Ce mercredi 29 juin, après 10 mois d'audience, le verdict du procès des attentats du 13-Novembre sera rendu. Un moment particulier, potentiellement éprouvant psychologiquement pour toutes les victimes
"Même si on n’est pas bien tous les jours, cette communauté (de victimes, ndlr) a fonctionné pendant des mois. Et la semaine prochaine, tout va s’arrêter", confie Michel à France Télévisions. Ce dernier a perdu sa fille et sa première épouse au Bataclan le 13 novembre 2015. Depuis septembre 2021 – date d’ouverture du procès des attentats – il est venu une quarantaine de fois au palais de justice de Paris, où se sont déroulés les audiences.
Et alors que le verdict doit être rendu ce mercredi 29 juin, Michel se prépare, comme beaucoup de victimes et de familles de victimes, à l’après-procès. Car le verdict, surtout dans un procès historique comme celui des attentats du 13-Novembre, est un moment particulier et potentiellement éprouvant psychologiquement.
Il y a peur la du vide, de se retrouver sans rien.
Carole Damiani, directrice "Paris aide aux victimes"
"Pour les personnes présentes au tribunal ou en webradio, le verdict, c’est un choc. C’est un sentiment très difficile à définir. On ne sait pas comment les victimes vont l’appréhender", explique Carole Damiani, directrice de l’association "Paris aide aux victimes" au micro de France 3 Paris Île-de-France. Cette association accompagne les personnes qui en ont besoin depuis le début du procès, mais aussi depuis 2015. Mme Damiani confie que "depuis deux-trois semaines, les questions autour du verdict sont très présentes".
"Rupture moins brutale"
"Ce qu’on observe souvent, c’est qu’il y a une crainte, de la part de beaucoup de victimes, de l’après (procès). Il y a la peur du vide, de se retrouver sans rien", assure-t-elle. Car pendant les dix mois d’audience, les parties civiles ont partagé, ensemble, de longues heures de débat, des larmes et des sourires. "Il y a le procès en lui-même et ce qu’il a pu apporter ou non comme réponse, mais aussi des effets de groupes, notamment à l’intérieur de la salle", précise la directrice de "Paris aide aux victimes".
"On voyait des personnes qui parlaient entre elles dans la salle ou sur les marches du palais de justice, qui se saluaient le matin, qui se disent au revoir le soir, qui se rejoignaient au café du soir… Le verdict, c’est quitter le procès, et tout l’environnement autour", raconte Mme Damiani.
Cette dernière indique que l'association continuera de fournir un soutien aux victimes, même après le verdict.
"Pas la peur de vivre"
Certains ont déjà pris leurs dispositions pour l'après-verdict. "J’ai anticipé. Ce n’est pas une question de peur, mais je sais que dès le jeudi 30 (juin), j’ai rendez-vous pour discuter avec une psychothérapeute", explique Michel.
D’autres ont hâte que le procès se finisse, afin de passer à autre chose, et de construire l’avenir. C’est notamment le cas de Georges Salines, un ancien médecin qui a perdu sa fille au Bataclan. Il est venu presque tous les jours au Palais de justice. "Je n’ai pas la peur de vivre. J’ai au contraire une certaine impatience de récupérer un peu de temps libre pour davantage me consacrer à ma famille", confie-t-il. "Je suis déjà impliqué et investi dans plusieurs activités qui tournent autour de la prévention du terrorisme", ajoute-t-il. Il s’agit en d’autres termes, d’agir pour surmonter la peine.
Ce mercredi soir, les victimes et les familles devraient suivre attentivement le verdict de la cour d'assises spéciale de Paris.
A l'approche de l'échéance, Aude Blacher et Louise Simondet ont recueilli des témoignages de victimes.