Pour alerter sur la situation sanitaire du collège-lycée Jules-Ferry, des professeurs ont décidé de débrayer à l'heure du déjeuner. "Les agents qui assurent l'accueil, la plonge et le nettoyage des locaux, sont habituellement dix, actuellement ils sont seulement trois", explique un professeur.
Dans cet établissement de 1500 élèves qui accueille des collégiens, des lycéens mais aussi des classes préparatoires, sept agents territoriaux sur dix sont en arrêt maladie et toujours pas remplacés. Conséquence, la cantine est fermée depuis près de deux semaines.
Justine mère d'un élève de 5e au collège Jules-Ferry, ne comprend pas que la situation dans cet établissement du IXe arrondissement à Paris ne soit toujours pas débloquée. Depuis le 17 septembre les élèves du collège et du lycée ne peuvent pas manger à la cantine explique-t-elle. "Mon fils a la chance que l'on habite près du collège mais pour certains enfants, c'est plus compliqué". "Ils ont le choix entre s'acheter un sandwich à l'extérieur ou apporter leur repas mais du coup il mange froid et avec la baisse de température. Ça ne va pouvoir continuer longtemps".
La cantine ne fonctionne pas mais c'est aussi l'entretien des locaux qui pose problème. "Dans les classes, il y a des papiers par terre, les poubelles ne sont pas vidées", poursuit cette mère d'élève. "Dans cette période où le respect des gestes barrière est essentiel, je ne comprends pas que le rectorat ne réagisse pas, et que les professeurs soient obligés de débrayer pour que les choses avancent".
Parents et professeurs mobilisés
Dans une lettre envoyée aux parents, les professeurs de Jules-Ferry expliquent leur décision de ne plus assurer leur cours entre 11h20 et 12h20. Pour eux : " Le service de restauration est fermé depuis jeudi 17 septembre dernier, et jusqu'à nouvel ordre, les salles et les couloirs ne sont plus nettoyés, désinfectés et aérés avant l'arrivée des élèves. Le personnel d'accueil manque également. Le protocole sanitaire ne peut pas être assuré, cette situation n'est pas tenable", écrivent-ils.Pour Mélanie Gaudon, responsable de la FCPE au sein de l'établissement, la situation "n'est malheureusement pas nouvelle"."En trois ans, six postes ont été supprimés. Neuf agents font le travail de quinze. Pourtant le nombre d'élèves ni les 10 000m² n'ont changés", s’étonne cette mère d’élève. Si la cantine n'est pas assurée alors que 900 élèves sont demi-pensionnaires, c'est aussi la sécurité des enfants qui n'est pas assurée, insiste-t-elle. "En cette période de Covid-19 y a des risques sanitaire mais aussi des risques d'intrusion de personnes étrangères à l'établissement".
En Ile-de-France, trois lycées sont dans le même cas, la région annonce avoir mobilisé 2 millions d’euros
A la région Île-de-France, on explique que la situation est en passe d'être réglée. La Région rappelle que l'instance régionale a voté jeudi dernier la création "d’un fonds d’urgence ressources humaines pour les 465 lycées franciliens doté de 2 millions d’euros". "Ce fonds permettra aux établissements d’avoir recours à l’intérim pour pallier rapidement les absences des personnels, notamment en contexte Covid-19. C'est à dire pour recruter vite sur des périodes souvent courtes, liées par exemple à l’isolement des cas contacts, comme les règles sanitaires l’imposent dans tous les secteurs d’activité aujourd’hui, précise-t-elle."Ce déblocage de fonds, on en a attendu parler", explique Mélanie Gaudon, "mais pour l'instant on n'a rien vu venir". "Personne n'est au courant des modalités de mise en place, ni combien de temps on va devoir attendre pour avoir du personnel qui puisse remplacer les personnes absentes", s'interroge-t-elle.