Réforme d' Affelnet : le bilan est positif selon le rectorat de Paris

Des établissements plus proches géographiquement, plus de mixité scolaire et sociale. Le rectorat de Paris s'est félicité aujourd'hui des résultats de la réforme d'Affelnet, la procédure d'affectation en lycée, menée au printemps dernier. Deux lycées d'excellence parisiens, Henri 4 et Louis le Grand vont être progressivement intégrés à la plateforme numérique.

Au printemps dernier la réforme d'Affelnet a fait couler beaucoup d’encre. Grogne des parents d'élèves des quartiers de l’est et du nord de la capitale mais aussi des quartiers les plus aisés. Inquiétude des futurs lycéens et colère de certaines fédérations locales de parents d’élèves. Un an après la réforme d’Affelnet, le rectorat de Paris tire un premier bilan et s’est félicité des objectifs atteints.

"Les premiers résultats sont satisfaisants de notre point de vue puisque les critères de transparence et d’équité ont progressé dans l’académie de Paris. Ce que l’on constate, c’est qu’il y a plus de mixité sociale et scolaire dans la plupart des établissements parisiens", a souligné Christophe Kerrero, recteur de l'Académie de Paris, au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue ce matin à la Sorbonne. 

La réforme d'Affelnet

Affelnet a été mis en place il y a une dizaine d’années en 2008. Notes, statut de boursier, lieu du collège donnaient un certain nombre de points et une affectation dans un établissement de son district. Jusqu'à l'an dernier, la capitale était divisée en quatre grands secteurs géographiques et les futurs lycéens avaient le choix entre une dizaine d'établissements d'enseignement général et technologique.

Depuis la réforme de la procédure, les affectations se font toujours selon un nombre de points attribués mais en fonction de trois nouveaux critères : la localisation du collège d'origine en priorité, les résultats scolaires et l'Indice de positionnement social (IPS) du collège qui remplace la prise en compte du cursus scolaire en REP ou REP Plus.

Pour avoir un maximum de points et être prioritaires, les élèves doivent choisir un établissement dans un secteur. Le secteur 1 : cinq lycées dans un rayon de 25 minutes de leur ancien collège, apportant le maximum de points et dans lequel le futur lycéen sera prioritaire. Le secteur 2 : lycées dans rayon entre 25 et 40 minutes apportant un peu moins de points. Le secteur 3 : lycées dans tout Paris. Un choix qui ne rapporte que peu de points.

Proximité géographique des lycées

Selon le rectorat, le taux de satisfaction sur les vœux 1, 2 et 3 est en forte augmentation (+4 points), alors qu’il avait baissé de 10 points depuis 2016. Il atteint plus de 90% dans la moitié des collèges parisiens.

92,5% des élèves sont affectés à moins de 25 minutes de leur collège de secteur communique également l'académie. 

Ghislaine Morvan Dubois, présidente de la FCPE Paris confirme de son côté que "beaucoup moins de parents ont fait appel à nous cette année que l’année précédente avant la réforme. Il y avait beaucoup de non affectés avant la réforme et cela est déjà un premier indicateur." 

Mixité scolaire et sociale

Autre objectifs de cette réforme, favoriser la mixité sociale et scolaire en mettant fin à la ségrégation entre bons et mauvais établissements et lissant le niveau des lycées parisiens.

Pour le rectorat de Paris, la ségrégation sociale entre les lycées est en recul de 30 % par rapport à 2020. Un nombre plus important de boursiers est scolarisé dans des établissements favorisés. Au lycée Sophie Germain, dans le Marais, le taux de boursiers s'élève désormais à 29,50 % contre 24 % en 2020. A contrario, le taux de boursiers au lycée Henri Bergson dans le 19e arr. est passé de 60 % à 39,9 %. 

"À ce stade, on observe que la réforme est plutôt un succès. On a une diminution d’un tiers de la ségrégation sociale et d'un tiers de la ségrégation scolaire dans les lycées publics parisiens qui se rapprochent de la moyenne nationale", assure Julien Grenet, Professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris et directeur de recherche au CRNS qui a mené la réforme.

Mais il nuance : "il faut admettre que tous les lycées n’ont pas contribué de la même manière à la progression de la mixité sociale et scolaire et dans certains arrondissements notamment les 16e ou 5e, les progrès de mixité ont été moindres. Je pense que ces lycées-là ne sont pas suffisamment ouverts sur les arrondissements un peu périphériques qui permettraient de diversifier le recrutement social et scolaire. C’est l'un des enjeux des années à venir", soutient-il.

Le recteur de Paris affirme également qu'un certain nombre d'ajustements seront faits notamment en ce qui concerne des lycées comme Chaptal ou Condorcet dans les 8e et 17e arrondissements de la capitale, établissements très demandés.

Des propos confirmés par Ghislaine Morvan Dubois de la FCPE. "Il y a quand même eu des problèmes d’accès à certains lycées, comme Condorcet, Sophie Germain ou Charlemagne, trop demandés par des collégiens. Les collèges venants de zones défavorisées ont été prioritaires et les collégiens qui étaient du quartier et qui avait un nombre de points maximum n’ont pas pu y accéder", déclare-t-elle. 

Henri 4 et Louis le Grand intégrés à Affelnet

Jusqu'à maintenant, ces deux lycées d'excellence du 5e arr., Henri 4 et Louis le Grand recrutaient sur dossier dans toute la France. Ils vont progressivement être rattachés à Affelnet.

"L’enjeu pour ces établissements de grand prestige, qu’il s’agit de conserver, est qu'il y ait plus de mixité sociale. Les modalités sont encore en cours de réflexion notamment sur le taux de boursiers. Il faut que les familles sachent quels sont les critères sur lesquels on retient la candidature de leurs enfants. La transparence est essentielle dans une démocratie moderne. On réfléchit précisément avec les équipes des deux lycées sur ce qu’il faut faire pour élargir le recrutement mais il ne s’agit pas de faire baisser le niveau de ces deux établissements", assure Christophe Kerrero, le recteur de Paris.

"L'idée c'est de faire évoluer le recrutement mais d'y aller par étapes, afin que ça puisse à la fois être acceptable par la communauté éducative et par les parents", a ajouté Claire Mazeron, directrice académique des services de l'éducation nationale (Dasen) de Paris chargée des lycées.

Une bonne nouvelle pour la FCPE Paris. "Jusqu’à présent, les élèves rentraient dans ces lycées d’excellence en présentant un dossier et personne ne connaissait les critères de sélection. Certains collèges étaient sur représentés et avaient un accès privilégié. Quand on n'était pas dans un collège de "cordée", cela pouvait être très compliqué pour y accéder", soutient Ghislaine Morvan Dubois, la présidente de de la FCPE Paris. Elle ajoute, "cela ne fera pas plaisir à tout le monde, mais l'idée est d'être plus équitable."

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