Depuis un mois, place Fréhel dans le XXe arrondissement de Paris, les "Soupes de Belleville" offrent chaque jour entre 200 et 300 potages ou repas chauds sans oublier le thé, le café et les croissants. Une initiative solidaire pour aider les plus démunis portée par tout un quartier.
Au menu aujourd'hui : soupe de lentilles et chorizo ou potage de légumes et vermicelles. Place Fréhel en plein de cœur de Belleville, c’est un peu comme une trouée de couleurs, de chaleur et de bienveillance dans la grisaille du mois de décembre. Des habitants du quartier se relaient quotidiennement de 12 heures à 18 heures pour préparer, cuisiner et offrir un repas chaud à ceux qui en ont besoin. Ceux qui vivent dans la rue, ceux qui ont du mal à joindre les 2 bouts ou tout simplement, ceux qui cherchent un moment de partage.
Le don et le partage, un des 12 principes des Soupes de Belleville
L’idée a germé dans la tête de Pilote le Hot, le créateur du Grandpoetryslam, le festival de slam et poésie qui anime chaque printemps les soirées de Belleville. "Ma vision de poète était de faire un marché de Noël gratuit ouvert à tous et de distribuer des repas chauds et nourrissants à toutes celles et tous ceux qui galèrent tout en proposant de participer aux plus favorisés d'entre nous", explique-t-il. "Une économie basée sur le partage et le don, un des 12 principes édictés par les Soupes de Belleville", poursuit-il, avant de mettre fin à l’interview par un grand "Ah ! voilà le livreur de Nems !" Dans ces 12 règles d’or, on retrouve des mots comme bienveillance, équilibre, inclusivité et respect.
Dans la vie sans covid, son café Culture Rapide s’étend sur la place Fréhel. Il a donc mis à disposition ses infrastructures pour y monter une cuisine protégée des intempéries. Les soupes sont gérées avec l’association du jardin partagé de la place. "On accueille les gens, le plus grand nombre possible, à la rue mais pas seulement", ajoute Pilote le Hot.
P. finit son potage. Il est étudiant. Il est venu en voisin. "Je ne suis pas à la rue mais c'est vrai que je ne mange pas équilibré, jamais de légumes". D'autres ont du mal à joindre les 2 bouts. Certains n'ont pas de toit. Ici, ils y trouvent de quoi se nourrir, chaleur et réconfort.
"L’union fait la soupe" : un quartier mobilisé
Comme Sandra, habitante du quartier, ils sont une cinquantaine de bénévoles à avoir été séduits par cette initiative : "Impossible de ne pas suivre Pilote. C’est tellement logique d’utiliser la place Fréhel pour y installer une cuisine. Collectivement on a mis nos idées dans la soupière et on est arrivé à s’organiser pour faire et offrir les soupes. Car l’idée n’est pas de vendre mais de donner. Les gens du quartier sont à terre", témoigne-t-elle.
Sandra s’est improvisée community manager ! Elle anime le site facebook, a mis en ligne une cagnotte pour faire les courses. Elle a également concocté quelques recettes de soupes ! Ici chaque bénévole donne ce qu’il peut. De son temps pour découper les légumes ou servir du café, de son savoir-faire culinaire et de son énergie.
A deux pas de là, le magasin Biocoop de la rue de Belleville apporte ses invendus comme nous l’explique Gabriel, Responsable fruits et légumes : "cela fait quelques semaines que nous apportons des légumes que l’on ne peut pas vendre. Des feuilles de choux, des bouts de poireaux. C’est dans l’esprit du magasin. Cela donne un peu de sens au travail", sourit-il.
Les restaurateurs du quartier livrent également des plats. Ahmed lui, est passé en coup de vent déposer 160 plats préparés bénévolement par une association de chefs cuisiniers professionnels. "Des gens ont la dalle dans la rue, alors si je peux aider, si je peux me rendre utile... ", dit-il.
Pour Sandra "dans le quartier, il y a une évidence à agir. On le fait naturellement. Vendre non, mais donner oui. L’économie du don, cela fait du bien. On y trouve notre compte aussi" ! avoue-t-elle.
Côté finances : dons et bénévolats
Pas simple de financer 2 à 300 soupes par jour. "On a dégagé du budget de l’association Slam productions, la mairie du 20e a donné 2000 euros, et puis il y a les dons des gens ou des commerces du quartier, et la cagnotte sur le site", détaille Pilote le Hot qui a également participé de sa poche. Il aimerait pérenniser l’activité. Une envie partagée par Sandra : "les invités viennent et il n’est pas question d’arrêter. Cela demande beaucoup d’énergie et de monde. Sans doute devrons nous trouver une autre formule. On cherche des bénévoles pour prendre le relais pour aller jusqu’à Noël et peut-être au-delà", conclut-elle.
Il est possible de faire un don à la cagnotte en ligne en allant sur le site des Soupes de Belleville,