TEMOIGNAGE. Aline Tracol, 75 ans, participera à la Silver Pride lors de la Marche des Fiertés

Ce samedi aura lieu la Marche des Fiertés à Paris. À cette occasion, la première édition de la Silver Pride est organisée le long du parcours pour les seniors. Pour Aline Tracol, dont la première marche remonte à 1987, c'est une façon de créer une passerelle entre les générations.

À 75 ans, Aline Tracol participe une nouvelle fois ce samedi à la Marche des Fiertés parisienne. Le cortège qui s'élancera de la place de la Nation à 14 heures pour rejoindre la place de la République, elle le suivra bien. Mais c'est dans un appartement que la septuagénaire assistera au défilé. Du haut d'un balcon, elle pourra voir le défilé des Fiertés. En effet pour cette édition, elle participe à la première Silver Pride, un dispositif pour aider les seniors qui ne peuvent pas marcher ou souffrent de la chaleur, à assister au défilé. 

"Lutter contre l'isolement"

Tout au long du cortège, des hébergements seront donc proposés pour les seniors qui souhaitent assister ou participer au défilé. Cette idée est à l'initiative de l'hôtelier Misterb&b et l'association les Audacieuses & les Audacieux.

Dans un souci d'inclusion, cette Silver Pride permettra aux séniors de participer à la Marche des Fiertés "qui leur est devenue inaccessible" selon les organisateurs. "C'est une manière de lutter contre l'isolement des séniors dans la communauté LGBTQ+. En France, la majorité de ces personnes vivent seules et sans enfants. Le taux de suicide, dont on parle beaucoup chez les jeunes de la communauté est aussi important chez les séniors", explique Stéphane Sauvé, fondateur des Audacieux & des Audacieuses, association qui œuvre pour l'inclusion des séniors LGBTQ+.

Autre argument pour la Silver Pride : la difficulté que rencontrent certaines personnes âgées à rester debout sous la chaleur dans une foule importante. "Ces derniers ne peuvent se permettre de marcher tout un après-midi sur plusieurs kilomètres au milieu d’une foule compacte, dansant sur de la musique au volume sonore très élevé, tout cela sous des températures estivales", précise le fondateur.

En tant que co-organisateur, l'hôtelier Mister b&b fournit les hébergements sur le parcours. "Nous aurons huit hébergements entre la place de la Nation et République. Chaque participant devra se rendre à une adresse à un horaire précis", explique son co-fondateur, Mathieu Jost.

Pour la plateforme spécialisée dans l'hébergement pour la communauté LGBTQ +, l'objectif est de "permettre à tout le monde de partager ce moment" assure-t-il. Cette année, 80 personnes sont attendues pour participer à cette Silver Pride. À l'avenir, Mathieu Jost espère développer le concept dans plusieurs villes partout dans le monde. Sa plateforme est déjà présente dans plus d'une centaine de pays.               

"L'important a toujours été d'être ensemble"

C'est en 1987 qu'Aline Tracol marche pour la première fois à Paris. "Je n'ai pas participé aux marches des années 1970. Je ne cachais pas mon homosexualité, mais j'étais moins militante que certaines de mes amies", se souvient la présidente de l'association les Audacieuses et les Audacieux. Dans les années 80, elle se souvient de marches aux objectifs bien différents que ceux des luttes actuelles. "À l’époque, on marchait pour exister", évoque-t-elle solennellement.

Dès les premières marches, elle voit une "opportunité d'être tous ensemble. De faire partie d'un tout qui partage des valeurs d'inclusion et de tolérance." Une donnée importante pour cette ancienne cheffe d'équipe dans la restauration.

Au fil des années, "j'ai participé à des Prides à Paris mais également dans d'autres villes de France. D'année en année, de plus en plus de personnes d'horizons différents se joignent à nous. Cela élargit notre compréhension de différentes questions comme la transidentité aujourd'hui. À travers la Silver Pride, elle considère que l'hommage à sa génération permet de créer une passerelle entre son époque et la jeunesse LGBTQ+

"Il faut rester vigilants"

Pour elle, cette marche est encore essentielle car "les avancées sociales sont toujours fragiles et il ne faut pas prendre les choses pour acquis. Il faut marcher pour continuer à faire entendre notre voix ". Concernant les avancées en termes de droits pour les personnes LGBTQ+ elle considère que " l'on a obtenu de belles choses comme le mariage pour tous mais la montée des populismes un peu partout dans le monde montre que rien n'est jamais pérenne si on ne lutte pas pour le garder ". Pour l'avenir, elle espère voir plus de séniors dans et autour du cortège de la marche. "C'est important qu'il y ait des têtes grises", ironise-t-elle. "Cela permet d'ouvrir des débats entre les générations."

 

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