Se baigner dans la Seine pour les JO de Paris 2024 : les résultats "alarmants" d’une ONG

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Quelques mois avant le lancement des épreuves, une étude de l’association Surfrider Foundation pointe du doigt la mauvaise qualité de l’eau de la Seine, après une longue campagne de prélèvements. De leur côté, la préfecture de région et la mairie de Paris tentent de rassurer.

"Les résultats sont alarmants", écrit la Surfrider Foundation dans une lettre ouverte. Alors qu’"il ne reste désormais qu’une centaine de jours avant l’ouverture des Jeux" de Paris, l’ONG "faire part aux parties prenantes de ses inquiétudes croissantes quant à la qualité de la Seine mais également des risques encourus par les athlètes à évoluer dans une eau contaminée".

Une nouvelle étude de l’association, consultée par France Inter, affirme que la Seine - où doivent se tenir les épreuves de triathlon et de natation en eau libre - n'est toujours pas adaptée à la baignade. "13 des 14 prélèvements, réalisés depuis septembre au niveau du pont Alexandre-III et du pont de l'Alma, démontrent la mauvaise qualité de l’eau de la Seine", explique Lucie Segalas, cheffe de projet sport et environnement à la Surfrider Foundation. Les résultats révèlent ainsi la présence de plusieurs bactéries comme l'Escherichia coli à des niveaux qui dépassent les normes de la Fédération internationale de natation. 

"On n’observe pas de pic de pollution bactériologique, mais une constance. Cette pollution peut entraîner des risques sanitaires pour les athlètes et pour les futurs usagers, le plan baignade prévoyant l’ouverture de trois zones au public à l’horizon 2025. On parle de gastro-entérite et de conjonctivite, mais aussi de pathologies plus inquiétantes avec des infections du type staphylocoque doré", détaille Lucie Segalas.

L’ONG, qui pointe "le manque de visibilité sur les actions menées pour arriver à une qualité de l’eau suffisante", appelle à "envisager un plan B" avec un lieu alternatif pour accueillir les épreuves et pas seulement la possibilité d’un report de quelques jours.

"Ces chiffres n’ont pas de sens"

Interviewé par franceinfo ce lundi, Marc Guillaume, le préfet de la région Île-de-France, n’a pas caché son agacement face aux conclusions de l’étude. En charge du dossier, le haut fonctionnaire souligne que les travaux sont en cours et que les usines de traitement des eaux en amont de Paris sont aujourd'hui à l’arrêt. "Les indications de cette ONG montrent sa très mauvaise connaissance du dossier", critique-t-il.

"Ces chiffres n’ont pas de sens", assure Marc Guillaume. Alors que les épisodes de forte pluie risquent de faire saturer les égouts avec des rejets d'eaux usées dans la Seine, un nouveau bassin d’assainissement près de la gare d'Austerlitz doit permettre la rétention des eaux de pluie. "Ça n’a pas de sens de faire des prélèvements actuellement et comparer à ce que ça sera cet été". Il y a eu "beaucoup de pluie" depuis le début d’année, et "quand il pleut la qualité de l’eau est dégradée", rappelle le haut fonctionnaire. Et d’affirmer : "Nous n'aurons pas ce volume de pluie cet été."

"Ce n’est pas une étude", juge Marc Guillaume, qui assure que "tout sera en fonctionnement pour les JO". A noter également que d’ici les Jeux, toutes les péniches doivent être raccordées au réseau d'assainissement - une vingtaine de péniches sur les 250 à quai doivent encore mener des travaux. 

"On s'intéresse depuis 20 ans à la question de la qualité des eaux de baignade, avec des laboratoires citoyens, des études au long cours avec nos propres données, et une vraie expertise sur ces sujets. On est pour la baignade en ville, dans des espaces très bétonnés comme Paris. Et on est conscient que les parties prenantes mettent en place des actions. Mais ce sont des actions curatives. On appelle à d’autres opérations, notamment une désimperméabilisation des sols en amont pour que la terre puisse absorber l’eau", répond Lucie Segalas, qui indique que l’ONG souhaite continuer ses prélèvements "en toute transparence".

"Je ne suis pas du tout inquiet"

Du côté de la mairie de Paris, Pierre Rabadan, l’adjoint en charge du sport et des JO, tente de rassurer. "Je ne suis pas du tout inquiet", déclare-t-il ce lundi sur franceinfo. "Il n'y a rien de nouveau. La qualité de la Seine continue de s'améliorer progressivement, en été comme en hiver", explique l’élu, qui souligne comme le préfet de région que les relevés de l’association correspondent "à une donnée hivernale", à une période où les usines de désinfection ne sont pas en activité.

Pierre Rabadan assure par ailleurs que le bassin d'assainissement près de la gare d'Austerlitz jouera son rôle en cas de fortes pluies. "D'autres ouvrages sont prévus dans le 93 et dans le 94", indique-t-il.

"On a un pouvoir de régulation qui est beaucoup plus important, ce que nous n'avions pas aujourd'hui pour retarder les déversements qui dégradent la qualité de l'eau de la Seine", souligne l’adjoint, qui affirme que "nous serons au rendez-vous de cet été 2024 et de la baignade en héritage après".

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