Alors que l'agence nationale de renouvellement urbain fête ses 20 ans, un collectif a manifesté hier à Pantin devant le siège de l'organisme. Selon eux, l'ANRU n'est pas assez à l'écoute des habitants des quartiers.
Abderrezach Laboudi a rénové tout son logement social à la sueur de son front. Ce père de famille ne comprend pas pourquoi son immeuble doit être détruit. Son bâtiment est en bon état, pour lui, il n'est pas question de partir : "Je n'ai pas envie de le quitter parce qu'on s'entend bien avec tous les voisins, mes enfants sont nés ici, ils sont habitués". Sa fille, Aida, renchérit : "J'ai passé toute ma vie ici donc je n'ai pas envie de changer de maison".
Dans cette tour de Pantin, une vingtaine d'appartements sont concernés. En Seine-Saint-Denis, 10 000 logements sociaux doivent être détruits dans le cadre de la politique de rénovation urbaine et 164 000 dans toute la France.
Trop de démolitions, pas assez de rénovations
Face à cette décision, un collectif réclame un moratoire immédiat et l'arrêt des démolitions pour privilégier la réhabilitation des bâtiments. Selon les manifestants, les raisons qui poussent à la destruction ne sont pas toujours légitimes : "Il y a des démolitions qui sont faites parce que certains maires considèrent qu'il y a trop de logements sociaux sur leur ville. [...] L'intérêt de ceux qui démolissent, ce n'est pas l'intérêt des locataires, c'est plutôt l'intérêt des promoteurs", selon Marc Ruer, président de la Confédération nationale du Logement 93.
Suite à cette mobilisation devant ses portes, l'ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine) a reçu le collectif pour les écouter et expliquer sa politique. "La plupart des logements qu'on finance en démolition sont des logements obsolètes et qui ne peuvent être maintenus. C'est quand même la très grande majorité des cas. Parfois, il y a des logements qui sont financés en démolition pour des raisons de dysfonctionnement urbain", justifie Anne-Claire Mialot, directrice de l'ANRU.
L'ANRU promet plus de concertations avec les habitants. Abderrezach compte bien, lui, se battre jusqu'au bout pour conserver son logement social.