Retards importants de livraison, croisières compromises : les opérateurs fluviaux dénoncent les conséquences pour leur secteur, des restrictions de navigation le 7 et 8 décembre lors de l'inauguration de la cathédrale.
"J'ai déjà perdu 15 000 à 20 000 euros lors des Jeux olympiques. Avec cette nouvelle interdiction, ça commence à faire beaucoup pour les transporteurs."
À bord de son bateau de près de 1 200 tonnes, le Bornéo qui file vers Vernon en Normandie, Andy Fouquier, marinier, transporteur de marchandises, fulmine. "Pour les Jeux olympiques, les restrictions de navigation sur la Seine ont été préparées très à l'avance avec une réelle concertation mais là, à une semaine de l'inauguration de Notre-Dame, on ne savait pas encore à quel saint se vouer ?"
Les 7 et 8 décembre, à l'occasion des cérémonies de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la préfecture de police de la capitale avertit que "la navigation fluviale sera interrompue à compter de 15 heures pour le bras sud du fleuve et à partir de 17 heures et pour le bras nord jusqu’à 0 heure le samedi. Elle sera interrompue de 7 heures à 14 heures le dimanche".
Pour sécuriser une vaste zone autour de la cathédrale, un périmètre antiterroriste dit SILT est institué. Il englobe toute l'île de la Cité et une grande partie des quais rive gauche du pont de la Tournelle jusqu'au pont Neuf.
Chiffres d'affaires en mauvaise passe
Andy Fouquier, par ailleurs délégué du bassin de la Seine aux Entreprises Fluviales de France, fait le calcul : "Il y a selon les jours, une trentaine de bateaux de transports sur la Seine et un bateau, c'est à peu près 1 500 euros de chiffre d’affaires."
E2F, Entreprises Fluviales de France qui représente la filière des opérateurs spécialisés dans le fret mais aussi dans le tourisme fluvial regrette l’absence de concertation avec les pouvoirs publics et par conséquent l'impossibilité pour la profession de proposer "un schéma alternatif garantissant à la préfecture des conditions de gestion des risques adaptées à l’importance de l’événement et qui auraient permis le maintien de la navigation".
Avec ces restrictions de navigation, le 7 et 8 décembre, "c'est toute la chaîne d'exécution dans le transport qui est décalé de deux jours à trois jours", déplore Andy Fouquier. "Quand on est transporteur, on prend des engagements, un mois ou deux mois à l'avance. On a une date de chargement et de déchargement. On a le parcours, le délai et tout est négocié dans un contrat avec un client et là, tout va être décalé", souligne-t-il.
Dans un communiqué, E2F fait part également du préjudice subi par le secteur de la navigation touristique à Paris. "Plus de 100 croisières compromises", un préjudice estimé entre un et deux millions d’euros de recettes perdues, selon l'organisation. "Même au plus fort des restrictions de naviguer pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, il ne nous est pas arrivé de devoir annuler un tel nombre de croisières", insiste E2F.