De nombreux secteurs parisiens étaient interdits aux manifestations ce samedi 12 septembre, dont l'emblématique avenue des Champs-Élysées. Deux manifestations de gilets jaunes étaient autorisées. Quelques affrontements entre manifestants et la police ont eu lieu.
Rentrée difficile pour les gilets jaunes. Ils étaient quelques milliers mobilisés ce samedi dans les deux cortèges autorisés par la préfecture de police de Paris. Le premier de la place de la Bourse jusqu’à la porte de Champerret, le second au départ de la place Wagram pour rejoindre la place Saint Pierre (XVIIIe).
Sur Facebook, plus de 2 000 personnes avaient indiqué qu'elles entendaient participer au rassemblement sur les Champs-Élysées, et plus de 7 000 se disaient intéressées. Des chiffres en baisse comparé aux précédents rassemblements.
"Le mouvement est mort, je le dis clairement", a regretté Michael, un gilet jaune parisien de 43 ans. Mais on est là car on n'a rien à perdre. C'est un peu un baroud d'honneur".
Un autre manifestant insistait sur France 3 Paris-Ile-de-France sur les revendications du mouvement. "Les gilets jaunes, c'est un tempo de la rue. C'est trans-parti, cela concerne tout-un-chacun. Est-ce que vous êtes d'accord pour continuer comme cela ? Moi je ne suis pas d'accord. Il est absolument nécessaire que les conditions sociales de tout-un-chacun soient relevées. Pour cela, il faut une vraie démocratie".
Le mouvement des gilets jaunes est né il y a presque deux ans, le 17 novembre 2018. Un mouvement aux revendications protéiformes qui avait rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues à l'époque. Caractérisé par un antiélitisme et une lutte pour davantage de justice fiscale et sociale, le mouvement cherche un second souffle. Les ronds-points et l'avenue des Champs-Élysées étaient devenus les symboles des rassemblements.
Beaucoup de monde à Paris #GiletsJaunes #paris #12septembre pic.twitter.com/hgAAiUK5Jw
— davidchami75100 (@davidchami75100) September 12, 2020
Des affrontements avec la police
Quelques dégâts matériels ont été causés lors de ces manifestations. Sur plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux, on peut voir deux voitures de luxe incendiées ou saccagées. Par ailleurs, des poubelles ont été incendiées et du mobilier urbain renversé.Place Wagram, dans le XVIIe arrondissement, a été le lieu de quelques affrontements avec la police. Les forces de l'ordre s'attendaient à environ 5 000 manifestants dont 1 000 potentiellement violents. La mobilisation a été plus faible que prévue.
À 15h45, ils avaient procédé à 222 interpellations et 35 verbalisations notamment pour port de "tournevis, piolet, pince coupante, couteaux", a indiqué la préfecture de police de Paris.
Une voiture en feu au départ de la manifestation. #12septembre #GiletsJaunes pic.twitter.com/7qwL3Jzpxa
— Remy Buisine (@RemyBuisine) September 12, 2020
L'humoriste Jean-Marie Bigard conspué
Dans la matinée, l'humoriste Jean-Marie Bigard a tenté de rejoindre l'un des deux mouvements, mais il a dû être exfiltré par ses gardes du corps sous les huées des manifestants. "Pendant un moment, les gens ont cru que je les lâchais ce qui est faux, c'est tout", a-t-il expliqué à la presse.Ce soutien médiatique des gilets jaunes s'est désolidarisé cette semaine de l'une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues, qui avait assimilé les policiers à "une bande de nazis".
Suite à ces propos, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lui a répondu sur Twitter et dénoncé des propos "ignobles". "Au nom du ministère, et pour défendre l’honneur de tous les policiers, je dépose plainte."
Toujours sur le même réseau social, la figure des gilets jaunes lui a rétorqué : "vous irez aussi porter plainte face aux insultes qu’ils me lancent ! chez vous la justice ne marche que dans un sens et je le répète vous m’avez mutilé vous m’avez insulté et jamais je ferais silence !"
Jean-Marie Bigard pris à partie par des manifestants doit quitter la manifestation. Exfiltration en cours. #12septembre #GiletsJaunes pic.twitter.com/yHyWsifrfx
— Remy Buisine (@RemyBuisine) September 12, 2020
Les Champs-Élysées sous haute surveillance
L'un des objectifs affiché par la préfecture de police était d'empêcher les manifestants d'accéder aux Champs-Élysées. "Il ne peut pas y avoir de destructions, de chaos sur les Champs-Élysées. […] Une vitrine pour notre pays", avait prévenu le préfet de police Didier Lallement lors d'un point presse ce matin.Deux manifestations y ont d'ailleurs été interdites et un important dispositif policier a été déployé. De nombreux commerçants ont par ailleurs barricadé leurs vitrines.
À cette occasion, Didier Lallement a confirmé l'assistance, dès ce samedi, d'un "superviseur" pour chaque porteur de LBD afin d'aider "à la maîtrise et au bon usage" de cette arme, et le retrait des anciennes grenades à main de désencerclement (GMD) remplacées par un nouveau modèle, réputé moins dangereux, conformément aux annonces du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin vendredi.