Des membres de la FCPE et du collectif Jamais sans Toit se sont rassemblés ce midi, devant le rectorat de Paris, pour faire entendre leur voix. Ils demandent à l'Education nationale, de faciliter l'ouverture des écoles aux élèves sans-abri et de faire pression sur l'Etat pour remédier au manque d'hébergement d'urgence dans la capitale.
Ce mercredi midi, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le rectorat de Paris. Près de la porte de Pantin dans le 19ème arrondissement, professeurs des écoles et parents d'élèves, soutenus par des élus, sont venus dénoncer l'insupportable : parmi leurs élèves, les camarades de classe de leurs enfants, certains dorment dans la rue. Ils brandissent banderoles et mégaphone pour accuser une situation inadmissible dans la ville qui accueille les Jeux olympiques dans 6 mois.
"L'école est leur seul point d'ancrage"
Quelques jours après la convocation d'une enseignante devant le rectorat de Toulouse (Haute-Garonne) pour avoir autorisé des familles sans-abri à dormir au sein de son école, des collectifs parisiens s'insurgent. Il y a des chiffres, 700 enfants sans-abri à Paris selon l'Unicef, mais il y a surtout des faits. Dans des écoles maternelles et élémentaires parisiennes, des enseignants ont face à eux des élèves qui ont du mal à suivre en classe, qui s'endorment sur leur bureau. A l'école élémentaire des Pyrénées dans le 20ème arrondissement, le collectif Jamais sans toit a réussi à maintenir en hébergement d'urgence la famille d'un élève menacée d'expulsion. "Depuis le mois de janvier, on appelle le 115 tous les jours pour aider une famille avec deux enfants scolarisés", déplore une représentante des parents d'élèves et membre du collectif.
Pour les enfants vivant au sein de familles précaires, "l'école est leur seul point d'ancrage" affirme Aubépine Dahan, élue à la FCPE de Paris-Centre. Elle considère que "l'Education nationale devrait prendre ce problème à bras le corps". En attendant la solidarité s'organise. Les cantines nourrissent tous les enfants et les parents négocient avec les centres de loisirs pour qu'ils puissent rester au chaud le mercredi après-midi.
D'anciens lycées professionnels réhabilités en centre d'hébergement d'urgence
Le 15 décembre 2023, un collectif Jamais sans Toit s'est installé dans le 15ème arrondissement. C'est la première fois que ce quartier de Paris fait face à une telle situation. Dix enfants sans domicile fixe y sont scolarisés. Une cagnotte en ligne a été ouverte pour soutenir ces familles dans le besoin. Des actions sont organisées par les enseignants, avec l'aide d'associations comme Mikado, pour leur fournir des vêtements, des repas chauds, des duvets. "Une action a permis de payer un pass Navigo", précise l'un des membres du collectif, "on propose même de laver leur linge dans les machines de l'école."
Le but des collectifs est d'enraciner ces enfants dans leur quartier de scolarisation, pour qu'ils retrouvent une forme de stabilité. Et cette stabilité, ils ne peuvent la trouver qu'avec un toit sur la tête. Fatoumata Koné, élue écologiste au Conseil de Paris, déplore une situation qui s'est fortement dégradée depuis quelques années, mais félicite de récentes initiatives : "Des lycées professionnels fermés ont été transformés en centre d'hébergement d'urgence." Celui inauguré le 22 décembre dernier dans l'ancien lycée Valadon, dans le 18ème arrondissement, est géré par l'association Emmaus.
"100 000 logements vacants dans Paris pourraient être récupérés"
Nicolas Alexandre, professeur des écoles et représentant du personnel FSU-SNUipp, l'assène, "Il faut alerter les pouvoirs publics". Selon lui, "le rectorat est totalement concerné, car l'école est le premier endroit dans lequel les familles en situation précaire trouvent de la solidarité." Sans logement, les enfants ne peuvent pas travailler en classe correctement. Leur sommeil est perturbé, leur concentration difficile.
Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris en charge du Logement dans le 20ème arrondissement, et Jean-Noël Aqua, en charge de l'Education, sont présents pour soutenir ce mouvement de revendication. Les deux élus communistes l'affirment, "l'offre de logement s'est écroulée en Île-de-France." Selon Jacques Baudrier, "100 000 logements vacants dans Paris pourraient être récupérés.".Il demande à l'état "un droit de réquisition, et un déplafonnement de taxes pour pousser des propriétaires à louer leur logement". Jean-Noël Aqua, quant à lui, réclame "une modification de la loi immigration et un accueil inconditionnel de tous les enfants à l'école".
A l'appel des élus de gauche, un rassemblement est prévu ce jeudi 25 janvier 2024 devant la préfecture d'Île-de-France pour demander l'hébergement d'enfants qui dorment à la rue.
Rendez-vous demain à 17h devant la préfecture de région (5 rue Leblanc, 15e) pour demander l'hébergement d'enfants à la rue scolarisés dans le 15e, et de leurs familles.
— Groupe Paris en Commun 15e - élu.e.s de Gauche (@groupePEC15e) January 24, 2024
Quelques heures avant la Nuit de la Solidarité, faisons entendre la voix de la fraternité dans le 15e ! https://t.co/YjijHZcuxH
Ce jeudi se tiendra également une nouvelle édition de la Nuit de la Solidarité. Cette opération décomptera le nombre de personnes sans-abri dans une trentaine de communes du Grand Paris.