Le projet d'agriculture urbaine des Fermiers Généreux, mis en place en 2020 sous le viaduc de la ligne 2 du métro, a été détruit après deux ans d'activité. La conséquence symptomatique d'un espace difficile à exploiter, en proie à toutes les difficultés du quartier.
Rasé au bulldozer. Le projet végétal Les Fermiers Généreux s'en est allé mercredi 21 décembre, moins de deux ans après avoir vu le jour sous les rails du métro aérien de la Chapelle (Paris 18e). L'appel à projet intitulé "Cultivons la Promenade Barbès-Chapelle-Stalingrad", lancé par la mairie de Paris en 2019, avait été remporté par l'association Vergers urbains, qui développe depuis dix ans des espaces d'agriculture urbaine pour les collectivités et les bailleurs sociaux.
Le projet était donc d'implanter une "pépinière" dans cet endroit particulièrement "contraint", explique Sébastien, bénévole au sein de l'association. "L'enjeu était d'apprendre à cultiver en abordant des questions de biodiversité et d'alimentation". Un défi ambitieux, "osé", admet-il sans peine, "mais qui se menait".
Un espace difficile, qui "n'aime pas le vide"
Mais les choses se sont dégradées en 2022. Avec les évacuations de différents campements de migrants à proximité, et des fumeurs de crack du square Forceval (Paris 19e), ce lieu est redevenu un abri de fortune ne permettant plus au projet de continuer. "On savait que ce serait compliqué sur ce boulevard", commente Sébastien, "mais on regrette qu'aucune solution ni aucun suivi n'ait été apporté par l'Etat, on attendait que ces personnes soit hébergées pour reprendre notre activité", explique cet urbaniste de formation.
Côté Mairie du 18e, on reformule les choses. "D'une part, ce n'était pas une pépinière, mais un jardin partagé, il faut redescendre, surtout qu'il ne suscitait pas de réel engouement", tance Aline Weber, directrice adjointe du cabinet du maire. "D'autre part, l'endroit est dur, difficile à réguler, d'autant que la Mairie ne gère ni la question des migrants, ni celle des toxicomanes".
Plusieurs scénarios seraient cependant à l'étude pour remplacer le projet des Vergers urbains. La mairie espère trouver rapidement une alternative car "cet espace n'aime pas le vide". Tout le kilomètre et demi de boulevards sous le viaduc est de surcroît à repenser. "Un travail d'éclairage est à faire", concède Aline Weber. "Mais il faut surtout que le problème de fond soit réglé dans ces quartiers", insiste-t-elle. "Pour la dignité de tous : des riverains, des toxicos et des migrants". Chez les Vergers urbains, on affirme vouloir continuer à être force de proposition, peut être plus à cet endroit cependant, du moins "pas sans l'assurance d'un accompagnement social".