Procès du 13-Novembre : "Il y a plein de choses qu’on ne saura pas"

Mercredi, Salah Abdeslam a refusé de s’expliquer sur le déroulé précis du 13 novembre 2015 face à la cour d’assises spécialement composée. De quoi jouer avec les nerfs des parties civiles, qui ne cachent pas leur déception.

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Salah Abdeslam "fait le show", regrette ce jeudi matin Philippe Duperron, président de l’association 13onze15 Fraternité-Vérité et père d'une victime du Bataclan. Mercredi, Salah Abdeslam, l’unique membre encore en vie des commandos terroristes du 13 novembre 2015, a décidé de garder le silence pendant une grande partie de son interrogatoire.

"Salah Abdeslam a fait usage de son droit au silence. C'est un droit qui lui est reconnu. C'est un droit que nous ne contestons pas. C'est le mérite d'un procès équitable que nous avons toujours demandé et dont nous sommes fiers. Mais on ne peut pas dire que nous restons insensibles à ce silence alors que lui-même avait annoncé qu'il devait faire des révélations", réagit Philippe Duperron.

Et d'ajouter : "Au demeurant, nous sommes convaincus que le procès continuera qu'ils acceptent, lui et les autres, de répondre aux questions qui leur sont posées, ou non".

Au cours de son interrogatoire, l’accusé a finalement répondu à quelques questions. Il a notamment réaffirmé avoir renoncé à déclencher son gilet explosif le soir des attentats. "Pas par lâcheté, pas par peur, parce que je ne voulais pas, c'est tout", selon lui. Salah Abdeslam a également affirmé avoir abandonné le gilet dans une rue résidentielle de Montrouge, après avoir retiré lui-même la pile et le bouton poussoir, afin que le dispositif ne puisse plus être déclenché d’après lui.

"La dernière chance est passée, a priori"

"On se met entre ses mains, il fait du teasing quelques jours avant ses prises de parole et puis ensuite, il change de pied. En fait, il se moque de nous. Si nous le laissons jouer ce jeu-là, nous nous mettons dans la position où nous serons à nouveau victimes puisque nous lui donnons la maîtrise et nous nous préparons inévitablement à des frustrations. Il ne faut pas que nous cédions à ce jeu qualifié par certains de pervers", déplore Philippe Duperron.

"Aujourd’hui, il n’a pas parlé en expliquant bien au début que c’était de notre faute, en culpabilisant ceux qui ne le croyaient pas : 'Ce n’est pas la peine que je parle, puisque de toute façon ça ne sert à rien, vous ne me croyez pas, et de toute façon vous allez me condamner de manière injuste', réagit de son côté Me Gérard Chemla, un avocat des parties civiles. On est toujours dans le retournement des choses. La victime devient l’auteur. Et lui devient victime des victimes. On est dans un système qui est assez immuable."

Christophe Naudin, rescapé du Bataclan, exprime également une certaine déception : "Il y a plein de choses qu’on ne saura pas. Je le pensais déjà avant le procès. Là, la dernière chance est passée, a priori."

Les familles se posent encore de nombreuses questions, souligne Philippe Duperron. "Sur le Stade de France : comment se fait-il qu'il arrive en retard ? Pourquoi sont-ils sans ticket ? Tout ça n'a pas de sens. Qui a fourni l'argent ? Que sont-ils allés faire à l'aéroport de Roissy ? Sont-ils allés prendre quelqu'un qui n'est pas arrivé ? On ne saura jamais tout ça. Pourquoi ces cibles ? Pourquoi Abdeslam va-t-il dans le 18e arrondissement ? Donc il y a toujours un doute sur la véracité et sur la sincérité de ses propos. Est-ce qu'il a réellement renoncé à se faire exploser ? Ou est-ce que c'est une défaillance technique, comme l'a encore démontré l'expert ? Pour moi, c'est une question à laquelle nous n'avons pas vraiment la réponse", déplore le président de l’association 13onze15 Fraternité-Vérité.

A voir, le reportage d'Aude Blachet et Louise Simmondet, sur la journée d'audience du 30 mars.

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Le silence d'Abdeslam, le 30 mars 2022. ©F3PIDF
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