Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'ouvre mercredi devant la cour d'assises spéciale de Paris. Plus grande audience criminelle jamais organisée en France, ce procès "hors norme" se tient au Palais de justice sur l'île de la Cité et a nécessité 2 ans de préparation.
"C’est un procès d’une dimension absolument unique dans l’histoire judiciaire française" : Jean-Michel Hayat, Premier Président de la Cour d’appel de Paris ne mâche pas ses mots.
Un procès historique
Six ans après le drame, le procès des attentats du 13 Novembre 2015 qui débute mercredi prochain devant la cour d'assises spéciale de Paris est historique et "inédit", selon Jean-Michel Hayat. Il doit durer près de neuf mois et va juger les auteurs des attaques terroristes les plus meurtrières jamais commises en France. 130 personnes ont perdu la vie, au Stade de France à Saint-Denis, sur les terrasses parisiennes des Xe et XIe arrondissements et ainsi qu'au Bataclan.
C'est un énorme défi pour l'institution judiciaire
"C’est un défi majeur. Il y a une très forte attente au niveau national et international. La justice doit être au plus haut niveau d’exigence dans l’ensemble des critères : accueil du public, des victimes, qualité et exercice libre des droits de la défense", affirme le magistrat. Sans parler de la sécurité.
Dans ce procès, rien n’a été laissé au hasard. Son organisation a nécessité 2 ans de travail. Car en effet, tout y est "hors norme" : 130 victimes, 400 blessés à Paris et au Stade de France en Seine-Saint-Denis, près de 9 mois d’audiences, 1800 parties civiles constituées à ce jour, 330 avocats et 20 accusés sans oublier les centaines de journalistes. Une "répétition" a même été faite vendredi 3 septembre à 5 jours de l'ouverture des débats.
Jean-Michel Hayat revient sur ces deux années de préparation : "L’enjeu était de taille car on savait dès le départ qu’il y aurait un grand nombre de parties civiles qui souhaiterait assister au procès et c’est bien légitime et un très grand nombre d’avocats donc il fallait une salle d’une dimension exceptionnelle."
Et de poursuivre, "très vite, les parties civiles et leurs associations ont fait savoir qu’elles privilégiaient un lieu de justice et non un palais des Congrès ou une salle de conférence. Très rapidement, il est apparu que c’était possible de construire une salle d’audience de dimension exceptionnelle dans le Palais de justice historique sur l'île de la Cité".
Une nouvelle salle d'audience
Une salle d’audience de 45 mètres de long, 15 mètres de large a été spécialement construite dans les bâtiments historiques. Un espace de près de 700 m² au cœur du Palais doté de 550 places. Les travaux ont commencé en janvier 2020 se sont achevés au mois de juin. Leur coût : 7,5 millions d’euros.
Cinq magistrats professionnels siègeront et vont diriger les débats. Ils devront juger 20 personnes dont 11 présentes dans le box des accusés. L'accusation sera portée par trois avocats généraux, des représentants du parquet national antiterroriste.
Une quinzaine de salles d'audience annexes sont destinées à accueillir toutes les parties civiles qui souhaitent suivre le procès et qui ne pourront pas toutes accéder à la salle d'audience. Elles pourront le suivre en direct sur des écrans car 10 caméras vont capter ces 9 mois de débat.
L'objectif est que toutes les parties civiles puissent suivre les débats
Les images des débats seront versées aux archives audiovisuelles de la justice. Tout comme celles captées lors du procès des attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.
Une web radio pour les parties civiles
Première dans l'histoire judiciaire, une web radio a été créée à l’attention des victimes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas se déplacer.
"Les parties civiles qui le demanderont obtiendront du greffe un code d'authentification, ils se connecteront sur internet, et sur leur écran ils auront en léger différé de 30 minutes la retransmission radio des débats", détaille le Premier Président de la cour d'Appel de Paris. Sur l'écran apparaîtra en bandeau le nom et la qualité de la personne qui dépose à la barre. Un numéro d'assistance psychologique s'y affichera aussi. "Lorsqu'une déposition est un peu trop remuante, il y aura la possibilité d'obtenir tout de suite un soutien par une ligne téléphonique dédiée en lien avec un psychologue", ajoute Jean-Michel Hayat.
"L’autorité judiciaire doit relever le défi, c’est un défi majeur. Je sais que la justice est attendue au tournant et j’ose espérer qu’avec les efforts énormes déployés, la justice sera au rendez-vous de l’Histoire", conclut-il.