont ressortis libres.
Réactions
Pour les victimes des attentats du 13 novembre 2015, c'est la fin de 149 jours d'audience. Les réactions ont été nombreuses une fois les peines prononcées par la cour. "Les peines sont assez lourdes. Ils ne sortiront pas tout de suite de prison. On va savourer, je ressens beaucoup de soulagement. 10 mois de procès, ça aide à se reconstruire. C'est fini, ça va faire un vide", a commenté Sophie, une rescapée du Bataclan à la sortie de la salle d'audience, les larmes aux yeux.
L'audience criminelle s'est refermée ce mercredi soir. L'audience civile aura lieu à partir du 7 juillet prochain.