"Show must go old !" : à Paris, un premier défilé de mode où la beauté n’a plus d’âge

Un défilé intergénérationnel mêle seniors et étudiants dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris ce jeudi 27 octobre. A l’initiative de l’association caritative Petits Frères des Pauvres, cette action vise à lutter contre l’âgisme et l’isolement des personnes âgées.

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J-1 avant le défilé, et la Cité Voltaire dans le 11e arrondissement de Paris prend des airs de ruche. Ici, salariés de l’association, seniors et étudiants sont réunis pour les derniers préparatifs, à la veille du premier défilé intergénérationnel.

Du côté des Petits Frères des Pauvres, c’est l’effervescence pour que les essayages et les répétitions se passent au mieux. Du côté des seniors et des étudiants, deux salles, deux ambiances, partagées entre stress et excitation.

"J’ai le sentiment d’être invisible"

Noëlle a 65 ans et se sent un peu étourdie par toute cette agitation, elle qui s’est habituée au silence de la solitude. Elle vient tout juste de terminer son premier essayage. Et elle est conquise. "Ça me plaît bien ! De toute façon, je les avais prévenus que j’allais mettre le bazar si ce n’était pas comme je le voulais !", s’amuse celle qu’on appelle ici, "la mère Noëlle".

Mais si l’Iséroise a accepté de se prêter au jeu du défilé, et se dit prête à "lever la gambette", elle n’en reste pas moins anxieuse à l’idée d’affronter le regard du public. Car au quotidien, Noëlle, atteinte d’un cancer, avoue se sentir seule : "J’ai le sentiment d’être invisible. J’ai envie de rentrer dans un trou, je me demande vraiment à quoi je sers et pourquoi je suis encore là."

Le défilé a pour but de lutter contre cette "invisibilisation" au quotidien des personnes du 3 âge, rarement mis en lumière. "Avec cet événement militant, nous voulons casser les idées reçues sur la vieillesse pour amorcer un changement de regard de la société sur ces personnes qui ont le sentiment d’être inutiles socialement, et qui, par conséquent, se replient sur elles-mêmes", explique un membre de l’association caritative.  

La beauté sans âge

Mais au-delà de la fracture sociale, c’est également le regard que la société porte sur les corps vieillissants que la fondation souhaite dénoncer. Dans un récent rapport sur la vie affective et sexuelle des personnes âgées, Petits frères des pauvres révélait que, pour 71% d’entre eux, "un corps qui vieillit peut rester désirable". D’autant que dans le milieu de la mode, les personnes âgées ont peu, voire, pas de place.

Cécile Fresnet-Birrer, la chorégraphe en charge de la partie scénique, se réjouit de participer au défilé pour cette raison. Elle raconte : "Je leur répète qu’ils sont beaux, et je le pense. Je leur ai d’ailleurs dit : 'Si vous êtes fiers d’être là, vous allez le transmettre au public.'" 

"Quand le trac monte, les âges s’effacent"

Pour cette première, les vingt-sept seniors venus de toute la France sont accompagnés de treize étudiants en stylisme et modélisme, de l’école LISAA. Encore timides et n’osant trop se parler, ils apprennent finalement à se découvrir sur fond de musique classique, au moment de la première répétition.

 A 20 ans, Nouno Prazeres s’est porté volontaire pour participer au projet. Si la perspective d’une expérience dans le mannequinat l’a d’abord motivé, il s’est rapidement laissé séduire par l’originalité de l’événement. "Ça me fait kiffer de défiler avec des personnes qui ne sont pas de la même génération. Jeudi soir,  je vais danser avec Raymonde, au début on était un peu gênés, parce qu’il n’y a pas vraiment eu de présentation, mais c’est vite passé !", explique le jeune homme.

Malgré le stress et la crainte de rater quelques pas de danse pour certains, Cécile Fresnet-Birrer se dit très satisfaite de ce premier essai : "C’est pour moi une véritable leçon d’humilité que de voir ces seniors s’impliquer autant, alors qu’ils n’ont pour la plupart jamais dansé, et que certains sont même invalides." Au bout de quelques minutes, la chorégraphe s’amuse d’ailleurs de ne plus faire la différence entre jeunes… et moins jeunes. "Quand le trac monte, les âges s’effacent. Ils sont tous dans le même panier, et ça casse la barrière générationnelle."

Une seconde vie pour les vêtements

A l’étage du dessus, la deuxième partie du groupe s’attèle aux essayages. Et les tenues aussi ont une histoire puisqu’elles ont été confectionnées par des étudiants de LISAA, à partir de dons récoltés par les Petits Frères des Pauvres. Après un premier passage en cabine, l’ambiance est au beau fixe, malgré quelques couacs. 

Un groupe de Sétoises taquine d’ailleurs l’une de leur amie qui n’est pas parvenue à rentrer dans son chemisier. "Tu mettras les seins dans le dos !", lance l’une d’elles dans un éclat de rire général. A quelques heures du défilé, l’octogénaire Jeanne Lapeyre ne semble pas perturbée pour un sou par les quatre cents personnes annoncées dans le public ce jeudi soir. "Je me fais à toutes les situations", explique-t-elle

Une gaieté de bon augure pour le défilé organisé à 19 heures dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris, également diffusé en live sur Facebook.  Avec un seul mot d’ordre pour tous : "Show must go old".

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