Certains payaient jusqu'à 900 euros pour 20m² parfois sans fenêtre. Un homme accusé d'être un marchand de sommeil comparaît depuis hier devant le tribunal de Bobigny.
Derrière les murs décrépis d'un immeuble de Saint-Denis, se cache l'enfer qu'ont connu 70 personnes dont 25 enfants. Elles ont vécu dans un logement insalubre pendant des mois voire des années, parfois à quatre dans 9m² sans fenêtre, sans douche ou avec des installations électriques dangereuses.
Le procès du bailleur s'est ouvert ce matin devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Il est poursuivi pour avoir loué ces logements considérés comme indignes.
Une vingtaine d'anciens locataires se sont portés partie civile. Sans-papiers syriens, adultes handicapés, personnes sous tutelle, ils partagent tous un point commun: une très grande précarité. "Le bailleur a profité de la vulnérabilité des personnes [...] qui voulaient loger dans ces logements pour leur faire payer un loyer très important, plus de 700 euros par mois" explique Ludovic de Villèle, avocat d'une partie civile. Le bailleur a ainsi perçu jusqu'à 15 000 euros de loyers par mois.
La mairie de Saint-Denis s'est elle aussi portée partie civile pour atteinte à l'image de la commune :
"La lutte contre l'habitat indigne est une priorité pour la ville de Saint-Denis. Le travail des services de la municipalité pour permettre à chacun de bénéficier d'un logement décent est salutaire pour de nombreuses personnes victimes de bailleurs indélicats"
Mairie de Saint-Denis
Hier matin, l'avocat du bailleur a mis en avant plusieurs détails du dossier comme des incohérences de dates. Selon lui, cela devrait amener à la nullité de la procédure. Il n'a pas voulu répondre à nos questions. Le bailleur encourt une peine de 5 ans de prison et 150 000 euros d'amende.