En 10 ans, le RER A a significativement augmenté sa fiabilité. Désormais, les équipes de la SNCF et de la RATP, qui exploitent chacun une partie de la ligne, travaillent dans une même salle.
Devant un panneau de 18 mètres de long, qui présente tous les détails de la ligne, chaque opérateur a une tâche bien précise. Puis, aux deux extrémités de la salle, deux box abritent des équipes de la RATP à droite, et de la SNCF à gauche.
C'est une petite révolution : les deux entreprises ferroviaires travaillent en commun dans ce centre flambant neuf qui a coûté 60 millions d'euros. "Pour nous, l'avantage majeur est d'avoir une cohésion d'ensemble sur la gestion d'exploitation. Car un voyageur qui prend un train, qu'il soit en zone RATP ou SNCF, il faut qu'il ne voit aucune différence. C'est l'objectif et c'est ce qu'il se passe aujourd'hui", indique Philippe Lopez, directeur de la ligne A.
Le RER A revient de loin. Il y a 10 ans, la ligne était considérée comme l'homme malade du réseau. Ponctualité sous les 82% (contre 93% en 2023), incidents à répétition, la ligne la plus empruntée d'Europe avait des progrès à faire.
Interconnexion à Nanterre-Préfecture
Et l'une des critiques récurrentes visait le partage de la ligne entre la RATP et la SNCF avec un changement de conducteur à Nanterre-Préfecture.
"Les deux opérateurs ont réussi à unifier tellement le fonctionnement de la ligne qu'il n'existe plus de réclamations sur la suppression du changement du conducteur", affirme Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et de l'autorité des transports, Île-de-France Mobilités (IDFM).
Jean-Castex, PDG de la RATP, s'est lui aussi félicité de cette bonne entente avec "ses amis de la SNCF" : "Les performances du RER A sont très satisfaisantes. On a eu une année 2023 un petit peu moins bonne (colis abandonnés, malaises voyageurs, suicides). Mais on a un début d'année 2024 qui est meilleur, puisqu'on est on est à un peu plus de 95% de réalisation de l'offre, dernier chiffre connu au mois de mars de cette année."
Projet d'un nouveau centre pour le RER B et D
Nis, l'une des personnes qui gère le compte X du RER A, a un calme à toute épreuve, et une autre vision de la ligne. Car chaque jour, outre des demandes de renseignements d'âmes en peine, il reçoit les remarques et insultes de voyageurs à la recherche d'un défouloir. "Il faut avoir beaucoup, beaucoup de recul", explique-t-il.
Il peut recevoir jusqu'à 1000 messages par jour et s'efforce d'y répondre, en tout cas à ceux qu'il estime pertinents.
Ce nouveau CCU (Centre de Commandement Unique) lui permet d'être en contact avec toutes les équipes. "L'enjeu principal, c'est de tenir le moins possible nos voyageurs en otage, de leur donner l'information la plus précise et le plus rapidement possible. On sait que ce n'est pas toujours évident", abonde Laurence Quantin, responsable informations voyageurs et communication de la ligne A - RATP.
Désormais, l'enjeu est de construire un autre centre pour le RER B, qui affiche des résultats bien moins élogieux. La ligne est aussi cogérée entre la RATP et la SNCF et, dans Paris, partage un tunnel avec le RER D. L'ambition d'IDFM est de construire ce dispositif d'ici à 2030.
D'ici là, les usagers les plus attentifs pourront se consoler en écoutant des messages plus personnalisés en cas d'incident : "On travaille à faire évoluer ces termes que l'on emploie depuis longtemps pour que ce soit plus compréhensible pour nos clients et surtout, qu'ils n'aient pas l'impression qu'on leur raconte des histoires", avance Laurence Quentin.